Jean-François Botrel
L’HISPANISME
À RENNES
HISTOIRE DE LA SECTION D’ESPAGNOL (1947-2007)
Sommaire
Introduction..................................................................................... 1
1. Les origines. L’espagnol à Rennes aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale – La création du Centre d’études hispaniques – La Faculté des lettres de Rennes et l’enseignement des langues vivantes – Le rôle de l’Inspection générale d’espagnol 5
2. 1947-1952. La fondation. Les pionnières – L’organisation des études – Des programmes ambitieux – Les pratiques enseignantes – Des diplômes en nombre limité – À nouveau l’enseignement du portugais – Élargir les activités des hispanistes .17
3. 1952-1967. La lente consolidation. Des moyens en enseignants limités – Des étudiants encore en petit nombre – L’organisation des études – L’enseignement vu par les étudiants – La section d’espagnol et la vie étudiante : la bibliothèque et le club – L’enseignement du portugais – La recherche et les premières publications – Le grand renouvellement 29
4. 1968-1984. Le temps de l’innovation. La section d’espagnol et mai 68 – L’essor de l’espagnol – Le renforcement de l’équipe pédagogique – LLCE et/ou LEA – Une pédagogie innovante – La préparation aux concours – Premières thèses et premières équipes de recherche – Les publications du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes – La section dans et hors l’université – La vie de la section – Mémoire et solidarités – La section vue par les siens et par les autres............ 55
5. 1985-2007. Le temps de la maturité. Un nouveau cadre pour le département – Du bâtiment B au bâtiment L : un second déménagement – La bibliothèque d’espagnol au sein des Langues romanes – L’évolution des effectifs et des enseignements : du Deug rénové au LMD – Les concours de recrutement et l’Institut universitaire de formation des maîtres de Bretagne – La préoccupation pour la didactique – Les enseignants, de 21 à 31 : départs et recrutements – La formation à la recherche – Chercher et publier en équipe – Un nouvel éditeur pour le département – Rayonner dans et hors l’université................................................................. 87
Soixante ans après ...................................................................... 117
Annexes
A. Acronymes et glossaire....................................................... 121
B. Lettre de Jean-François Botrel et questionnaire................. 127
C. Publications......................................................................... 131
D. Documents.......................................................................... 135
Table des illustrations.................................................................. 139
Bibliographie................................................................................ 141
Index onomastique...................................................................... 145
Introduction
Section : Chacune des divisions d’une ville, d’un Conseil, d’un Tribunal, d’un Collège électoral, etc. (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française).
En 2008 a été conçu le projet de réunir des informations pouvant servir de base à la reconstitution et à l’écriture de l’histoire, de ses origines à 2007, d’une petite partie ou composante de l’hispanisme français, de la Faculté des lettres de Rennes et de l’Université Rennes 2 : la « section d’espagnol », aujourd’hui département.
À partir de mars 2009, un questionnaire a été adressé à 60 acteurs (enseignants et administratifs) de cette histoire : 27 ont été retournés remplis[1], quelquefois accompagnés de précieuses lettres de souvenirs et témoignages ou de documents iconographiques et autres[2].
Par la suite, un indispensable travail complémentaire de documentation à partir des archives disponibles aux archives départementales et à l’université et de témoignages[3] a, très progressivement et trop lentement, été mené[4] ; des informations complémentaires ont été recueillies.
L’expérience de la célébration du 50e anniversaire de la création de l’Université Rennes 2-Haute-Bretagne, en 2019, m’a convaincu de ce qu’il était difficile de réunir des informations plus exhaustives et m’a incité à mettre un terme à ce projet — et à tenir mes engagements envers toutes celles et ceux qui s’y sont intéressés.
Dans le mot « section » ou plus tard « département », il y a à la fois la conscience d’être une partie ou division d’un ensemble[5] et le sentiment d’occuper une place spécifique en son sein. Cette histoire de la section d’espagnol de l’Université de Rennes qui, jusqu’à la fin des années 1970, coïncide pour partie avec celle du portugais, et après avec celle des langues étrangères appliquées, est donc, dans la mesure du possible, articulée à celle de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’hispanisme et de l’enseignement de l’espagnol en Bretagne et en France. Elle s’efforce de combiner la rigueur des données factuelles (pas toujours simples à réunir, comme il a été signalé) et la dimension humaine qui émane des souvenirs et témoignages, pour en faire plus qu’une histoire institutionnelle. Il lui manque cependant de toute évidence de bénéficier de plus de témoignages, y compris critiques, des quelque 5 000 étudiants qui depuis 1968 sont plus ou moins durablement passés par la section d’espagnol, et d’analyser plus à fond les enseignements impartis, lorsque les bases documentaires ont été conservées[6].
Dans le nécessaire découpage chronologique, divers moments ont été distingués : celui des origines, à rechercher pour partie en dehors de l’université ; le temps de la fondation et des pionnières (1947-1952) ; la lente consolidation, jusqu’au déménagement sur le campus de Villejean, juste avant mai 68 (1953-1967) ; le temps de l’affirmation au sein de l’Université Rennes 2 et de l’hispanisme, jusqu’à la loi Savary de 1984 et les évolutions qu’elle a entraînées (1968-1984) ; avant que ne vienne — enfin — le temps de la maturité, mais aussi celui de la relève (1985-2007).
La fin (provisoire) de cette histoire a été fixée à l’année 2007, date de la loi dite LRU ou sur l’autonomie des universités[7], juste après de grands changements dans l’enseignement supérieur français et européen et à un moment où la plupart de ceux qui ont contribué à la consolidation de l’enseignement et à la recherche dans le domaine hispanique à Rennes étaient partis à la retraite ou s’apprêtaient à le faire. À leurs successeurs et/ou continuateurs, — pour certains anciens étudiants du département d’espagnol de Rennes —, reviendra la responsabilité d’écrire un nouveau chapitre.
Cette histoire, parfois aux allures de chronique[8], d’une action collective soixante ans durant, pourra sans doute servir de contribution à une histoire de l’espagnol comme discipline, à l’histoire de l’hispanisme français, de la Faculté des lettres de Rennes et de l’Université Rennes 2, encore à écrire, mais aussi à l’histoire des exils puis des coopérations avec le monde hispanique/ibérique[9]. Elle devra être complétée, enrichie, précisée et mise en perspective. Elle se veut en tout cas un hommage à tous ses acteurs (enseignants, chercheurs, étudiants, administratifs) qui, plus ou moins durablement et intensément, souvent de façon militante, ont contribué à l’émergence, à la consolidation et tout simplement à la vie de ce qu’à l’Université Rennes 2 on a longtemps appelé la « section d’espagnol »[10].
1. Les origines
L’espagnol à Rennes aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale – La création du Centre d’études hispaniques – La Faculté des lettres de Rennes et l’enseignement des langues vivantes – Le rôle de l’Inspection générale d’espagnol.
L’espagnol à Rennes aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, l’enseignement de la langue espagnole — encore englobée dans les langues dites « méridionales » — est peu développé en France au nord de la Loire. L’académie de Rennes (3 350 baccalauréats délivrés en 1941 sur 25 404 en France) est encore largement une terre de mission pour l’espagnol[11]. En 1947, dans le second degré en Ille-et-Vilaine par exemple, l’espagnol seconde langue n’est enseigné qu’à Redon, Saint-Servan et Rennes (196 élèves au lycée de jeunes filles et 25 au lycée de garçons) et ne concerne que 354 élèves sur un total de 3 834[12]. Cinq ans plus tard (en 1953), il y a 571 élèves en espagnol, dont plus de la moitié (248) se trouvent au lycée de jeunes filles de Rennes, qui compte un professeur agrégé et bientôt deux[13]. Au lycée de garçons, qui n’a pas d’enseignant d’espagnol titulaire, c’est l’italien qui est préféré comme seconde langue (122 élèves pour 31 en espagnol). En 1953 et 1954, c’est un maître rectoral qui y assure l’enseignement à quelque 100 élèves sur les 1 288 qu’accueille le lycée[14]. En 1947, en Ille-et-Vilaine, l’enseignement de l’espagnol dans le secondaire concerne 354 élèves sur quelque 3 834 (9,3 %). Il est assuré à Rennes, à Redon et à Saint-Servan.
L’enseignement de l’espagnol a longtemps été cantonné aux universités du sud de la France, et à l’époque seules six universités (Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Paris, rejointes par Strasbourg et Poitiers) offrent la possibilité d’obtenir une licence (d’enseignement) et de préparer les concours de recrutement.
À la Faculté des lettres de Rennes[15] (ILL. 1-1), sur le modèle de ceux existant pour le portugais et l’italien, il existe simplement un certificat qui, en 1943-1944, fait l’objet le mardi de 14 h à 16 h 30 d’un enseignement comportant l’explication de textes littéraires, des commentaires grammaticaux et l’étude de vocabulaire[16].
C’est dans ce contexte qu’en 1947, sous l’impulsion conjointe d’un groupe de républicains espagnols d’origine catalane réfugiés à Rennes après 1939, du doyen de la faculté et de l’Inspection générale d’espagnol, va être créé un enseignement de licence en espagnol et, partant, la section d’espagnol.
