Les regards des Bretons sur la Galice (1966-2016)*.

(Publié en  galicien sous le titre «As olladas dos bretóns sobre Galicia (1966-2016)», en: Ramón Villares, Jean-François Botrel, Christine Rivalan-Guégo, Galicia-Bretaña. Olladas comparadas, Santiago de Compostela, Consello da Cultura Galega, 2020, pp. 15-36.




«Non-os coñocemos e somos irmáns de certo?. Celtas todos […] Nin os bretóns nos coñecen nin nós a iles. Isto é ben triste” (Castelao a Risco 26-VII-1929[1]); "Ni les Bretons ne nous connaissent ni nous ne les connaissons. Cela est bien triste» (Castelao à Risco en 1929[2]).




Une regrettable méconnaissance. Malgré Pontus, Lancelot et la force de l’imaginaire arthurien, malgré l’évêque de Bretonia (Mailocus Britonensis ecclesiæ episcopus[3]) et la présence de Saint-Jacques[4] et de la littérature jacquaire comme dans la gwerz de Dom Jean Derrian[5]ou, plus terre à terre ­—si l’on peut dire—, le commerce maritime des «marchandises de Bretagne», mais aussi les mots parfois vifs échangés dans le golfe de Gascogne entre «cousins» ­—les pêcheurs de Galice et ceux de Lorient ou Concarneau—, la Galice a longtemps été mal connue en Bretagne.

En 1904, Ch. Le Goffic ne mentionne pas la Galice dans son essai sur «le mouvement panceltique[6]», et, en 1929, parmi les bardes contactés par les «celtas do Sul», tenants de la «Galicia céltiga» et porteurs de la «esperanza celta», seul Philéas Lebesgue (druide Ab Gwenc’lan) semble avoir une certaine connaissance de la Galice, comme le suggère son poème «Vigo»; car ce qu’en dit Taldir, dans An Oaled en 1929, est pour le moins approximatif[7].

Cette regrettable méconnaissance mutuelle, encore constatée par le journaliste d’Ouest-France, Joseph Fontaine, qui découvre la Galice en 1966[8], a commencé à régresser en Bretagne, au début des années 1960. A partir de deux axes d’approche principaux: celui de la recherche des ressemblances et celui du développement économique.


«La Galice, cette Bretagne espagnole». Reconnaissons qu’à cette époque, l’image de l’Espagne en France et en Bretagne est plutôt celle de Carmen que deMaría Castaña ou María Balteira[9]. Et la représentation de la Galice pour les Bretons (et peut-être pour les autres) se fait à partir de sa ressemblance avec la Bretagne. C’est le cas dans le premier article grand public sur la Galice paru les 30 et 31 août 1966 dans Ouest-France,sous le titre «La Galice, cette Bretagne espagnole», où le journaliste Joseph Fontaine qui tient une grande partie de son information d’Álvaro Cunqueiro rencontré à Vigo, voit en Galice, qui est de la «famille celte», des paysages bretons, un petit côté de «terre de légende», un peu archaïque, mais aussi une province anciennement affectée par l’émigration, de plus en plus concernée par le développement industriel, avec, par exemple, l’usine Citroën de Vigo, et qui occupe une position aussi atlantique que la Bretagne: «que l’une et l’autre, entre lesquelles il n’y a pas de Pyrénées, viennent à trouver les moyens de développer leurs échanges, qui ne le souhaite?», conclut-il. C’est sans doute la première fois que le regard des Bretons se trouve ainsi attiré vers la Galice, avant que tous les Français qui ne savaient pas tous que Franco et Fraga Iribarne étaient galiciens, n’apprennent, en juin 1970, que le général De Gaulle a séjourné à titre privé dans le parador de Cambados[10] et été fait Caballero del Capítulo Serenísimo del Vino Albariño.

Il faut attendre 1985, avec, sous l’égide de l’Institut Culturel de Bretagne, la publication par le Comité Bretagne Galice, réactivé en 1980, du guide La Galice[11], préfacé par Gerardo Fernández Albor, pour qu’une idée plus complète de la Galice soit offerte aux Bretons, sans trop d’insistance sur les «parallèles[12]». Pourtant à cette époque la Galice est toujours plutôt vue à travers le prisme breton, sous le biais de la ressemblance[13], et c’est encore le cas aujourd’hui, comme en témoigne la présentation qui en est faite sur la page officielle du Festival Interceltique de Lorient (FIL): “Ondulée et verte, la Galice n’est pas sans rappeler la Bretagne, plus particulièrement dans sa zone côtière dont les rias (entre pêche, aquaculture et tourisme) évoquent ses abers et avens. La langue celtique s’est perdue sous l’occupation romaine mais a laissé des traces dans certains noms de lieux (…), une Galice, isolée dans le « Finistère » espagnol, et sur le web, on peut lire: «La Galice: un air de Bretagne au nord-ouest de l’Espagne».

Les racines celtes partagées ne sont, en effet, pas oubliées: la Galice est «un pays celtique au cœur de l’Espagne», fait partie des «Terres celtes», quelque chose d’évident déjà dans les années 1960, même si ces affinités celtes, souvent affirmées et mises en avant, ont eu quelques difficultés à être prises en compte par les chercheurs, notamment les historiensqui ne distinguent guère la Galice dans l’ensemble hispanique ou atlantico-celtique: dans les histoires générales ou dictionnaires de la Bretagne la Galice est loin d’être prise en compte au même titre que l’Irlande ou le Pays de Galles et même dans l’Histoire de Bretagne et des pays celtes publiée au début des années 1980 par Coop Breizh, qui traite aussi de l’ile de Man, la Galice ne figure qu’incidemment, dans le dernier tome. L’assise scientifique de la celtitude galicienne, ce sera pour plus tard et plutôt du côté galicien[14].

Dans l’immédiat prévaut la celte attitude qui est annoncée, dès 1954, par la participation de groupes folkloriques galiciens au Festival des cornemuses de Brest, puis par celle de groupes bretons à des manifestations celtiques en Galice, au début des années 1960[15]. Elle trouve son expression majeure et la plus durable et visible dans la présence de groupes galiciens à Quimper puis Lorient, avant que des relations ne soient officiellement établies, et surtout que n’arrive Carlos Nuñez qui donne une autre dimension au phénomène et que, en 2016, Pan de capazo ou Bolboreta ne se produisent à Lorient[16].

Quant au mouvement breton (Emsav), dans sa version néo-nationaliste, moderne et rajeuni, il ne semble pas avoir éprouvé un intérêt particulier pour le courant nationaliste galicien[17], même si des liens avec l’Unión do Pobo Galego ont existé[18]. C’est davantage le statut d’autonomie de la Galice (1981) qui a sans doute servi de référence ou de modèle dans la revendication d’une plus grande autonomie.

En revanche, le caractère finistérien de la Galice, de bout du monde (pen ar bed), celui où mène et s’achève le chemin de Saint Jacques, est toujours rappelé, jusqu’à aujourd’hui[19], comme une autre ressemblance, pour se trouver bientôt englobé dans la notion plus géostratégique et européenne de «régions périphériques», d’Arc atlantique ou de «villes atlantiques[20]».