La création du Centre d’études hispaniques. À l’origine de la section d’espagnol de Rennes se trouve le Centre d’études hispaniques, également dit Institut d’études hispaniques[17], créé à la fin de l’année 1944 à la Faculté des lettres sous l’impulsion de l’association des « Amis de l’Espagne », un groupe organisé sans doute par Francis Leray, chargé de l’enseignement de l’espagnol à la faculté[18], à la demande de José Bòria Ulldemolins[19] et d’autres réfugiés républicains espagnols d’origine catalane comme l’ingénieur agronome Simó[20].
À Rennes, comme dans beaucoup d’autres villes françaises dans l’immédiat après-guerre se trouve en effet un nombre important de réfugiés républicains espagnols : on en compte quelque 500 en Ille-et-Vilaine fin mai 1940, dont certains travailleront à la reconstruction de Saint-Malo (García ; Matas, 2005 : 364). Ils animent en particulier « Solidarité espagnole », présent en Ille-et-Vilaine pendant l’occupation allemande. On leur doit cette création.
Le Centre d’études hispaniques, qualifié d’œuvre d’extension universitaire, comportera différentes sections : de musique, de danse et de théâtre (créée en août 1945). Il est prévu d’étudier les tableaux de l’École espagnole conservés au musée de Rennes (le directeur de l’École régionale des Beaux-Arts s’en chargera) ; des voyages scientifiques et des échanges de correspondance ; d’accueillir des liseurs ou diseurs « qui recueilleraient des articles instructifs de journaux et revues et conteraient des anecdotes amusantes ».
En outre, le Centre d’études hispaniques prévoit d’organiser une série de causeries et conférences sur la géographie humaine et physique, l’histoire, la littérature, l’art et la musique des pays de langue espagnole, sur les grands épisodes nationaux et les hommes représentatifs de l’Espagne européenne et de l’Espagne d’outremer. Il est même envisagé la publication d’une petite revue.
Le centre va bientôt disposer d’un meuble fourni par le doyen de la faculté aux Amis de l’Espagne, qui va abriter un embryon de bibliothèque pour laquelle un règlement est rédigé[21].
Bref, un Ateneo* rennais en miniature, où il n’est officiellement fait aucune référence à la situation en Espagne[22].
L’enseignement n’est pas oublié. Et à côté du cours déjà existant est créé un nouveau cours public d’espagnol « ouvert à toutes les personnes désireuses d’acquérir aussi promptement que possible l’usage de la langue parlée ». C’est l’ingénieur Bòria qui l’assure à compter du 18 février 1945.
Sur le modèle du diplôme ou certificat de portugais qui avait été délivré de 1926 à 1940 (Massa, 1977) et d’italien créé en 1937, un diplôme (d’université) de langue et littérature espagnole est établi, dont les épreuves consistent en un thème (durée 3 h), une version (durée 3 h), une traduction orale avec un commentaire grammatical et une conversation, et enfin un compte rendu oral en espagnol d’un ouvrage littéraire, historique ou scientifique espagnol ou hispano-américain lu pendant l’année par le candidat[23]. C’est Francis Leray, chargé de cours de langue et littérature italiennes qui, avec trois heures et demie (dont une et demie rémunérée par l’État), l’assure en février 1947 en même temps que l’enseignement du russe[24]. Le dimanche 11 mars 1945, le Centre d’études hispaniques de la Faculté des lettres, « né à la Noël 1944 » est inauguré. Le texte de l’allocution prononcée à cette occasion — sans doute par Francis Leray — en rappelle la genèse et dessine un programme pour l’immédiat (ILL. 1-3). Marcel Bataillon, directeur de l’Institut d’études hispaniques de Paris, a adressé un message où il salue « avec sympathie la naissance d’un mouvement d’hispanisme à Rennes » qui doit beaucoup à des Espagnols « qui ont acquis le droit de cité chez nous au prix d’un amer exil[25] » (ILL.1- 4 A et B).
Dès le 22 avril, à la salle des Beaux-Arts, non loin de la Faculté des lettres, M. Padiou assure une « causerie familière avec projections lumineuses » sur la Catalogne vue par un Français[26], qui doit être suivie, le 26, par un gala de musique espagnole par M. Bòria et, le 20 mai, par une conférence de M. Simó, ingénieur agronome, chef des Services agricoles de la Généralité, sur « Arbres et fleurs d’Espagne ». Après les examens, le 27 mai, c’est M. Malboisson, écrivain et journaliste, qui doit intervenir, en collaboration avec l’Union des intellectuels espagnols de Paris alors présidée par Pablo Picasso. Le 22 juin, au théâtre municipal, est organisé un grand gala d’art espagnol « en hommage au grand Poète espagnol Antonio Machado », pour contribuer à l’érection du monument élevé à sa mémoire en France à Collioure[27].
Pour l’organisation, en février-mai 1946, d’un nouveau cycle de conférences publiques[28], le Centre d’études hispaniques va bientôt pouvoir compter avec le concours de l’Union des intellectuels espagnols, qui fera bénéficier les Rennais des conférences organisées à l’Institut d’études hispaniques de la rue Gay-Lussac à Paris[29] (ILL. 1-5).
Le 11 février 1946, l’écrivain José María Quiroga Pla[30] traite d’Antonio Machado en présence du maire de Rennes (Yves Milon) et du président Ricaud (le recteur d’Académie Wolff est excusé). C’est le doyen Loyen qui le présente.
Ouest-France rend compte de « cette intéressante causerie », durant laquelle José María Quiroga Pla retrace la vie de Machado (« un homme tel que lui devait évidemment prendre parti pour la Liberté »), puis analyse les caractéristiques de ses poésies. La causerie se termine par la lecture de poèmes de Machado par Primitivo Laguna, « émouvant profondément même pour ceux qui ne comprennent pas la langue espagnole », écrit le journaliste.
Le 17 février à 17 h 30, salle des Beaux-Arts, c’est José María Giner Pantoja qui fait une conférence (accompagnée de projections, est-il précisé) sur « Les cathédrales d’Espagne et leurs rapports avec celles de France[31] ».
Pour la troisième conférence organisée par le Centre d’études hispaniques, le 9 mars à 20 h 30, Corpus Barga parle du « Don Juan inconnu[32] » en partant d’une analyse du Burlador de Sevilla, « un Don Juan qui fait le mal pour le mal, qui brave la Providence jusqu’au bout et, malgré tout, est autre chose que le séducteur irrésistible ». « Une conférence originale et passionnante qu’on voudrait entendre une seconde fois », écrit Ouest-France le 17 mars.
Les conférences suivantes sont celles de Rafael Tasis i Marca[33] sur « Les Espagnes-Profil historique de la Péninsule » (23 mars), de José Quero Molares[34] sur « Les destins tragiques de l’Espagne depuis Philippe II » (6 avril) et de José Bòria Ulldemolins sur « L’Espagne méditerranéenne devant les problèmes agricoles d’hier et de demain », conférence accompagnée de projections (2 mai). De ces dernières conférences, on ne trouve aucun écho dans Ouest-France[35].
L’année suivante, le 23 mars (1947) à 10 h 45, dans la salle Anatole Le Braz de la faculté, M. Havard et M. Primitivo Laguna récitent des poésies commentées par le romaniste Pierre Le Gentil[36], en poste à la Faculté des lettres depuis 1945.
Les 26 et 27 mars, il est prévu que José María Giner Pantoja intervienne à nouveau, avec deux conférences à la salle des Beaux-Arts : « Coup d’œil sur la peinture espagnole » le 26, et « Le Greco et Vélasquez » le 27.
Le 29 mai 1947, ce sont les étudiants du Centre d’études hispaniques qui, lors d’une matinée littéraire et artistique, célèbrent entre eux la clôture de leurs travaux de l’année par une série d’exercices scolaires : des récitations de poèmes et de quelques scènes de El sí de las niñas, avec accompagnement de guitare pour la scène I de l’acte III, une initiative qui n’échappe pas à la Sacem, qui réclame des droits au doyen de la faculté ! (ILL. 1-6).
La Faculté des lettres et l’enseignement des langues. Cette intense activité culturelle est accompagnée d’une réflexion sur
« la réorganisation de l’enseignement des langues méridionales ».
Malgré les deux langues obligatoires dans le secondaire depuis 1902 et la création de l’agrégation d’espagnol en 1900, l’enseignement des langues méridionales, on le sait, n’a que tardivement intéressé la France au nord de la Loire, et lorsqu’on a commencé à les enseigner à la Faculté des lettres de Rennes à côté de l’anglais, de l’allemand et du russe, c’est l’italien et le portugais qui ont été concernés. Mais avec le retour au Portugal de Sizenendo Chagas Franco, en 1940, l’enseignement du portugais, qui était assuré depuis 1921 (Massa, 1977) (ILL. 1-7), a été interrompu[37]. Quant à l’espagnol, s’il connaît un relatif succès dans l’enseignement secondaire, la Faculté des lettres ne lui consacre — on l’a vu — que les trois heures et demie hebdomadaires prévues pour la préparation au diplôme d’université.