 Sur la ressemblance climatique, qui n’est pas vraiment un argument propice au développement du tourisme chez des européens héliotropes, on ne s’attarde guère: en Galice comme en Bretagne il pleut, mais pas plus.

 Tels sont, pêle-mêle, plus ou moins explicités et perceptibles, les identifiants bretons d’une Galice vue sans doute d’une façon plutôt un peu passéiste, une vision qu’ont pu renforcer certaines des expositions proposées[21] et qui persiste jusqu’à aujourd’hui, en concurrence inégale avec les nouvelles images produites par la recherche ou dans le cadre universitaire

Si j’ai voulu commencer par rappeler ces représentations de la Galice disponibles en Bretagne, c’est qu’il me semble qu’à des degrés divers elles ont déterminé ou, à tout le moins, orienté les courants d’intérêt économique, scientifique ou culturel pour la Galice observables en Bretagne.


Un autre finis terræ européen. Une première illustration nous en est donnée par la création en juillet 1966, sous l’égide du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB), du Comité Bretagne-Galice. Dans la présentation qui, à cette occasion, est faite de la Galice, l’accent est mis sur les «similitudes», qu’il s’agisse de la géographie, de l’économie ou de la population «qui est de même origine ethnique[22]». Mais ce sont clairement les intérêts économiques de la Bretagne qui sont d’abord mis en avant: «Il s’agit, en fait, pour la Bretagne de se placer sur le marché espagnol qui est par mer un des débouchés naturels de notre région et l’Espagne va devenir de plus en plus importatrice de produits que la Bretagne peut lui fournir. Or il existe en Espagne, une région d’origine celtique, la Galice qui peut être considérée comme le trait d’union entre la Bretagne et le reste de l’Espagne», tel est le raisonnement qui est fait dans un document daté du 25 mars 1966[23]. Même si elles apparaissent comme subsidiaires par rapport à la position des deux «provinces» à la périphérie de l’Europe[24], les affinités celtiques entre la Bretagne et la Galice, on le voit, ne sont néanmoins pas oubliées[25]. Du 24 au 31 octobre 1966, une délégation bretonne découvrira la Galice[26] et, en juin 1967, ce sera une délégation galicienne qui parcourra la Bretagne[27]. Ces visites seront suivies d’un voyage d’études en Galice de professionnels bretons de la pêche en mai 1969. Des sources d’informations existent qui permettraient d’aller plus loin dans l’analyse de ce moment-clef.

Au total, cette intense mobilisation, plus évidente du côté breton que du côté espagnol, malgré la création d’un Comité Galicia-Bretaña[28], ne débouchera dans l’immédiat que sur un jumelage entre les villes de Dinan et de Lugo[29] et l’établissement d’une ligne maritime entre Saint-Nazaire et Vigo, essentiellement pour les besoins de Citroën, alors qu’au même moment (en 1973), est créée la Conférence des régions périphériques maritimes, avec son siège à Rennes. On pourra observer que cette démarche a eu quelques effets bénéfiques sur les économies bretonnes et galiciennes.


La Galice, un objet scientifique pour des hispanistes bretons. Alors que le Comité Bretagne Galice est entré en sommeil dès 1970[30], ce sont ensuite des hispanistes bretons qui commencent à considérer la Galice comme un objet digne d’études dans l’ensemble hispanique.

Dans leurs motivations, plus que la connaissance encore assez limitée de la Galice, il y a à la fois la volonté d’affirmer une différence —­leur différence?—, en rompant avec les stéréotypes concernant l’Espagne méditerranéenne pour revendiquer une Espagne atlantique, humide et verte, avec sans doute la quête déjà nostalgique de paysages et d’une ruralité perdus en Bretagne mais conservés en Galice, parfois teintée d’un celtisme diffus, dans un cadre européen où les régions périphériques commencent à donner de la voix et à s’organiser. Un espace atlantique où la Galice et la Bretagne sont perçues comme «des régions maritimes, des régions aussi pendant longtemps peuplées de paysans pauvres et dépendants, des régions enfin périphériques, économiquement marginalisées», comme l’écrit Bernard Le Gonidec qui y a trouvé les fondements d’une «affinité identitaire» et sera le premier à se donner, en 1971, avec son épouse Marie-Yvonne, un ancrage physique en Galice[31].

Cela va donner lieu à au moins trois initiatives: la création du Centre de Recherches sur le Nord-Ouest de la Péninsule ibérique (1977-1983) dit Noroeste, un voyage d’études et une convention avec l’université de Santiago de Compostela.

Dans le projet initial de Centre de recherches, présenté en 1976 par J.-M. Massa et J.-F. Botrel, il était mis en avant “les liens particuliers (géographiques, culturels, maritimes, économiques qui rapprochent la Bretagne et l’extrême-ouest de la Péninsule ibérique (Galice et nord du Portugal) et un passé de recherches réalisées dans ce domaine depuis une dizaine d’années». Le premier programme de recherches devait porter sur «Traditions et mentalités des paysans et des gens de mer: problème d’identité culturelle» et «Le développement économique des régions périphériques». Il sera bientôt abandonné au profit de recherches sur la presse locale en Galice, celle d’Ortigueira, d’abord, puis dans une perspective comparatiste, en Galice et en Bretagne, en liaison avec l’université de Santiago de Compostela, dans le cadre d’une Action intégrée franco-espagnole pour 1981, non aboutie[32]. Peu de publications s’ensuivront[33], mais à l’actif de Noroeste qui a aussi eu le projet d’organiser un enseignement du galicien, on peut mettre deux séminaires: celui organisé le 20 avril 1980, avec Abel Bouhier («Le minifundium galicien: nouvelles approches») et celui de 1982, avec Jean-Marie Lavaud («La Galice dans le théâtre de Valle Inclán»), un projet de revue sous forme de fascicule qui se serait appelée Noroeste plutôt que Galerna ou Finisterrae, et surtout, l’amorce d’un fonds documentaire galicien par acquisition ou dons (comme celui de la Fundación Barrié de la Maza en 1982) et qui, en avril 1980, comprend déjà au moins 90 références (dont La Voz de Galicia auquel un abonnement a été souscrit à partir de juin 1976 et la Gran Enciclopedia Gallega, en cours d’acquisition), qui s’ajoutent aux quelque cent références de la bibliothèque de la «section d’espagnol». C’est à partir de ce noyau que se constituera l’important fonds galicien aujourd’hui abrité par la Bibliothèque universitaire de Rennes 2 et c’est sur lui que, pour partie, s’appuieront de nombreux mémoires de maîtrise dirigés par Bernard Le Gonidec.

Dans la justification du voyage d’études que feront, accompagnées de deux enseignants, 10 étudiantes d’Administration Economique et Sociale (AES) et de Maîtrise de Sciences et Techniques (MST), du 15 au 27 mars 1977, il est mis en avant l’intérêt présenté par une “étude comparative de deux régions périphériques de l’Europe (…) qui ont en commun une polyvalence d’activités (agricoles, maritimes, touristiques et industrielles), un handicap par rapport aux pôles d’activité de l’Europe mais aussi des atouts liés à leur situation sur la façade maritime”[34].