En ces lendemains de guerre, il semble qu’un nombre important d’étudiants se soient détournés de l’allemand et de l’italien[38], avec pour conséquence une section d’anglais « monstrueusement grossie ». D’où sans doute aussi un projet de réorganisation de l’enseignement des langues méridionales à la Faculté des lettres présenté au doyen de la faculté en février 1947 par Francis Leray, qui envisage la préparation de deux certificats de licence (études pratiques et philologie) et propose de réduire son enseignement d’italien et de consacrer deux heures à la version et deux autres au thème et à la grammaire de l’espagnol contemporain, Pierre Le Gentil se chargeant de l’espagnol ancien. Sur l’enseignement de l’histoire de la civilisation et des institutions, il est moins précis : il demandera à messieurs Fort et Brachin comment ils en entendent la préparation, José Bòria Ulldemolins pouvant y consacrer l’heure qui lui est attribuée par la faculté. Cette note sera adoptée le 7 février 1947 mais ne concernera pas Francis Leray, comme on va le voir.
Le rôle de l’Inspection générale d’espagnol. Cette volonté manifestée par les doyens de la Faculté des lettres André Loyen[39] puis Gil Mayer de consolider l’enseignement de l’espagnol a certainement été confortée par la politique de l’Inspection générale d’espagnol dans le secondaire. Celle-ci était alors incarnée par Gaspard Delpy[40] et Serge Denis[41], bientôt auteurs d’une Anthologie espagnole (1950), qui « rêvaient d’ensemencer la Bretagne de la bonne parole de leurs élèves » (Josette Blanquat) et auraient manifesté leur désir de voir l’enseignement de l’espagnol prendre plus d’extension dans l’académie de Rennes.
Cette politique dans le secondaire trouvera son équivalent dans le supérieur avec un mouvement qualifié par Marcel Bataillon (1963 : 467) de « décentralisation de notre enseignement hispanique » : de six chaires ou maîtrises de conférences* dans six universités en 1938 on passera à 15 postes de titulaires et une douzaine de postes d’assistants dans 12 universités en 1956 (Botrel, 2023).
S’agissant de Rennes, une rencontre à Quimper, à l’occasion d’un jury de baccalauréat, entre l’inspecteur général Delpy et le doyen de la Faculté des lettres, permettra de trouver le moyen de créer une licence d’espagnol dans celle-ci, avec le détachement par l’Inspection générale, pour la rentrée 1947, d’une agrégée en poste à Nantes, Josette Blanquat, première à l’agrégation féminine de 1946.
2. 1947-1952. La fondation
Les pionnières – L’organisation des études – Des programmes ambitieux – Les pratiques enseignantes – Des diplômes en nombre limité – À nouveau l’enseignement du portugais – Élargir les activités des hispanistes.
Les pionnières. À la rentrée 1947, c’est donc Josette Blanquat[42] (ILL. 2-1) qui va avoir la lourde responsabilité, en tant que chargée de cours complémentaires, d’assurer les premiers enseignements en vue de l’obtention des deux certificats créés (philologie et études pratiques) tout en assurant ses cours au lycée de jeunes filles de Nantes. N’étant pas titulaire de l’enseignement supérieur, elle assure les enseignements sous l’autorité de Pierre Le Gentil, qui se charge d’une partie de l’enseignement de philologie. Elle donne trois heures de cours le jeudi, en partant de Nantes à cinq ou six heures du matin, avec retour le soir même par l’autorail. À la rentrée 1948-1949, à sa demande, pour éviter la fatigue du train, elle sera nommée au lycée de jeunes filles de Rennes. Pour la préparation du certificat préparatoire elle est assistée de Jeanne Moutet[43], en poste au lycée de jeunes filles de Rennes. Francis Leray, également chargé de cours de langue russe, assure la préparation à l’épreuve de langue complémentaire.
Quant à l’apprentissage de la langue parlée, au départ c’est l’ingénieur Bòria qui fait fonction de lecteur et assure les cours de conversation. Par la suite —Josette Blanquat ne se souvient plus du moment exact— est arrivé « un ancien secrétaire de Blasco Ibáñez […], qui [l]’aidait au thème. Mais les étudiants « avaient quelque peine à s’habituer à lui »[44]. Josette Blanquat s’entretiendra de la situation avec Jean Sarrailh, nouvellement nommé recteur de l’académie de Paris, qu’elle avait sans doute eu comme professeur à Poitiers. Ces consultations auront pour conséquence la nomination, en 1952, d’Antonio Otero Seco, sur indication du recteur Sarrailh. Une autre démarche de Josette Blanquat, en 1951, et de la faculté, visant à la création d’un poste de lecteur par l’ambassade du Mexique, n’aboutira pas[45] ; mais elle témoigne de son engagement, avec Jeanne Moutet, en faveur du développement de l’espagnol.
L’organisation des études. Dans l’enseignement supérieur, à cette époque, les études de langues sont organisées de la façon suivante : après une pre-mière année consacrée à un certificat pré-paratoire, la licence d’ensei-gnement (il existe une licence libre) comprend quatre certi-fi-cats qu’il est d’usage de préparer en deux ans (deux certificats par année) : un certificat d’études littéraires classiques (avec à l’écrit une composition française et une version latine ou grecque et à l’oral une explication de texte d’un auteur français et d’un auteur latin ou grec), un certificat de littérature étrangère, un certificat de philologie et un certificat d’études pratiques. Une épreuve de langue étrangère est obligatoire, qui peut être l’allemand, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le polonais, le portugais, le russe, le tchèque ou le suédois. Il existe un diplôme d’études supérieures de langue et littératures vivantes indispensable pour pouvoir « présenter » l’agrégation.
À partir de 1950-1951, le certificat d’études littéraires disparaîtra pour faire place à une année préparatoire également dite propédeutique ou « propé », avec un certificat d’études littéraires générales classiques ou modernes, et aux trois certificats d’études supérieures (philologie, études pratiques et littérature) s’ajoutera un certificat « libre », souvent choisi en portugais. Ce dispositif restera en vigueur jusqu’en 1965-1966.
Le certificat de philologie comprend un thème à l’écrit, et à l’oral une interrogation sur la grammaire de la langue choisie par le candidat et une interrogation sur l’histoire de cette langue d’après un texte tiré d’un auteur.
Celui d’études pratiques, une version à l’écrit, et à l’oral un entretien en langue étrangère sur la civilisation du pays où le candidat aura séjourné d’après un programme d’ouvrages à consulter donné d’avance.
Quant au certificat de littérature, il comprend une composition dans la langue étrangère vivante choisie par le candidat sur un sujet tiré de la littérature de cette langue, et à l’oral l’explication d’un texte d’un auteur dans la même langue étrangère vivante et une interrogation sur l’histoire de la littérature étrangère choisie par le candidat.
Au départ (1947-1948), seuls les certificats d’études pratiques d’espagnol et de philologie espagnole sont ouverts[46]. Josette Blanquat est donc en charge des études pratiques, avec des explications d’auteurs et la correction de versions, et de la philologie (histoire de la langue, explications de textes anciens, correction de thèmes) ainsi que de questions de géographie, d’histoire de civilisation et de littérature, mais c’est Pierre Le Gentil qui, pour le certificat de philologie, assure l’explication du Libro de buen amor (le mardi à 10 heures). Le 11 mai 1948, un CES de littérature espagnole est autorisé et sera délivré à partir de l’année universitaire 1948-1949. Le 1er juin 1948, l’autorisation de délivrer un DES de langue et littérature espagnoles est sollicitée.
L’année suivante (1948-1949), après la nomination de Pierre Le Gentil à Paris, c’est Josette Blanquat qui assure l’ensemble des cours : un cours de thème et de version espagnole (le mercredi à 11 h), et un de littérature (explication des auteurs du programme, y compris le Cantar de Mio Cid), le jeudi à 15 h 15, avec à 16 h 15 des leçons et explications d’étudiants.
À la rentrée 1949 une maîtrise de conférences* d’espagnol est créée, que Josette Blanquat occupe en tant que chargée d’enseignement[47]. Elle est chargée par l’inspecteur général Denis de préparer à l’agrégation d’espagnol. Yvonne Peyre se souvient d’avoir dû chercher à Paris, à la librairie Soriano, les livres indispensables (sur Gracián, par exemple). Les auteurs les plus faciles de l’agrégation sont maintenant au programme de la licence : « c’était un fameux saut pour les débutants. Il fallait leur imposer ça pour continuer le rythme mensuel “thème-version-dissertation” », se souvient Josette Blanquat. Yvonne Peyre obtiendra l’agrégation en 1950 (2e) et c’est elle qui, en 1951, relancera à Rennes l’enseignement du portugais, interrompu pendant dix ans. Après l’arrivée en 1950-1951 d’une nouvelle agrégative et la substitution en 1950 du certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges (créé en 1941) par le Capes, Josette Blanquat s’interrogera : « ne valait-il pas mieux se consacrer à une solide préparation de la licence, plutôt que de se lancer dans le travail de l’agrégation que beaucoup ne pouvaient suivre ? » La question posée « aux réunions de bureau » — sans doute celui de la faculté — sera, paraît-il, mal perçue. Elle est toujours seule pour assurer la préparation des trois certificats de licence et maintenant du diplôme d’études supérieures[48] (DES) : la première année (1950-1951), six DES seront délivrés[49]. Jeanne Moutet-Chenu, partie pour Paris en octobre 1951, a été remplacée par une autre agrégée dont le nom n’est pas revenu à la mémoire de Josette Blanquat.
Des programmes ambitieux. Grâce aux annuaires de l’université on peut se faire une idée des programmes et/ou des contenus des enseignements.
Au programme de philologie en 1947-1948 (ILL. 2-2), El libro de buen amor, de Juan Ruiz. En 1950 : le Cantar de Mio Cid (500 premiers vers) et en 1952, le « Cantar de las bodas », du vers 1095 au vers 1876. Avec en complément : principaux faits de phonétique historique ; morphologie du verbe (en 1952 : le verbe) ; emploi des temps et des modes ; les prépositions et leur syntaxe (en 1950 : les mots : choix et emprunts ; dérivation et composition ; changement de sens — la question disparaît en 1952—) ; les pronoms : formes et emplois (disparaît en 1952). En 1952, la « grammaire de la langue moderne » est inscrite au programme. La versification est abordée à propos de l’arte mayor et de l’hendécasyllabe (en 1950, arte mayor et l’école italianisante de poésie lyrique et en 1952 mester de clerecía et mester de juglaría). En 1950 apparaît la question « Notions générales sur l’espagnol d’Amérique ».
Dans les programmes d’études pratiques on observe la prédominance de l’Espagne et l’absence quasi-totale de l’Amérique latine. En 1947-1948, les questions sont : Espagne musulmane et Reconquista ; découverte et colonisation de l’Amérique espagnole ; prépondérance espagnole (Charles Quint et Philippe II) ; caractéristiques essentielles des principales régions d’Espagne ; la peinture espagnole au xviie siècle (Vélasquez (en 1952 : la musique au xixe siècle et au xxe siècle) ; l’œuvre de Goya (en 1952 : Vélasquez et Goya) ; une ville d’art : Tolède (en 1952 : Tolède, Grenade, Séville). La part de l’Amérique latine sera un peu plus importante par la suite.
Quant à la littérature, Josette Blanquat n’a pas gardé de documentation à ce sujet, mais sur les livres annotés par une de ses élèves — Mme Dalzon —, on peut voir que « les textes classiques sont plus nombreux que les modernes ». Et en effet, dans le programme pour 1948-1949, les questions d’histoire littéraire portent sur la satire des mœurs dans la littérature des xive et xve siècle ; la « comedia española », l’école de Lope de Vega ; l’inspiration pastorale dans la poésie lyrique du xvie siècle ; la Castille dans la littérature de la fin du xxe siècle [sic] avec comme auteurs : Arcipreste de Hita : « el libro de Buen Amor » ; Rojas : « la Celestina » ; San Juan de la Cruz : « le Cantico espiritual » ; Garcilaso de la Vega : « Eglogas I, II, III » ; Cervantes : « Don Quijote » ; Galdos : « Angel Guerra » ; Machado, Antonio : « Castilla » (dans les graphies ici reproduites).
Ce qui est sûr, c’est que, étant donné le nombre limité d’heures de cours et conférences attribuées à l’espagnol, il est exclu que toutes les questions soient traitées. Et cela perdurera assez longtemps.
Les pratiques enseignantes. S’agissant de la pratique ensei-gnante, un rapport d’inspection du 13 novembre 1946 de Serge Denis concernant Joset-te Blanquat nous permet d’ap-prendre qu’elle « s’exprime en un espagnol correct et facile. Elle n’aura donc aucune difficulté à entraîner ses élèves à la langue parlée[50] ». Prosper Divay, qui l’a eue comme professeur, garde un grand souvenir de ses explications de texte.
Les exercices privilégiés correspondent aux épreuves des certificats : à l’écrit, version pour études pratiques, thème pour la philologie, dissertation pour la littérature. En cas d’admissibilité à l’oral, le candidat doit respectivement traiter une question de civilisation tirée au sort, expliquer des faits de langue et faire état de connaissances en matière d’histoire de la langue, expliquer un texte. Il y a deux sessions, en juin et en octobre.
Des diplômes en nombre limité. Au début, le nombre d’étudiants inscrits en espagnol est resté limité. Selon Josette Blanquat, les premiers étudiants inscrits en licence d’espagnol furent « deux professeurs d’anglais et d’histoire et quelques jeunes », « Mlle Lepot » et « Mme Dalzon ». À la session de juin 1948, ils sont dix-huit à se présenter au certificat d’études pratiques, et entre juin et octobre seuls six seront reçus (trois en philologie). En mars 1949, il y a quarante étudiants inscrits en licence et soixante-huit en année préparatoire. Cette année-là, il y a quatorze candidats au certificat de littérature, qui est obtenu par cinq d’entre eux[51]. La première licence d’espagnol rennaise fut attribuée à Claire Godet (née Avril le 18 décembre 1922 à Bordeaux) en 1949, année où la Faculté des lettres délivre 160 licences au total[52].
En juin 1951, le nombre de candidats aux certificats de philologie et d’études pratiques a doublé, pour atteindre 36-37. En 1951-1952, le nombre d’inscrits en licence (hors année préparatoire, par conséquent) a encore doublé : 85 étudiants.
Parmi les étudiants de cette époque, Prosper Divay et Bernard Le Gonidec qui, à la fin des années 1960, rejoindront la section d’espagnol de Rennes, ainsi que Robert Omnès (1930-2010), futur enseignant d’espagnol à l’Université de Bretagne occidentale (UBO).
Il faut aussi inclure les étudiants nantais qui, jusqu’à la refondation de l’Université de Nantes en 1960, étaient inscrits à la Faculté des lettres de Rennes mais suivaient leurs enseignements sur place à l’Institut des lettres fondé en 1920 : c’est Amédée Mas[53], professeur agrégé de la faculté de Poitiers qui, en 1950-1951, est en charge de la langue et littérature espagnoles, assisté de M. Gaté. Des cours y sont également assurés par Josette Blanquat et Jeanne Moutet, une « tradition » poursuivie encore après 1960 par Bernard Darbord, Antonio Otero Seco et Bruno Jereczeck.
À nouveau, l’enseignement du portugais. Depuis le départ de Chagas Franco en 1940, l’enseignement du portugais avait été interrompu. Il est rétabli à la rentrée 1951 : en 1951-1952, il existe un diplôme d’université de langues et littératures espagnoles et portugaises. En février 1952, les cours de portugais sont assurés par une chargée de cours, Yvonne Peyre[54], agrégée d’espagnol au lycée de Nantes mais bivalente comme ce sera presque toujours le cas jusqu’au début des années 1970. Et il y a aussi un lecteur de portugais, mis à disposition de la faculté en 1951 par l’Instituto de Alta Cultura du Portugal (qui le prend entièrement en charge), le Dr. José Antonio Duarte Marques, professeur agrégé titulaire au lycée national Salazar de Lisbonne[55]. En 1951-1952, il y a 12 étudiants de portugais (mais aucun en année préparatoire). En écho à deux pétitions présentées par ces étudiants, le 2 février 1952 l’assemblée de faculté demande l’autorisation de préparer aux CES d’études pratiques et de littérature de portugais. Espagnol et portugais auront ainsi partie plus ou moins liée jusqu’au début des années 1970[56].
Élargir les activités des hispanistes. Entre 1947 et 1952, en prolongement de leurs enseignements et afin de promouvoir l’espagnol dans la communauté universitaire et dans la ville, Josette Blanquat et Jeanne Moutet déploient une intense activité à partir du Centre d’études hispaniques, qui a fait imprimer un carton d’invitation (ILL. 2-3). Le témoignage de Jeanne Moutet-Chenu et les quelques documents disponibles, permettent de reconstituer l’ambiance dans laquelle s’est construit l’hispanisme à Rennes en des années où, écrit Jeanne Moutet-Chenu, « enseigner l’espagnol et parler de l’Espagne en Bretagne était aussi exotique que de parler de la Chine ». « Nos activités d’hispanistes cherchaient à s’élargir. C’est ainsi qu’une petite chorale est créée qui se produit au théâtre de la faculté sur un programme de musique ancienne (églogues de Juan del Encina) ou folklorique, en faisant appel à des Espagnols réfugiés de la guerre d’Espagne dont certains travaillaient dans des conditions très difficiles à la reconstruction de Saint-Malo ». L’un d’entre eux, un « catalan d’origine, anarchiste, et doux comme un agneau » avait une magnifique voix de baryton, se souvient Jeanne Moutet-Chenu.
Pour attirer des étudiants des autres facultés, Josette Blanquat et Jeanne Moutet organisent des conférences-parties à la faculté. La bibliothèque commence à se constituer et Jeanne Moutet-Chenu se souvient avoir aussi « apporté un peu de notre hispanisme à la prison centrale des femmes », mais également de soirées d’où la danse n’était pas exclue et qui purent compter sur la présence d’un prix Goncourt (Robert Merle).
Cela se traduit aussi par l’organisation de nouvelles conférences sous l’égide de la faculté.