Quant à l’accord de coopération entre Rennes 2 et l’université de Saint-Jacques de Compostelle,signé en 1978, il aura de fécondes conséquences pour la coopération universitaire entre la Bretagne et la Galice et, sans doute, au delà.

On citera les échanges d’étudiants, dès 1980, avec un séjour de six élèves de l’Ecole normale de la Corogne à Rennes et de six étudiants d’espagnol en Galice, puis, à partir de février 1986, à la suite de la visite de Jesús Lago en juin 1985, dans le cadre du dispositif Erasmus; la présence régulière à Rennes de lecteurs choisis par l’université de Santiago de Compostela[35]; celle de professeurs de l’université de Santiago de Compostela invités par Rennes 2[36]; la participation de chercheurs à des congrès et colloques organisés en Galice ou en Bretagne , mais pas toujours à propos de la Galice ou de la Bretagne, à des jurys de thèse, jusqu’à aujourd’hui où existent des co-tutelles avec l’école doctorale de Santiago[37] (campus de Lugo), favorisant ainsi une plus grande mobilité des acteurs avec des séjours réguliers en Galice ou en Bretagne. Sans oublier les deux doctorats Honoris causa décernés par l’université Rennes 2 à des universitaires galiciens: Claudio Rodríguez Fer (2012) et Ramón Villares Paz (2017)[38].

Tout cela a été accompagné d’une importante production scientifique sur la Galice, à Rennes 2, mais aussi dans les autres universités bretonnes. 

A Rennes 2, s’il existait déjà des recherches sur la Galice[39], c’est au début des années 1980 que la production scientifique sur la Galice s’intensifie: de 1981 à 1993, on dénombre au moins 19 mémoires de maîtrise sur la Galice[40]. Il s’agit de mémoires élaborés à partir de la presse galicienne ou sur la presse galicienne elle-même mais aussi sur la question de la langue, de l’émigration, ou du sentiment national, ou encore sur la photographie ou le punk celtique, et, dans une perspective comparatiste, sur la mort et l’au delà dans la tradition bretonne et galicienne, les villas romaines de bord de mer en Galice et en Armorique, Merlín e familia de Cunqueiro, le problème agraire, etc. ou tout simplement «Galicia y Bretaña». Après le départ à la retraite de B. Le Gonidec en 1995, le rythme faiblira (9 mémoires entre 1997 et 2013). Bientôt ce seront quelques thèses qui seront soutenues[41]. Déjà sont organisées des animations autour de la Galice ouvertes au grand public comme en 1987, à la Maison de la Culture de Rennes (le Grand huit), un Carrefour des régions d’Europe, avec la présentation de textes d’écrivains galiciens et, à la Bibliothèque universitaire, une exposition de photographies de la Galice.

 A l’université de Bretagne occidentale (UBO), est organisé, en 1997, un colloque international sur les Celtes et la péninsule ibérique[42]. Cet intérêt pour le celtisme sera prolongé par le colloque de Lorient de 2010 sur le celtisme et l’interceltisme[43], en concurrence déjà avec la notion plus économique ou géo-stratégique d’Arc Atlantique[44], avec des articles sur la Galice dans les deux cas. Cependant, dans sa thèse de 2010 sur l’interceltisme, Erwan Chartier ne traite que très marginalement de la Galice[45].

Quant aux mémoires soutenus à Brest et catalogués à la Bibliothèque universitaire, ils sont apparemment postérieurs à 2000 : ils sont consacrés à Manuel Murguía, à l’hombre-lobo, à Manuel Fraga Iribarne, aux «piedras en Bretaña y Galicia», aux légendes traditionnelles.

A Lorient, l’accord entre l’université de Bretagne Sud et l’université de Vigo signé en 1998 ne semble pas avoir eu pour l’instant d’impact sur les recherches menées.

Quant à Nantes, à l’exception d’un mémoire de 1996 intitulé Comparaison entre sociétés nobiliaires galicienne et bretonne dont l’auteur est Sophie Pascalin, c’est l’intérêt économique que présente la Galice maritime qui prévaut[46], annonciateur de la nouvelle période qui s’ouvre après les départs de Bernard Le Gonidec et Robert Omnès auxquels il est rendu hommage en 2000[47].

 Après cette date, au XXIe siècle, par conséquent, on trouve étudiés à Rennes 2 de nouveaux auteurs, comme Manuel Rivas ou le réalisateur Fernando León de Aranoa, ou encore «Le celtisme dans Nós», un mémoire anonyme et sans date, mais le plus caractéristique de cette nouvelle période est, me semble-t-il, la diversification des secteurs de la connaissance s’intéressant à la Galice[48], et le dépassement du ‘”bilatéralisme” Bretagne/Galice, avec, toujours depuis la Bretagne qui, elle aussi, élargit l’horizon de ses questionnements, la prise en compte, dès 1984[49], de la Galice ou d’un exemple galicien dans le cadre de réflexions internationales comparées, à partir de caractéristiques partagées ou non. Les questionnements portent sur la celtitude (de moins en moins) ou de l’interceltisme, l’inscription dans l’espace (finisterræ, région périphérique, ou terre d’Europe), la question des nationalismes ou du régionalisme en Espagne[50] et des questions de gouvernance[51], mais aussi l’habitat dispersé, le bilinguisme[52], les «terres d’infini», «1491: la Bretagne terre d’Europe»[53], la maison rurale en pays d’habitat dispersé[54], les médias[55], et les questions d’identité(s)[56], dans une perspective comparatiste, donc, mais aussi en soi, lorsque la Galice offre des exemples intéressants aussi bien pour l’intrahistoire de l’émigration[57] que pour la pêche, à Nantes et à l’université de Bretagne occidentale, avec l’Institut universitaire européen de la mer qui entretient aujourd’hui des relations avec des chercheurs galiciens.

Quelques géographes —pas forcément bretons d’ailleurs—, s’étaient déjà avisés des affinités géologiques et climatiques de la Bretagne avec la Galice[58] et dans sa thèse sur l’ardoise en Espagne (1995), Moises Ponce de León Iglesias prêtera une attention particulière aux gisements galiciens.


Le Comité Bretagne Galice (1980-2017). Est-ce à dire que ce qui a été à l’origine en Bretagne du courant d’intérêt pour la Galice n’est plus perceptibleet qu’il n’y a pas de galleguistas en Bretagne[59]? Il faut rendre grâce au Comité Bretagne Galice deuxième époqued’avoir su, en relation avec l’Institut culturel de Bretagne, non seulement maintenir mais développer ce courant d’intérêt, à finalité sans doute moins économique et plus culturelle, contribuant ainsi, longtemps en liaison avec les universités pour lesquelles il est un intermédiaire efficace avec les Bretons, à une meilleure connaissance de la Galice en Bretagne et à la projection internationale de la Bretagne en Galice, notamment à travers les jumelages.

Dès sa renaissance en 1980[60], le Comité Bretagne Galice, sous la présidence de Robert Omnès, professeur d’espagnol à l’UBO, s’est attaché à faire connaître la Galice aux Bretons, avec notamment la publication en 1985 de Galice, et la traduction en 1987 de As cruces de pedra de Castelao[61].

Il a aussi été l’efficace promoteur de jumelages entre des communes bretonnes et galiciennes: plus d’une vingtaine répertoriés, dont la vie est plus ou moins intense[62]. Même Rennes a fini par se jumeler avec Saint-Jacques-de- Compostelle[63]. Le dernier en date de ces jumelages est celui de La Turballe avec Camariñas, en septembre 2017[64].

Mais, de 1980 à aujourd’hui, le Comité Bretagne Galice, qui rassemble toute sorte de compétences et de Bretons de bonne volonté, avec son bulletin aujourd’hui disponible sur le web[65], est aussi un précieux producteur et relais d’informations à propos de la Galice et un «passeur» culturel en direction des non hispanistes et de la société bretonne.

 L’histoire déjà longue du Comité Bretagne Galice mériterait d’être faite[66].


Le Centre d’Etudes Galiciennes (1994-2010). Dans cette déjà longue histoire des relations entre la Bretagne et la Galice, au milieu des années 1990, la politique culturelle promue par la Xunta à l’extérieur de la Galice, trouve en Bretagne —logiquement, étant donné l’intérêt manifesté par celle-ci— une de ses concrétisations avec la création en 1994-95, par convention avec l’université Rennes 2, d’un des 41 centres (en 2006) d’études galiciennes, doté d’un des 29 lecteurs-boursiers choisis et rémunérés par la même Xunta[67], d’un directeur choisi par l’université[68], et d’un budget de fonctionnement: une avancée mais aussi un changement, dû à la dimension institutionnelle que prend ce Centre—on parle alors d’ambassade et d’ambassadeurs de la Galice— et, on le verra, une sorte de diarchie qui pourra être source de conflits au moment d’interpréter les missions dudit Centre.

A l’actif du Centre d’études galiciennes de Rennes qui a fonctionné jusqu’en 2010, on peut mettre:

-l’initiation à la langue galicienne qui entre 2001 et 2005 concernait entre 25 et 15 étudiants inscrits pour la plupart dans un cursus d’espagnol ou étudiants Erasmus galiciens, des chiffres modestes, certes, mais il faut rappeler que cet enseignement a pu, grâce à des outils pédagogiques appropriés et le relais du Comité Bretagne Galice et des comités de jumelage, concerner un public plus large.

-des initiatives visant à faire connaître la Galice dans ses dimensions historiques et actuelles: des journées d’étude galiciennes[69] ou des rencontres avec des écrivains galiciens[70], des expositions[71], des conférences[72], des projections de films dans le cadre de trois Séminaires de cinéma galicien, des animations[73] et un rôle d’intermédiaireet d’impulsion de projets[74]:

-la publication à partir de 2001 de Cahiers galiciens. Cadernos galegos. Kaieroù Galizek[75]. Dans les 4 numéros parus, tirés à 200 exemplaires et diffusés auprès des universités possédant un département de galicien et des autres Centros de Estudos Galegos, on trouve de nombreuses collaborations scientifiques, de vulgarisation ou de création dans quatre langues: le galicien, l’espagnol, le français et le breton.

Les trois premiers numéros présentent en effet l’originalité, dans les relations entre la Bretagne et la Galice, d’avoir accueilli un flux ­—modeste, mais bien réel— de traductions du galicien en breton, sans passer par le français ni l’espagnol[76]. Ce même courant peut être alors constaté chez Hor Yeah ou dans la revue Al Liamm qui a même publié un récit «galicien» original en breton[77], à côté bien sûr des traductions du galicien en français, pas forcément en Bretagne d’ailleurs[78].

Le n° 4, Homenaxe a Emilia Pardo Bazán[79] qui est présentée comme un “écrivain d’origine galicienne à l’esprit cosmopolite et profondément attaché à la culture française», déclenchera, dans certains milieux en Galice, une campagne de dénigrement du directeur (on ira jusqu’à lui reprocher d’être originaire de La Rioja!) et d’un Centre d’Etudes Galiciennes coupable d’avoir invité un professeur de l’université de Santiago de Compostela à parler, entre autres choses, de l’adaptation cinématographique de La Regenta (dont l’auteur fait pourtant l’objet d’un article dans la Gran Enciclopedia Gallega) par un certain Fernando Méndez Leite[80].

Reste de cette époque, la constitution, au sein de la Bibliothèque universitaire d’un important fonds documentaire sur la Galice, sur la base des premiers versements effectués en 1990. Grâce aux dons de nombreuses institutions galiciennes sollicitées par le directeur du Centre, par ailleurs vice-président du Comité Bretagne Galice ou aux acquisitions par le Centre entre 2001 et 2006[81], ce fonds comprend aujourd’hui quelque 1600 documents dument répertoriés et conservés et fait de Rennes le centre de ressources documentaires sur la Galice le plus important de France[82], à disposition des lecteurs de Rennes et d’ailleurs.

 Conçu comme une plateforme pour la diffusion de la langue et culture galicienne et accessoirement comme moteur de recherches interdisciplinaires, cette «ambassade culturelle» de la Galice­—le Centre d’études galiciennes— semble avoir été tiraillé entre une conception étroite de la Galice (centrée autour de sa langue, avec un public constitué d’hispanisants ou de galiciens), une sorte d’entre soi élargi néanmoins au département de breton[83], et une conception plus ouverte sur l’extérieur, susceptible de projeter une image plus moderne et dynamique de la Galice.

Quels ont été les effets dans la durée de cette politique culturelle de la Xunta relayée, avec toutes les adaptations nécessaires, par une université bretonne? On observe que la presse bretonne et galicienne s’est faite l’écho de ses activités à de nombreuses reprises. Mais c’est sans doute à la Xunta qu’il appartient d’en faire l’évaluation.

Ce qui est sûr, c’est qu’en dehors du Centre d’études galiciennes, enseignement de la langue mis à part, l’intérêt pour la Galice en tant qu’objet scientifique a continué à se manifester[84]. La Galice peut encore être un objet scientifique en soi[85], mais elle est —on l’a vu— de plus en plus incluse dans des questionnements plus vastes, en raison de ses spécificités: atlantique, périphérique, autonome, etc., dans un but comparatif qui dépasse largement le cadre bilatéral Bretagne/Galice.

 Représentative du premier courant qui s’est aussi exprimé hors de la Bretagne, la recherche menée sur la Gran Enciclopedia Gallega, une recherche successivement dirigée par Philippe Castellano et Christine Rivalan Guégo, deux Bretons. Sans autre lien avec le Centre d’études galiciennes que la participation, à titre personnel, de son directeur Moises Ponce de León Iglesias, cette entreprise a été initiée en 2001 dans le cadre plus global d’une étude sur les encyclopédies territoriales en Espagne[86]. Elle a supposé de longues recherches et d’intenses échanges avec la Galice[87] et a débouché sur un livre publié en 2016[88], une contribution à une meilleure connaissance de la Galice par les Galiciens et par tous les hispanophones.