C’est ainsi que pour commémorer le IVe centenaire de la naissance de Cervantes, qui coïncide donc avec la création de la section d’espagnol de Rennes, Marcel Bataillon, récemment élu professeur au Collège de France (en 1945), est invité à faire une conférence sur « Don Quichotte vivant[57] » le 22 novembre 1947 à 17 h 30, salle des Beaux-Arts. Le 30 novembre, c’est Pierre Le Gentil qui commente quelques passages du Quichotte. Le 7 décembre 1947, on trouve annoncée une matinée littéraire et artistique inspirée par l’œuvre de Cervantes, avec le concours des étudiants du Centre d’études hispaniques et des élèves des établissements secondaires de la ville et d’une rondalla, « ensemble typique espagnol ». Au programme : Rinconete y Cortadillo, des extraits de Numancia, une évocation de Don Quichotte, l’hommage d’un écrivain moderne espagnol au Quichotte de Cervantes et la représentation de l’entremés* El juez de los divorcios, en français puis en espagnol. Cette matinée devra être reportée au 1er février 1948[58] (ILL. 2-4).
En mars 1948, une exposition d’art catalan se tient à Rennes. Puis, en 1949, Josette Blanquat et Jeanne Moutet organisent un hommage à García Lorca (5 mars 1949) où est lu et commenté « Prendimiento de Antoñito el Camborio en el camino de Sevilla » (ILL. 2-5). Une façon discrète de se référer à l’histoire récente de l’Espagne, qui n’est jamais officiellement évoquée.
Le 22 mai à 20 h 45, salle 8 de la Faculté des lettres, Jeanne Moutet donne une causerie sur la musique espagnole, avec des chœurs des xve et xvie siècle et des mélodies de Falla par Mlle Maulion.
En 1949, selon Josette Blanquat, Marcel Bataillon fait une nouvelle visite — éclair — à Rennes pour une conférence sur Érasme.
Telle fut la vie de la section d’espagnol à ses débuts, avant que ne se produisent les premiers départs et la première relève.
Après Jeanne Moutet, Josette Blanquat, qui n’avait guère eu le loisir — on le comprend ! — de se livrer à ses recherches sur Galdós et ne faisait pas mystère de vouloir les continuer dans de meilleures conditions, est recrutée en 1952 comme membre de l’École des hautes études hispaniques à Madrid, ce à quoi sa première place à l’agrégation lui donnait droit. Elle y séjournera jusqu’en 1954.
Lorsque Jean Krynen arrive à Rennes, à la rentrée 1952, il y a déjà à la Faculté des lettres 85 étudiants d’espagnol (non compris ceux de l’année préparatoire) et 12 en licence de portugais (aucun en année préparatoire) sur 1 449 inscrits (en 1954).
L’espagnol — c’est l’heureuse conséquence du travail effectué par les deux pionnières — est désormais clairement identifié au sein des langues méridionales ou romanes, rejoint par le portugais et à côté de l’italien, anciennement installé.
3. 1952-1967. La lente consolidation
Des moyens en enseignants limités – Des étudiants encore en petit nombre – L’organisation des études – L’enseignement vu par les étudiants – La section d’espagnol et la vie étudiante : la bibliothèque et le club – L’enseignement du portugais – La recherche et les premières publications – Le grand renouvellement.
Des enseignants venus d’ailleurs. Pour succéder à Josette Blanquat, c’est finalement Jean Krynen[59], chargé d’enseignement à la faculté d’Alger depuis 1950 et dont la thèse (sur Jean de la Croix) est presque terminée, qui est « demandé » par le doyen de la Faculté des lettres Gil Mayer[60]. Il prend ses fonctions à la rentrée 1952. Il restera peu de temps à Rennes, puisque le 21 octobre 1953 il est transféré à Toulouse « en remplacement de M. Mérimée appelé à d’autres fonctions ». Il y enseignera jusqu’en 1980. On sait qu’il a continué à assurer la préparation aux concours de recrutement du second degré, pour laquelle une heure spécifique lui est attribuée, et qu’il est assisté en 1952-1953 par Mlle Gâtinaud.
À cette même rentrée 1952, les efforts conjoints de Josette Blanquat et du doyen de la faculté visant à obtenir un lecteur permanent se sont vus récompensés, et — décision fondamentale pour l’avenir — c’est Antonio Otero Seco[61] qui, sur indication du recteur Jean Sarrailh, hispa-niste et recteur de l’académie de Paris, sera nommé après le 20 novembre 1952 (ILL. 3-1). On reviendra sur le rôle central décisif joué par « don Antonio », comme l’appelleront ses étudiants.
Pour succéder à Jean Krynen c’est à Michel Darbord[62], jusqu’alors assistant à la Faculté des lettres de Bordeaux, que le doyen fait appel (ILL. 3-2). C’est avec cette nomination et celle d’Antonio Otero Seco que la section d’espagnol commence à véritablement exister (avec un « chef de la section d’espagnol », Michel Darbord) et que s’ouvre une relative période de stabilité du corps enseignant (Michel Darbord restera à Rennes, où il viendra chaque semaine assurer ses cours jusqu’en 1966, tout en continuant à résider à Bourg-la-Reine). Un corps enseignant bientôt renforcé pour tenir compte de l’augmentation du nombre d’étudiants et de la nécessité d’assurer un enseignement du portugais.
C’est ainsi qu’en 1956 Georges Boisvert[63] est recruté (ILL. 3-3). C’est lui qui, avec le concours d’un lecteur, va assurer l’enseignement du portugais tout en continuant d’enseigner l’espagnol, le thème notamment. En 1958 ou 1959, Joëlle François[64], professeure agrégée à Vannes, a remplacé Mlle Van Eeckhout[65].
Au départ de Georges Boisvert pour Paris, en 1960, son poste est en quelque sorte dédoublé, avec un recrutement en espagnol et un autre en portugais. Pour l’espagnol, au 1er octobre 1960 c’est Bruno Jereczeck[66], professeur agrégé d’espagnol à Nantes, qui est recruté, et pour le portugais Jean-Michel Massa.
Par la suite, entre 1963 et 1967, la section se verra ren-forcée par la présence de Jean Prigent[67], originaire du Dourduff (Finistère), recruté comme assis-tant, qui introduira les étudiants d’espagnol de Rennes au structu-ralisme.
Comme depuis le début, il est évidemment toujours fait appel àdes chargés de cours en poste dans le secondaire, notamment pour l’enseignement en propédeutique : c’est le cas de Jean Cormerais, professeur agrégé (1957) au lycée de garçons de Rennes, également compétent en portugais et en breton ; de Joëlle François, professeure agrégée au lycée de Vannes en 1959 ; puis de Bernard Le Gonidec, professeur agrégé (1958) au lycée de Bréquigny ; de Mlle Volland ; ou de Jean-François Botrel, professeur agrégé (1965) au lycée Chateaubriand de Rennes, et peut-être de Robert Marrast durant son bref séjour à Rennes en 1955-1957 en tant que professeur de lycée (Botrel, 2020c).
En 1964, pour pourvoir un poste de maître de conférences* créé en espagnol, c’est lui, Robert Marrast[68], qui, le 19 avril 1964, est candidat « ferme », « le grand tournant dans l’histoire du département » selon Claude Le Bigot. Il restera à Rennes (sans y résider) jusqu’en 1966.
En 1966 (23 février), à la veille de grands changements à la section d’espagnol de Rennes, dans une lettre à en-tête du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, Robert Marrast demande la création d’un poste de maître-assistant et de deux postes d’assistants, un pour le portugais, un pour l’espagnol, plus un poste d’aide technique qui
« permettrait à la section de posséder un secrétariat pour la coordination des enseignements, la préparation du calendrier des devoirs, la tenue des fichiers de la bibliothèque d’espagnol et de portugais, la réalisation des activités culturelles (projection de films, concerts, conférences, etc.) », car, jusqu’alors, l’administration de la section repose entièrement sur celui qu’on appelle le « chef de section », aidé par des moniteurs*.
Des étudiants encore en petit nombre. Il faut rappeler qu’entre 1960 et 1970 les conséquences du baby boom d’après-guerre et de la relative démocratisation de l’enseignement secondaire et dans une moindre mesure de l’enseignement supérieur se font déjà sentir : entre 1960 et 1980 les effectifs de l’enseignement secondaire font plus que doubler (de 1 453 300 à 3 141 748) avec un fort impact sur l’enseignement supérieur, dont les effectifs passent de 215 000 en 1960 (dont 64 000 en lettres) à 661 000 en 1970 (dont 233 600 en lettres).
À la Faculté des lettres de Rennes, entre 1945-1946 et 1962, le nombre d’étudiants passe de 959 (en novembre) à 2 660, dans une période où le nombre des étudiants en Bretagne connaît une première poussée (de 5 318 en 1960 à 11 618 en 1960 et 29 504 en 1973 (Mériot, 2016 : 27).
Pour ce qui est de l’espagnol, les étudiants sont encore peu nombreux à Rennes : en 1956, entre les deux sessions, 18 certificats d’études pratiques sont obtenus, 20 en philologie, 19 en littérature. Au total, 15 licences sont délivrées (dont 11 à des étudiantes).
En 1958, d’après le nombre cumulé de candidats aux trois certificats (132), on peut estimer à une quarantaine le nombre d’étudiants rennais inscrits en licence d’espagnol à la Faculté des lettres de Rennes et au Collège littéraire universitaire de Nantes[69].