Aujourd’hui et demain: des regards croisés pour des objets partagés. Il n’y a jamais eu de Pyrénées entre la Galice et la Bretagne, rien que le golfe de Gascogne ou de Biscaye, et, au fil du temps, grâce aux hommes et l’amélioration des communications, mais aussi à l’Europe, la distance physique qui continue de séparer ces deux finis terræ européens, a eu paradoxalement tendance à les rapprocher[89].

La Galice sous presque tous ses aspects est devenu un objet bien identifié, un objet en soi ou par rapport à d’autres, y compris en dehors de la sphère de l’hispanisme d’où il a émergé et, même si on y rencontre toujours un intérêt particulier, la Bretagne n’a heureusement pas le monopole de l’intérêt pour la Galice[90] et l’attention portée à la Galice par la Bretagne ou à la Bretagne par la Galice ne sont pas les seuls regards que la Galice et la Bretagne portent sur l’Europe et le monde.

Reste que, comme l’écrit Ramón Villares[91], «La Bretagne et la Galice peuvent être deux exemples magnifiques de peuples européens, sans perdre leur identité la plus intime» et qu’il s’agit effectivement d’un thème «intéressant à étudier ensemble»: deux finis terræ parmi d’autres, avec des spécificités, des ressemblances et des différences à préserver et à cultiver dans l’ensemble européen qui les englobe.


J.-F. Botrel (Univ. Rennes 2)

 Rennes, 24 octobre 2017.





(Publié en langue galicienne comme «As olladas dos bretóns sobre Galicia (1966-2016)», en: Ramón Villares, Jean-François Botrel, Christine Rivalan-Guégo, Galicia-Bretaña. Olladas comparadas, Santiago de Compostela, Consello da Cultura Galega, 2020, p. 15-36).




* Merci pour leurs informations et/ou observations à Françoise Dubosquet, Bernard Le Gonidec, Pierre Joubin, Moises Ponce de León Iglesias et Christine Rivalan- Guégo.

[1] Apud Novo, Olga, “Castelao no bosque de cruceiros. A viaxe a Bretaña de 1929”, Moenia, n° 16, 2011, pp. 21.

[2] Bévant, Yann, Denis, Gwendal (comp.), Le celtisme et l’interceltisme aujourd’hui. Actes du colloque de Lorient des 11 et 12 octobre 2010, Rennes, TIR, 2012, p. 215.

[3] Cf. Gildas Bernier, Les chrétientés bretonnes continentales depuis les origines jusqu’au IX

siècle (Travaux du Laboratoire d’Anthropologie Préhistorique-protohistoire et Quaternaire Armoricains, Rennes, 1982) et Les églises bretonnes en Galice/As igrexas bretonas en Galicia, Lugo, 1983.

[4] Cf. Jean Roudier Saint Jacques en Bretagne culte et patrimoine (2005), Iconographie de Saint-Jacques (2008), Par terre et par mer les pélerins bretons à Compostelle (2010).

[5] “E han de San Jacque e Galice/Léh mes has Doué en é justis/ Voy a Santiago en Galicia/A donde me manda de Dios la justicia” (cito de una versión recogida en Melrand en 1883). En breton, la voie lactée est dite Hent Sant Jakez et c’est le purgatoire des âmes en transit.

[6] Cf. Ramón Villares, Discours prononcé à l’occasion de la remise du titre de Docteur Honoris causa de l’université Rennes 2, le 7 mars 2017, s. l., s.d., pp. 13-14.

[7] Par exemple lorsqu’il se réfère à la «Galicie», ce «Finistère ibérique, où 3 millions d’habitants, irrédentistes portugais, ne supportent qu’à contre cœur le joug de la Castille! Ils s’appellent eux-mêmes dans le dialecte, O Poblo (sic) Gallego, c’est à dire Ar Pobl Galleg (le Peuple Gallique). La caractéristique de leur race est la saudade disent-ils, c’est-à-dire d’être sauteuse, frondeuse, légère comme il est coutume de représenter les Celtes» (apud Le Celtisme dans Nós, revue galicienne (de 1920 à 1936), s. l., s. d.

[8] «La Bretagne ne dit pas grand chose aux Galiciens rencontrés (la même expérience pourrait être faite en Bretagne par des Galiciens. Donnerait-elle des résultats différents?», écrit J. Fontaine (Ouest-France, 30 août 1966).

[9] Il faudrait, par exemple, analyser l’image données par les manuels pour l’enseignement de l’espagnol de la Galice et, plus généralement, du nord de l’Espagne.

[10] «Charles de Gaulle buscó en Cambados su esencia celta», rappelle El Faro de Vigo, 2012). Cf. Álvaro Fleites Marcos, De Gaulle y el Gaullismo en la prensa y la opinión pública española (1958-1970). Thèse soutenue à l’université d’Oviedo (2008) et De Gaulle y España, Avilés, Azucel, 2009

[11] Le Moing, Louis (dir.), La Galice, Cahiers de l’Institut Culturel de Bretagne, 1985, n° 7 144 p.

[12] La géographie, l’histoire, Saint Jacques, l’émigration, l’organisation en communauté autonome, la littérature, la langue (avec même un petit lexique), les croyances, les arts, le tourisme, la gastronomie, le climat, les mass-médias, les relations Bretagne y sont abordés. J.-F. Botrel figure parmi les auteurs, mais son texte sur l’histoire de la Galice, jugé «très dense et percutant», ne sera finalement pas publié.

[13] Cf., par exemple, Robert Omnès, «La Galice : une Bretagne ibérique», in Etudes sur la Bretagne et les pays celtiques : mélanges offerts à Yves Le Gallo, Brest, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, 1987.

[14] Pour María Lopo, par exemple, «La Galice contemporaine ne saurait s’expliquer sans sa vocation atlantique et sa volonté celtique» («L’imaginaire celtique en Bretagne. Littérature et identité», in: Bévant, Yann, Denis, Gwendal, Le Bihan, Hervé (eds), Cultures, langues et imaginaires de l’Arc atlantique, Rennes, TIR, 2010, p.46.

[15] Cf. dans ce livre Ramón Villares, «Galicia e Bretaña. Relacións e analoxías entre duas nacións culturais”.

[16] Cf. Cabon, Alain, Le Festival interceltique de Lorient, Ouest-France, 2010.

[17] Une délégation de l’Union Démocratique Bretonne, conduite par Ronan Leprohon et dont B. Le Gonidec fera partie, se rendra en Galice, à la fin des années 1970.

[18] Au Centre de Recherches Bretonnes et celtiques sont conservés la «Charte de Brest», document clandestin en faveur de l’autodétermination signé en Bretagne en 1974, et des documents relatifs à l’Unión do Pobo Galego des années 1972-73.