En 1961-1962, il y a quarante-deux inscrits en philologie espagnole, quarante-et-un en études pratiques et vingt-trois en littérature espagnole (respectivement sept, huit et cinq en portugais). En 1962, à la session de juin, il y a neuf reçus en études pratiques, vingt-trois en philologie et dix-sept en littérature (de quatre à six en portugais). Au total, dix-huit licences d’espagnol sont délivrées, les deux tiers à des étudiantes[70]. En 1963, il y a trente-cinq reçus en études pratiques, dix-sept en littérature et vingt-cinq en philologie (deux, deux et neuf respectivement en portugais). Le nombre des DES soutenus se limite à six[71]. En 1965 il n’y a guère plus de trente étudiants en licence, y compris des élèves-officiers de Coëtquidan, qui préparent aussi des certificats de licence mais cesseront bientôt de fréquenter les salles de cours de la place Hoche en uniforme, moins toléré que les tenues de religieuses comme celle de la Chilienne Marilyn[72].
S’agissant des élèves d’espagnol dans le secondaire, qui représentaient en 1950-1951 6 % des effectifs en langues[73], quinze ans plus tard, en 1965-1966, il y a en France déjà plus de 300 000 élèves d’espagnol dans l’enseignement secondaire public (331 616), soit 12 % des effectifs, et dans l’académie de Rennes le pourcentage est plus élevé (14 %), soit 9 425 élèves sur 66 462, avec une forte proportion de filles (59 % au plan national). À ces chiffres, il faut ajouter ceux de l’enseignement privé, qui a commencé à signer des conventions avec l’État au titre de la loi dite Debré du 3 décembre 1959, avec pour conséquence l’obligation pour les directeurs ou directrices d’établissements d’être titulaires d’au moins une licence[74].
Cela se traduit par une relative augmentation du nombre de postes ouverts aux concours de recrutement : entre 1960 et 1967, il y a une moyenne de 70 postes au Capes et de 38 postes à l’agrégation[75]. Mais le nombre de candidats a aussi augmenté : en 1958, il y a 316 candidats au Capes d’espagnol (nouveau régime depuis 1951) pour toute la France, et 560 (pour 80 postes) en 1966. La licence d’espagnol est à présent (1963) délivrée dans 15 facultés : outre les six « historiques », dans les facultés des lettres d’Aix-en-Provence, Alger, Caen, Dijon, Grenoble, Lille, Lyon, Rabat et Rennes.
Pour garantir le recrutement durable d’enseignants, en 1957 les Ipes sont créés et l’espagnol est concerné : Jean Le Bouill sera le premier ipésien rennais en espagnol à bénéficier de cet outil de promotion sociale, suivi de quelques autres jusqu’à la suppression du dispositif en 1979[76]. Ces étudiants bénéficient d’une heure spéciale d’enseignement de soutien et il a aussi existé une dotation spéciale en livres. Recrutés par concours, ils sont dispensés de l’écrit du Capes et passent un concours spécial.
À Rennes, la préparation aux concours, qui à partir de 1958 comprend aussi expressément le Capes, continue d’être assurée mais se fait avec des moyens limités : les cours sont toujours communs avec la licence (jusqu’à quatre auteurs en 1961-1962) et l’équipe enseignante est réduite et peu présente, ce qui entraîne de la part des candidats un fréquent recours aux polycopiés et exercices du CNED. En 1954, il n’y a aucun candidat à l’agrégation ; en 1955, cinq. En 1959 (6 septembre), depuis Bourg-la-Reine, Michel Darbord se déclare déçu par les résultats aux oraux des concours : Guy Bourligueux, moniteur*, a été admissible à l’agrégation mais collé à l’oral (il sera reçu l’année suivante) ; il y a eu quatre admissibles au Capes mais une seule reçue (Mlle Portié, 16e) : « nos candidats sont gauches à l’oral », écrit Michel Darbord[77]. Dès 1963 cependant est présentée une demande de création d’une section hispanique au Centre pédagogique régional de Rennes, qui ne deviendra effective qu’après l’attribution d’un poste supplémentaire au lycée de garçons de Rennes à la rentrée 1965 « pour que les stagiaires éventuels puissent disposer d’un nombre suffisant de conseillers pédagogiques[78] ». Un « professeur agrégé expérimenté » devait y être affecté. En 1964-1965, on comptabilise 12 candidats au Capes ; une vingtaine en 1965-1966, auxquels une heure de version et une heure de thème (par le lecteur) est accordée, mais le responsable de la section prévient que « le personnel de la section ne peut assurer l’ensemble des auteurs du programme à la rentrée ». Certains candidats à la recherche de conditions plus favorables[79], notamment des ipésiens pour leur 4e année, ont alors choisi de partir préparer l’agrégation ailleurs, qui à Paris (Solange Parvaux[80], Mlle Volland, Bernard Le Gonidec), qui à Bordeaux (c’est le cas de Jean Le Bouill (1960-1961), René Gouëdic, Jean-François Botrel (1964-1965) et Michel Launay (1967-1968)[81]) . Avec presque toujours le succès à la clef.
Une fois agrégés, plusieurs anciens étudiants de la section d’espagnol en poste dans le secondaire seront recrutés dans l’enseignement supérieur : Guy Bourligueux à la Sorbonne puis à Nantes, Jean Le Bouill à Bordeaux puis à Rennes, Bernard Le Gonidec et Jean-François Botrel à Rennes, et, après 1968, Michel Launay, Prosper Divay, Yannick Kerneur, Jean-Pierre Sanchez, à Rennes, Louis Miard[82] à Angers, et, en portugais, Jean-Yves Mérian[83] et Marie-Françoise Bidault, à Rennes, et Michel Marc, à l’UBO, etc.
L’organisation des études. Par rapport à la période antérieure, l’organisation des études d’espagnol n’a guère changé. Il y a toujours (jusqu’en 1965) une année de propédeutique qui permet l’obtention d’un certificat d’études littéraires générales, classiques et modernes (CELG), avec une épreuve d’espagnol (de mémoire, une version), condition requise pour s’inscrire en licence.
La licence d’enseignement d’espagnol requiert toujours l’obtention de quatre certificats d’enseignement supérieur (CES) : études pratiques, philologie et littérature, le quatrième, dit libre, étant le plus souvent un certificat de portugais. Ces certificats se préparent en général en deux années (études pratiques et philologie puis littérature et le certificat libre). Les exercices et les épreuves écrites et orales sont toujours la dissertation, la version (toujours « classique »), le thème, etc.
S’agissant des programmes et contenus, la philologie reste traditionnelle (phonétique, histoire de la langue, etc.)[84], la linguistique étant encore ignorée à Rennes quand à Bordeaux par exemple elle est enseignée par Maurice Molho. Les questions de civilisation au programme du certificat d’études pratiques, en général au nombre de sept, concernent la géographie, l’histoire, l’histoire de l’art mais aussi de la musique, et sont particulièrement vastes. L’Espagne, qui est étudiée de Charles Quint à 1936 (sans aborder la Guerre civile), continue à prédominer[85]. Une question sur les sept au programme concerne généralement l’Amérique latine[86].
S’agissant du programme de littérature[87], on peut observer qu’il est particulièrement lourd (quatre questions et cinq œuvres « complétées par des auteurs du programme d’agrégation ; onze auteurs en 1961 et 1962 ; neuf auteurs en 1963) et que c’est la littérature classique qui prédomine, avec une timide prise en compte de la littérature espagnole plus contemporaine (la poésie surtout et l’essai), mais hormis les questions inscrites au programme des concours la littérature hispano-américaine n’est que très marginalement prise en compte : El mundo es ancho y ajeno de Ciro Alegría (Extraits Hachette) en 1957, et Cantos de vida y esperanza de Rubén Darío (souvent considéré comme « espagnol ») en 1963-1967. Quant à l’accessibilité des textes, qui sont souvent des anthologies, si les Clásicos Castellanos et la Colección Austral ou Sudamericana peuvent être trouvées dans les librairies en France, il aura été difficile aux étudiants d’acquérir le tome XXIV de la BAE pour étudier El acero de Madrid, ou l’édition de Góngora par Millé y Giménez chez Aguilar. On reste perplexe devant l’indication à propos des Obras de conversación y pasatiempo de Castillejo (pages 183-196, sans autre précision) ou de La Regenta (en 1965) : « toutes les éditions complètes[88] » !
Il est probable, par ailleurs, qu’on n’aura pas soumis les épreuves des annuaires aux enseignants, d’où quelques étranges coquilles (Cero Alegría, El Rejor alcalde) et des manques systématiques d’accents.
C’est en général le lecteur Antonio Otero Seco — qui assure aussi le thème oral et écrit —, qui est en charge de l’enseignement de civilisation y compris pour les concours[89], mais il assurera également la préparation à certaines questions de littérature comme lorsque Valle-Inclán, Lorca et Alberti seront au programme de l’agrégation en 1963-1964[90].
En 1965-1966, le programme du certificat de littérature comprend onze auteurs/œuvres, dont trois du xixe ou du xxe, et six questions dont deux contemporaines[91]. Comparés au programme de la licence d’espagnol, celui de la licence de portugais semble beaucoup plus contemporain et américain[92].