[19] Cf., par exemple, María Lopo, Yvan Boëlle, La Galice : vers Compostelle, Rennes, Ouest-France, 2002, réédité en 2009 sous le titre Galice et Compostelle: l’autre Finistère.

[20] Si la Galice semble toujours en quête d’une reconnaissance en tant que «nation celtique» elle est admise de plein droit dans “l’archipel celtique” au sein de l’Arc atlantique qui ignore l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande. Ce statut de finis terræ est poétiquement illustré par María Lopo, dans la collection «Terre celte» des Editions Apogée, avec Fisterra (1999).

[21] Sans prétention à l’exhaustivité: «Ex votos marins de Bretagne et de Galice» (Douarnenez Carrefour des régions d’Europe, 1987), «Impressions de Galice dans les années 30. Photographies José Suárez», «Artistes des nations celtes» (Lorient, 1980), «Terres d’infini» (Douarnenez, 2011), «Galice. 8 photographes contemporains «(Lorient, 1992.

[22] «La Galice et nous», La Vie Bretonne, n° 65, mai 1966, p. 31.

[23] Archives municipales de Rennes (AMR): 1530W83. Selon le même document, de leur côté les Espagnols considèrent la «Bretagne française» comme «très proche de nous par des liens d’origine commune et nos relations historiques à travers la mer atlantique».

[24] Pour ses initiateurs, il s’agit avant tout d’une opération de rapprochement régional destiné à développer de l’économie de la zone ouest européenne. Dans le programme d’action initial, sont envisagés: un ferry entre deux grands ports des deux régions «pour faire passer par la Bretagne une partie du mouvement touristique français et européen se dirigeant vers la Galice et l’ensemble de la péninsule ibérique», des communications aériennes au moins pendant l’été, des lignes maritimes régulières pour le transport des passagers et des marchandises.

[25] Elles sont fréquemment évoquées dans La Vie Bretonne par Joseph Martray ou Morvan Duhamel.

[26] Dans son intervention à Saint-Jacques de Compostelle, René Pléven, président du CELIB, souligne les similitudes entre les deux régions: «techniquement, nous sommes des celtes, géologiquement notre sol est de granit, géographiquement nous nous trouvons au nord-ouest de nos nations respectives» déclare-t-il (La Vie Bretonne, n° 101, janv. 1967, p. 28).

[27] La délégation était composée de 19 membres dont les maires de La Coruña, Lugo, Orense, Pontevedra, Santiago de Compostela et Vigo (cf. La Vie Bretonne, n° 103, juin-juillet 1967, pp. 41-45). En juillet 1969, une délégation galicienne séjournera en Bretagne à l’occasion du Festival interceltique de Quimper et sera reçue à Rennes le 25.

[28] Ce comité sera successivement présidé par un certain Taboada García, président de la région économique du Nord-Ouest, et par Enrique Thomas de Carranza (1918-2005), ancien directeur de Radio Nacional de España.

[29] Ce jumelage signé en 1966, amènera Yvonne Jean-Halfen à faire un séjour à Lugo (cf. «Une artiste bretonne en Galice», La Vie Bretonne, n° 110, p. 65).

[30] En raison, selon son président l’amiral Amman, de la difficulté à établir des jumelages avec des municipalités non démocratiquement élues et du durcissement du régime, avec le procès de Burgos.

[31] Courrier électronique à JFB du 17 décembre 2017.

[32] Cf. «Note sur le programme de recherches conjointes sur la presse locale en Galice et en Bretagne» (Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine (AD35): 101J67)

[33] Cf. Gabriela Iturra de Obregón, «El Escolar de Ortigueira: un periódico infantil de principios del siglo XX», in:Presse et public 1984; «La emigración gallega hacia América en El Escolar», in: Universidade popular Ortigueira, 1989. Avec la création, en 1981, d’un groupe de recherches sur la presse ibérique et latino-américaines à Rennes (PILAR2), ces recherches sur la presse locale se trouveront englobées dans une problématique plus large.

[34] Cf. AD35: 1530W83 et le «Rapport technique …» du 3 mai 1977 (AD35: 101J67).

[35] Comme María Lopo, Rosa Linares, Alfredo Rodríguez, Santiago Díaz Lage, etc. Sur cette période, le texte de Xesús Lago Garabatos (“A un home bo e xeneroso”) publié dans Sánchez, Jean-Pierre (dir.), Galice-Bretagne-Amérique Latine. Mélanges offerts à Bernard Le Gonidec, Rennes, Université de Rennes 2 – Haute Bretagne, 2000, pp. 9-18, contient de précieuses informations.

[36] Citons, par exemple, Xavier Castro, Jesús de Juana, Aurora Artiaga, Alfonso Rey, Antonio Figueroa, Claudio Rodríguez Fer, Gérard Lelièvre Houiseau, Manuel González, Xesús Lago.

[37] Comme celle d’Olga Novo sur El sueño de una Armórica Galaica. Imágenes de la Bretaña en la literatura gallega contemporánea, soutenue en juin 2017.

[38] Cf. C. Rodríguez Fer, Meus amores celtas (2010) et Máis amores celtas et R. Villares, Discours…, op. cit.

[39] Avant 1967, existaient déjà des recherches de Jean Mounier sur les climats océaniques des régions atlantiques de l’Espagne et du Portugal qui déboucheront sur sa thèse de doctortat d’Etat soutenue en 1977 et on a trace de trois mémoires sur les températures en altitude rad’après les radio sondages au dessus de la Corogne (13 p. 1964), sur la poésie gallego- portuguesa et sur la poésie populaire galicienne comparée à celle de Bretagne (1966).

[40] Source: http://services.univ-rennes2.fr/memorable/

[41] Comme celle de Juan José Fernandez sur les Crónicas do sochantre. Présentation, traduction et notes (1986), de Moises Iglesias sur L'ardoise en Espagne : histoire et économie (1995) ou de Loïc Fravalo (Alvaro Cunqueiro ici et ailleurs Parcours littéraire et idéologique d’un auteur galicien, 2000). Dans une démarche inversée, María Lopo soutiendra à l’université Rennes 2, en 2002, une thèse sur Eugène Guiilevic (cf. Guillevic et sa Bretagne, Rennes, PUR, 2004 et Univers Guillevic, Rennes, TIR, 2017).

[42] Cf. Y. Cousquer, J. Helios, R. Omnès (dir.), Les Celtes et la péninsule ibérique: actes du congrès international. Brest 6, 7, 8 nov. 1997, Brest, UBO 1999, 361p.

[43] Bévant,Yann, Denis, Gwendal (comp.), Le celtisme…, op. cit.

[44] Bévant, Yann, Denis, Gwendal, Le Bihan, Hervé (eds), Cultures, langues…, op. cit.

[45] Cf. Erwan Chartier, La construction de l’interceltisme en Bretagne des origines à nos jours: mise en perspective historique et idéologique.

[46] La culture de la moule en Galice, les changements dans la fonction productive des ports de pêches en Galice (1950-1995) et les projets de valorisation des sous-produits du poisson (2014). Par ailleurs, la 13e rencontre de cinéma espagnol de Nantes a été consacrée à «La Galice, finis terræ de l’Espagne».

[47] Cf. Sánchez, Jean-Pierre (dir.), Galice-Bretagne-Amérique Latine. Mélanges offerts à Bernard Le Gonidec, Rennes, Université de Rennes 2 – Haute Bretagne, 2000; Miscellanées de langues et cultures romanes et celtiques en hommage à Robert Omnès, Université de Bretagne occidentale, 2000.

[48] Des mémoires sont, en effet, dirigés en dehors du département d’espagnol par des historiens (D. Rolland, L. Capdvila), des enseignants d’information-communication, de breton (cf. Nicolas Maligner Ar gwinierezh e Bro-C’halisia: besañs ar gwin e barz mouezh ha dindan skrivagnerien zo (Herve Ar Bihan dir.). En dehors de l’université, Helleo ar c’hoariou L’écho des sports et jeux traditionnels en Bretagne, n° 8 décembre 2002, pp. 44-53 a publié une étude de Paco Veiga sur “Les jeux traditionnels de la Galice. Un futur à consolider”, traduite du galicien par Ana Pena.

[49] Cf., dans La typologie de la presse (1986), les « Notas sobre la prensa local gallega en el primer tercio del s. XX» de R. Villares et «Prensa y anarquismo en Galicia» de Dionisio Pereira ou dans Le discours de la presse(1989), «Conflits sociaux dans El Socialista. L’exemple galicien (1886-1906)», de Gérard Brey.

[50] Cf. Tudi Kernalegenn Une approche cognitive du régionalisme : identités régionales, territoires, mouvements sociaux en Bretagne, Ecosse, Galice années 1970. Thèse de sciences politiques. Dir. E. Neveu, 2011.

[51] Cf. Romain Pasquier, La capacité politique des régions: une comparaison France-Espagne. Thèse de sciences politiques soutenue en 2000 à l’université Rennes 1 et publiée aux PUR en 2004.

[52] Le bilinguisme précoce en Bretagne, en pays celtiques et en Europe atlantique. Actes du Colloque international de Plésidy (Côtes-d'Armor) Octobre 1997. Texte réunis par Francis Favereau, Klask, 5.

[53] Cf. Elisa Ferreira, «Bretons et Galiciens : une rencontre à la fin du Moyen Age», in: 1491. La Bretagne, terre d'Europe. Actes du colloque international de Brest, 2-4 octobre 1991. Actes réunis et publiés par Jean Kerhervé et Tanguy Daniel, CRBC / Société archéologique du Finistère, 1992, p. 67-79.

[54] Cf. «L’habitation rurale en Galice de l’époque moderne», in: La maison rurale en pays d’habitat dispersé, Rennes, PUR, 2004, p. 207-215.

[55] Production télévisée et identité culturelle en Bretagne, Galice et Pays de Galles, numéro thématique de Klask n° 6 2000 et Jacques Guyot Margarita Ledo Andión, Production télévisée et identité culturelle en Bretagne, Galice et Pays de Galles, Rennes, PUR 2000

[56] «Au pays de Nunca mais», in: Identités et société de Plougastel à Okinawa, Rennes, PUR 2007, p. 141-160.

[57] Cf., par exemple, les entretiens réalisés par Bernard Le Gonidec avec Servando Blanco, («Habla Servando Blaco «chófer de Pancho Villa. Notas de una entrevista a un emigrante gallego de principios del siglo XX», Cahiers galiciens. Cadernos galegos. Kaieroù Galizek, n° 3 (2004), pp. 99-126) , et la communication faite par lui à Saint-Jacques-de-Compostelle à l’occasion du congrès «Galicia, éxodos y retornos, en juillet 2006.

[58] Comme La structure de la virgation hercynienne de Galice (1968) ou Les régions côtières de la Galice: étude géomorphologique (1966), avant qu’Abel Bouhier ne publie sa grande thèse sur La Galice : essai géographique d'analyse et d'interprétation d'un vieux complexe agraire (La Roche-sur-Yon, Imprimerie yonnaise, 1979).

[59] Il faudrait vérifier si la participation de J.-F. Botrel au IX Congreso da Asociación internacional de Estudos Galegos (17-VII-2009) avec une communication sur «A imaxe dos galegos no exterior» (http://tv.uvigo.es/video/25049) a été précédée par d’autres interventions depuis le début des années 1990.

[60] Cf. le compte rendu de l’AG Extraordinaire du 15 novembre 1980, en présence d’Alexandrino Fernández Barreiro, conseiller à la culture de la Xunta, et de Victorino Rosón Fereirro (cf. AD35: 101J67).

[61] Les croix de pierre en Bretagne : Saint Jacques en Bretagne de Castelao, Alfonso R. (traduction d’Yvon Cousquer), CRBC ; Comité Bretagne-Galice, 1987.

[62] En 2010, en Bretagne, sur 47 jumelages avec l’Espagne, 18 étaient établis avec des communes galiciennes (Dinan-Lugo (1966, relancé en 2011), Lorient-Vigo (1983 et réactivé en 2009; “les racines celtes communes sont à l’origine du jumelage entre ces deux ports” est-il précisé), Pornic/Baiona, baie du Mont Saint-Michel/ Cambados, Tréguier/Mondoñedo (1999), Lannion/Viveiro, Paimpont/Cedeira (1996, réactivé en 2003), Guerlédan/Sarria, Lesneven/As Pontes, Saint Jean Trolimon /Pastoriza-Bretoña, Pont-l’Abbé/Betanzos , Pont-Croix/ Malpica, Quimper/Ourense (2009).

[63] Suggéré dès 1987 (cf. lettre de J.-F. Botrel au maire de Rennes du 5 janvier; AD35: 101J67), le jumelage sera “décidé” en 2004 et effectif le 5 juin 2010, à l’occasion d’une réunion des villes de l’Arc Atlantique à Rennes. Une exposition sur Santiago de Compostela («Santiago Une») sera organisée à l’Office du tourisme de Rennes.

[64] Il faut aussi signaler les échanges entre des lycées, comme ceux récemment instaurés entre le Lycée Charles de Gaulle de Vannes et l’IES de Poio (Pontevedra).

[65] Bulletin du comité Bretagne-Galice Kevredigezh breizh-galiza n° 1 17 juin 2009- n° 47 juillet 2017 (cf. bretagnegalice.blogspot.com/).

[66] Cf. AMR: 1078 W 105 et AD35: 101J67. Depuis 1982, le Comité Bretagne-Galice a été successivement présidé par Robert Omnès (1930-2012), Philippe Le Goff, Philippe Renaud puis Pierre Joubin.

[67] Successivement, Teresa Fandiño (1994-1998), Belén Martín Franco (1998-2002), Manuel Blanco López (2002-2004), Olga Novo 2004-2007 y Déborah González.

[68] Successivement, Françoise Dubosquet (1995-2000), Moises Ponce de León Iglesias (2001-2006) et, de janvier à avril 2007, Christine Rivalan-Guégo.