Autant dire, étant donné la disproportion entre l’étendue des programmes et la faiblesse des moyens en enseignement (jusqu’en 1962 la section d’espagnol ne dispose que de 15 heures statutaires hebdomadaires à consacrer aux étudiants de licence et de concours), que toutes les questions et les auteurs au programme ne sont pas traités en cours et que les enseignants sont particulièrement polyvalents : histoire de la langue, littérature classique et contemporaine pour Michel Darbord ; thème, version, grammaire et littérature classique pour Bruno Jereczeck ; thème oral, thème écrit, littérature espagnole contemporaine et toutes questions de civilisation d’Espagne et d’Amérique latine pour Antonio Otero Seco, qui assure aussi des cours publics d’initiation à l’espagnol[93].
Les enseignements vus par les étudiants. Pendant longtemps — jusqu’à la fin des années 1960 —, les étudiants, dont on prévoyait qu’ils fassent des leçons ou exposés dans le cadre d’un cours, durent largement faire appel à leurs capacités de travail autonome en bibliothèque ou en groupe, notamment pour la préparation des concours. D’où la collecte de vocabulaire, les exercices de rétro-traduction, d’abondantes notes de lecture des ouvrages disponibles, le recours systématique à l’Historia de la literatura española de Ángel Valbuena Prat pour compléter les cours ou combler les lacunes[94].
De leurs professeurs de cette époque les anciens étudiants gardent d’abord le souvenir d’enseignants peu présents parce que, de Paris ou de Nantes, ils viennent juste le temps de faire leur cours et expédier les affaires courantes. En plus, pour certains, ils doivent assurer des cours à l’Institut des lettres de Nantes, qui deviendra collège universitaire[95]. Font exception le lecteur Otero Seco et (à partir de 1961) Jean-Michel Massa, très présents à la faculté.
Sur leurs talents pédagogiques — sur leur façon magistrale d’enseigner —, cela pouvait aller de la lecture par un étudiant d’un extrait d’une des œuvres au programme, par la suite brillamment commenté, de façon apparemment improvisée, par le professeur depuis la chaire[96], au cours dicté, à l’ancienne, à la virgule près, qu’il s’agît de grammaire ou de littérature. Les textes support sont encore dactylographiés et ronéotés, mais des recueils de versions et thèmes publiés sous la direction de Charles V. Aubrun ont pu être utilisés. Ces enseignements sont validés à travers quelques exercices de dissertation, de version ou de thème, assez peu annotés et parfois corrigés en classe.
Tout aussi magistraux mais plus directs et vivants, les nombreux cours donnés en espagnol par le lecteur (Antonio Otero Seco), qui pour la plupart des étudiants étaient le seul contact avec la langue telle qu’on devait la parler (de cours de phonétique ou d’expression orale il n’était pas question) et, à travers elle, avec le pays de référence : l’Espagne, inconnue de la plupart. Des cours magistraux qu’il faisait (dans d’autres universités ils étaient réservés aux professeurs titulaires) sur « El mestizaje intelectual en la literatura peruana » (ILL. 3-4) ou « Los espíritus ilustrados ante la crisis de 1805 a 1815 », par exemple, on conserve d’artisanaux polycopiés et d’abondantes notes et documents. Certains étudiants, notamment les ipésiens, avaient le droit à des cours quasiment particuliers donnés dans la bibliothèque. Don Antonio — c’est ainsi qu’on l’appelait —les consacrait essentiellement à la traduction en espagnol de textes en français — une langue dont rien ne lui était étranger mais qu’il prononçait avec un accent bien espagnol. À partir d’un livre (Tartarin de Tarascon, Le Capitaine Fracasse ou Guadalquivir de Joseph Peyré, par exemple), chacun traduisait à son tour et il donnait la solution correcte — qu’il avait l’habitude de répéter —, avec souvent de savoureuses digressions émaillées d’histoires drôles qui introduisaient ses élèves dans la mémoire vive d’une Espagne qu’ils ne connaissaient — à peine — qu’à travers les livres d’histoire. Il y avait aussi des devoirs à rendre chaque mois, méticuleusement corrigés, avec la bonne solution indiquée en marge, d’une impeccable écriture. De son histoire personnelle il parlait très peu. Ceux qui ont pu écouter ses explications minutieusement préparées sur le théâtre de Valle-Inclán ou d’Alberti et saisir toute leur richesse verbale ou leur contexte historique, guidés par celui qui avait vécu cette époque et avait été témoin et acteur engagé de la République espagnole, n’ont réalisé que bien plus tard toute la chance qu’ils avaient eue[97].
Pour les épreuves plus pratiques, plus que l’exercice de version (classique à souhait, un peu comme en latin, et assez éloignée de ce qu’on entend par traduction), c’est le thème grammatical, sous la houlette de Georges Boisvert puis de Bruno Jereczeck, ou le thème oral, avec le lecteur, qui ont laissé le plus de souvenirs. Les étudiants de licence, mélangés à ceux qui préparaient les concours dans la sombre salle de cours du rez-de-chaussée donnant sur le patio, bénéficiaient de l’apport de leurs aînés mais ne se sentaient pas pour autant suffisamment préparés.
Le 6 mai 1964, les étudiants rennais auront le privilège d’écouter Marcel Bataillon, revenu à la Faculté des lettres quelque vingt ans après. Il dédicacera « à la section d’espagnol » l’exemplaire conservé à la bibliothèque de la traduction en deux volumes de son Érasme et l’Espagne (ILL. 3-5).
En guise de viatique, chaque étudiant dispose en général d’une grammaire espagnole de Bouzet, publiée en 1946[98], et d’un dictionnaire bilingue, bientôt renforcé par un Casares tous terrains[99]. Les plus ambitieux se dotent d’ouvrages de Menéndez Pidal.
Quant à l’apprentissage de la langue orale, qui n’est pas un objectif désigné ni une compétence expressément évaluée, disons qu’il est intuitif : il n’y a pas de laboratoire de phonétique ni de cours de conversation ; les agrégés d’espagnol de la section parlent la langue de façon plutôt appliquée ; les séjours en Espagne sont exceptionnels et tardifs ; les étudiants s’essaient parfois à parler espagnol entre eux. Heureusement qu’il y eut don Antonio, ses enfants et quelques espagnols installés à Rennes : un cordonnier (rue de Paris) et un quincaillier (rue Poulain Duparc) auprès desquels les étudiants se relaient pour faire conversation (Bernard Le Gonidec), ou des tenanciers de bars.
La section et la vie étudiante : la bibliothèque et le club. En dehors des quelques heures de cours hebdomadaires de novembre à juin, les étudiants étaient en quelque sorte les maîtres de la section, au deuxième étage (sans ascenseur) dans l’aile ouest de l’ancien séminaire.
C’est là que se trouvent, situés de part et d’autre d’un couloir, les bureaux des enseignants d’espagnol et de portugais[100] — la plupart peu occupés par leurs titulaires —, dont celui du « chef de section » Michel Darbord, la bibliothèque de section et le club, dit Ateneo*.
La bibliothèque occupe donc une ancienne cellule de séminariste, avec au centre une longue table et des chaises et tout autour sur les murs des rayonnages contenant les quelque 1 000 à 1 200 livres et documents, dont une collection de la BAE et une (incomplète) de Clásicos Castellanos qui sont en accès direct et consultables sur place. Ils portent le cachet rond du cercle d’études hispaniques, remplacé par la suite par un cachet carré/rectangulaire : « Université de Rennes Section Espagnol ». En guise de cote, une lettre (correspondant sans doute à l’étagère) et un n° au crayon rouge. Elle est gérée par des moniteurs* (également chargés des acquisitions) sous la direction du responsable de section, dont le bureau ouvre aussi sur la bibliothèque, donnant ainsi occasionnellement accès à l’odeur de la pipe qu’il fume avec assiduité. Il existe un système de prêt (ILL. 3-6). Les acquisitions, qui se faisaient à Paris, peuvent désormais être assurées à travers la librairie Les Nourritures terrestres (rue Hoche), avant que le système des marchés communs à l’ensemble de l’université ne soit mis en place. En 1960, le budget annuel de la bibliothèque d’espagnol et de portugais est de 1 600 nouveaux francs (1 800 pour celle de latin et 2 000 pour celle de géographie). Les quelques livres acquis au titre des Ipes y seront versés. Il faudrait pouvoir analyser le processus de constitution du fonds, en particulier la part croissante d’ouvrages sur l’Amérique latine (littérature et civilisation), par exemple en lien avec les programmes de concours[101].
Les étudiants ont aussi la possibilité de fréquenter la salle de travail de la BU, spacieuse, avec ses grandes tables et ses usuels, la Enciclopedia Espasa-Calpe par exemple, alors considérée comme une source d’information indispensable malgré tous ses défauts signalés par la suite par Philippe Castellano (2000). Mais le fonds hispanique est insignifiant, même si Robert Marrast fait quelques acquisitions de livres anciens.
Ces bibliothèques, malgré leurs limites, sont des supports utiles pour le travail autonome et permettent parfois d’explorer les marges « sous forme d’un enivrant butinage » (Botrel, sous presse).