[69] Comme celles des 7-15 mars 1995 ou les Xornadas galegas de 1997.

[70] Comme Francisco Martín Iglesias (Paco Martín) ou Ramón Chao.

[71] «14 artistas galegos»; «la prensa clandestina en Galicia»; «Día de las letras galegas» (2005); celle comportant 42 panneaux intitulée «Images de la Galice: de la cartographie thématique à la cartographie numérique» a particulièrement circulé.

[72] Sur le mouvement ouvrier par José Gomez Alén (2001), le «desarrollo comarcal en Galicia» par Andrés Precedo Ledo, «Literatura e Xornalismo: novas tecnoloxías» par Xosé Antonio Neira Cruz, sur la question des nationalismes par Justo Beramendi et un cycle de conférences de Xosé Manoël Nuñez Seixas (Ill. 13).

[73] Des lectures poétiques (C. Rodríguez Fer), des participations à des salons du livre (Pluguffan), des soirées galiciennes (comme à Paimpont en novembre 2003), une participation à la Foire exposition de Rennes (2006), etc.

[74] Comme un projet de double diplôme en sciences-économiques (Santiago de Compostela/Rennes 1) ou de musée ethnologique dans la zone de Brués, mais aussi la facilitation de déplacements de chercheurs (Luc Capdevila ou Eric Gloaguen, auteur d’une thèse sur les Apports d’une étude intégrée sur les relations entre granites et minéralisations filoniennes (Au et Sn-W) en contexte tardi orogénique (Chaîne hercynienne. Galice centrale. Espagne), soutenue à l’université d’Orléans.

[75] Une initiative de Belén Martín Franco et Hervé Le Bihan.

[76] Avec des traductions de poèmes de Manuel María qui, en 1973, fit une voyage en Bretagne à la suite duquel il publia «Laio e clamor pola Bretaña» (Lesneven, Hor Yeah, 1996), de C. Rodríguez Fer (Lesneven, Hor Yeah, 2000), d’Olga Novo ou Manuel Antonio (Al Liamm, n° 356 et n° 338, 2003).

[77] Il existe même un récit «galicien» en breton d’ Herve ar Bihan: «San Froilan» (Al Liamm n° 318 (2000), p. 30-34).

[78] En 2003, les éditions Folle avoine ont publié une Anthologie poétique de Rosalía de Castro dans une traduction de José Carlos González.

[79] Avec 14 collaborations: 6 en galicien, une en français et 7 en espagnol.

[80] Cf. Méndez Ferrín, X. L., «Escándalo en Bretaña», Faro de Vigo, 26 de mayo de 2006, p. 35.

[81] En 2006, le chiffre fourni par le conservateur en charge du fonds était de 1466.

[82] A titre de comparaison, le Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques de l’UBO ne propose que 133 références en lien avec la Galice.

[83] Il faudrait voir si la même démarche a été suivie dans d’autres centres d’études galiciennes. Malgré cela la Galice n’a pas reçu de la part de «la Bretagne» les mêmes marques d’attention et d’intérêt que l’Irlande (cf. Irlande et Bretagne. Vingt siècles d’histoire; Rennes, Terre de brume, 1994; Bretagne-Irlande Quelles relations?, Brest, CRBC, 2015.

[84] Voir, par exemple, le séminaire organisé par le Centre de recherches bretonnes et celtiques, à Rennes, le 12 novembre 2004, autour de Sharif Gemie, maître de conférences à l'université de Glamorgan et co-directeur du laboratoire Centre for Border Studies, sur le thème : "La Galice, le Prestige et le mouvement 'Nunca Máis' ".

[85] Il est souvent difficile de distinguer entre recherches qui portent spécifiquement sur la Galice et celles qui illustrent, à propos de thèmes objectivement galiciens (Emilia Pardo Bazán, Valle Inclán, Manuel Rivas, par exemple) une problématique plus générale.

[86] Botrel, Jean-François, "Enciclopedias, identidad y territorios en la España postfranquista", in : Pilar (Presse, Imprimés, Lecture dans l'Aire Romane), Prensa, impresos y territorios en el mundo hispánico contemporáneo, Bordeaux, Univ. Michel de Montaigne-Bordeaux 3, 2002. Quelques articles ont ensuite été consacrés à la Gran Enciclopedia Gallega: Dubosquet, Françoise, «La Gran Enciclopedia Gallega en busca de una identidad gallega», in: Prensa, impresos y territorios. Obras de referencia y espacios regionales en el mundo hispánico contemporáneo, Rennes Université Rennes 2 mai 2003, pp. 45-62; «Toponymie et ethnocentrisme. L’exemple de la Gran Enciclopedia Gallega», in: Martine Schuwer (éd.), Parole et pouvoir. Enjeux politiques et identitaires, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, pp. 179-192. Botrel, J.-F, Castellano, Ph., Mogin-Martin, R., Rivalan Guégo, Ch., «La Gran Enciclopedia Gallega (1972-1991): une entreprise d’affirmation identitaire?», in: Parcours et repères d’une identité régionale: la Galice au XXe siècle, Dijon, Université de Bourgogne/ Hispanística XX, 2006, pp. 191-213.

[87] En particulier, avec l’organisation en mars 2008 d’un séminaire avec Ramón Villares, Basilio Losada et Perfecto Conde Muruais et le groupe de chercheurs des universités de Rennes 2 et d’Angers.

[88] Rivalan Guégo, Christine (dir.), J.-F. Botrel, Ph. Castellano, R. Mogin-Martin, M. Ponce de León Iglesias, Gran Enciclopedia Gallega (1974-1991). La forja de una identidad, Gijón, Trea, 2016.

[89] Comme conséquences de ce courant d’intérêt mutuel, on peut signaler l’établissement en Galice d’étudiants bretons et la présence fréquente en Bretagne de Claudio Rodríguez Fer et María Lopo, ou encore, la publication, en 2019, par les Presses Universitaires de Rennes, de Terre de Galice, un Finistère européen, une traduction en français de la dernière version de la Historia de Galicia de Ramón Villares, et par la Xunta de Galicia d’une anthologie de poètes bretons (Canto e contracanto. Antoloxía de poetas de Bretaña) et d’un Barzhaz Bihan Galiza. Mostra de poesía galega, une anthologie de poèmes en galicien traduits en breton.

[90] Il faut évidemment citer les recherches, à Nice, de Nelly Le Gall-Clemessy, récemment disparue, sur Emilia Pardo Bazán ou celles, à Dijon, d’Eliane et Jean-Marie Lavaud sur Valle-Inclán, de Gérard Brey sur le mouvement syndical, mais aussi l’intérêt bordelais pour les Campagnes françaises et ibériques de l’Atlantique (1998) et les différentes thèses de thématique galicienne soutenues dans les universités françaises comme celle de María Luis Gamallo Duarte sur l’Emergence d’un nouveau roman en Galice (idéologie, esthétique, imaginaire) (Université de Paris 3, 2003) et d’autres travaux dont Ramón Villares fait état dans son Historia de Galicia.

[91] Discours…, op. cit, p. 25.