Jusqu’alors, à la Faculté des lettres, il n’existait qu’un club, celui d’anglais. Le club d’espagnol (dit Ateneo*[102]) s’installe dans deux des anciennes cellules de séminaristes du deuxième étage. Après Marie-Annick Durand, Marie-France Le Berre en est en 1958-1959 la présidente, assistée d’un président, Jean Le Bouill, une co-présidence qui sera désormais la règle. La présidente agrémente le local de rideaux à petits carreaux, et c’est Jean Cormerais qui emporte les torchons pour les laver chez lui (Marie-France Pagenault). Une carte de membre est requise (ILL. 3-7). Outre le service de boissons diverses, le club organise des conférences, par exemple sur le Paraguay par Le Gouès — avec projections, est-il précisé —, et assure aussi l’édition de polycopiés de cours, ceux d’Antonio Otero Seco en particulier. Bientôt appelé Manicomio*, le club restera un lieu de tertulia* et d’échanges culturels et politiques où résonnent des chants de la Guerre d’Espagne, de Paco Ibáñez ou d’Atahualpa Yupanqui. « Une ambiance bon enfant et rebelle ; on était tous antifranquistes et… à l’époque pro-cubains » se souvient Michèle Leray-Lefort. Il sera animé par Jacques Combes, Jean Rohel, Alain Corbel, Marie-Françoise Bidault, Yvette Hamon (alias Bibi), qui organisent un ciné-club, des « sauteries » et des banquets qui se terminent souvent en chansons, notamment à Combourg et à la Robiquette, réunissant professeurs et élèves, mais aussi des matchs de football.
Depuis 1957, des délégués étudiants élus au scrutin de liste participent aux assemblées de faculté et au conseil d’université. Mais les étudiants d’espagnol ne semblent pas avoir été concernés, pas plus que les enseignants.
Certains étudiants, en revanche, sont impliqués dans le syndicalisme ou la politique : l’Unef, le mouvement de la paix, l’UEC, le Snes (pour les ipésiens), l’Union des intel-lectuels antifascistes, mais aussi la vente de la France catholique (« la France caca », pour ses détracteurs). Un certain nombre d’entre eux participeront au déménagement de la place Hoche à Villejean en 1967.
La situation centrale de la faculté dans la ville de Rennes (qui compte 151 948 habitants en 1962) permet de trouver d’autres lieux de sociabilité dans des cafés tenus par des réfugiés ou émigrés espagnols, comme la Casa Carmelo ou « Ramón » Mestre, ou de rencontrer les fils du lecteur, étudiants aux Beaux-Arts. Certains, dépassant les traditionnelles relations épistolaires avec des correspondants, peuvent bénéficier de cours d’été à Ségovie[103], et d’autres découvrent l’Espagne, notamment en allant mener des recherches pour leur DES, pour une expérience quasi initiatique.
L’enseignement du portugais. Une fois rétabli en 1951, l’enseignement du portugais a d’abord été assuré par des agrégés d’espagnol bivalents[104], comme Yvonne Peyre, professeure agrégée d’espagnol au lycée de jeunes filles de Nantes. D’abord avec deux heures, une troisième heure étant demandée pour pouvoir compléter la licence en 1954-1955, alors qu’il y a quatre étudiants en attente, dont Jean Cormerais. C’est la Crestomatia antiga qui, sur le modèle de la Sorbonne, servira de manuel de base. Il y a un lecteur, José Antonio Duarte Marques. De 1956 à 1960, Georges Boisvert, nommé assistant d’espagnol, donne à cet enseignement une plus grande stabilité, appuyé par Michel Darbord, lui-même lusiste[105]. En 1957, malgré les réticences de Boisvert et Darbord, Francisco Xavier Pina Martins Prata succède à José Antonio Duarte Marques au lectorat de portugais. Il assurera aussi des cours du soir.
Après le départ de Georges Boisvert, son poste ayant été dédoublé, un recrutement spécifique pour le portugais peut être réalisé en 1960 : c’est Jean-Michel Massa[106] qui est choisi (ILL. 3-8) — sans doute le premier lusiste sans formation d’hispaniste. Avec son arrivée, tout en ayant partie liée avec l’espagnol, l’enseignement du portugais prend davantage d’autonomie.
Pour succéder à Francisco Xavier Martins Prata[107] dans le poste de lecteur arrive en 1965 Luis Manuel Lopez Leitão Estrela. À partir de 1961, l’enseignement du portugais peut compter sur un poste de lecteur de brésilien d’abord attribué par l’État brésilien (jusqu’en 1964), successivement occupé par Wanderley Tavares (1960), puis Yvonne Grubenmann (1962), Vivice Azevedo, remplacée par João Batista Fonseca (1967), Benedito José Viana de Costa Nunes (1968), remplacé par Ione de Andrade. En 1967 Liberto Cruz est lecteur de portugais, bientôt rejoint par son épouse Maria.
En 1965-1966, à l’initiative de Jean-Michel Massa, un certificat de littérature et civilisation latino-américaines est proposé, à cheval entre l’espagnol et le portugais et qui suppose chez les étudiants des compétences dans les deux langues. Il ne pourra ouvrir faute d’encadrement[108].
Recherche et premières publications. Pendant cette période, il n’est guère question de la recherche à la section d’espagnol : c’est avant tout une affaire individuelle et de carrière[109] ; chacun prépare sa thèse de doctorat d’État, une recherche qui prend entre 10 et 20 ans. C’est à peine si l’on sait qu’Antonio Otero Seco est collaborateur attitré de différents périodiques. Dans les archives de l’université, on trouve néanmoins trace de quelques autorisations d’absences pour participation à des colloques ou congrès.
Pour les étudiants l’initiation à la recherche passe essentiellement, après l’obtention d’une licence d’enseignement, par la production d’un mémoire en vue de l’obtention du DES toujours nécessaire pour se présenter à l’agrégation. Dans l’inventaire réalisé par Dominique Ferré en 2002 on en comptabilise quatorze en 1960, puis une moyenne de cinq-six par an, préparés sous la direction assez lointaine d’enseignants. Tous cependant n’ont pas été déposés à la Bibliothèque universitaire[110]. Les sujets choisis témoignent d’une grande variété. On observera que dans leur grande majorité ils sont rédigés en espagnol et que l’Amérique latine n’est guère représentée (un mémoire sur 14 en 1960), mais en 1967 on peut déjà observer une certaine évolution à cet égard.
La reconnaissance officielle et le début d’une certaine visibilité de la recherche dans le domaine ibérique (espagnol et portugais), qui ne dispose d’aucun professeur ou maître de conférences* et n’est pas représenté au conseil de faculté, n’interviendront qu’en 1966 avec la création d’une collection d’études sur les mondes hispaniques et luso-brésiliens, initiée avec la publication aux Presses universitaires de France, dans la collection Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de Rennes, avec les numéros X et XI, de volumes consacrés respectivement à La bibliothèque d’Espronceda (d’après un document inédit) : articles et discours oubliés, éd. de Robert Marrast (Paris, Puf, 1966, 63 p.) et à des Études luso-brésiliennes, signées de Jean-François Botrel, Jean-Michel Massa et Armelle Le Bars (Paris, Puf, 1966, 61 p.).
Cette initiative conjointe de Jean-Michel Massa et Robert Marrast depuis le Centre d’études hispaniques, devenu Centre d’études hispaniques et hispano-américaines (ILL. 3-9) mais aussi Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, et qui n’a désormais d’autre existence et justification que de permettre au conseil scientifique d’attribuer les subventions nécessaires, a sans doute aidé à la reconnaissance de l’espagnol et du portugais au sein de la faculté mais aussi de l’hispanisme rennais lato sensu dans l’hispanisme français[111]. Elle aura, en tout cas, de très fécondes et durables conséquences (cf. annexe C).
Le grand renouvellement (1966-1967). Cette année 1966 voit un nouveau et profond changement dans la section d’espagnol avec le départ simultané des deux chargés d’enseignement (rangs A), Michel Darbord et Robert Marrast, mais aussi de Jean Prigent. Le premier, qui a soutenu sa thèse, est appelé à l’Université de Nan-terre, qui vient d’être créée, et le second retrouve la Sorbonne. Pour pren-dre la relève et nantir deux postes créés pour faire face au sous-encadrement lié à l’augmentation des ef-fec--tifs, une nouvelle équipe est recrutée par le doyen de la faculté à partir des suggestions faites par les enseignants sur le départ. La rentrée d’octobre 1966 voit donc l’arrivée de cinq « parisiens » de la Sorbonne : Albert Bensoussan[112] — bientôt appelé « Ben » par ses étudiants, qui choisit immédiatement de s’installer à Rennes avec son épouse Mathilde Tubau-Bensoussan, professeure au lycée Bréquigny (ILL. 3-10) — et Jean Vilar Berrogain[113], bientôt rejoints par Aline Schulman[114] et Étienne Cabillon[115], puis par Claude Fell[116], spécialiste de l’Amérique latine qui s’installe également à Rennes avec son épouse Ève-Marie, professeure agrégée dans le secondaire. L’année suivante, deux nouveaux assistants sont recrutés ; pour la première fois, il s’agit d’anciens étudiants de Rennes : Bernard Le Gonidec[117], pour succéder à Jean Prigent en espagnol, et Jean-François Botrel[118] —encore sous les drapeaux— sur un poste d’espagnol et portugais. C’est cette équipe renouvelée qui, à la rentrée 1967, prend en charge une nouvelle organisation de l’enseignement avec la mise en place du diplôme universitaire d’études littéraires (Duel), dont les épreuves d’examen, communes à toutes les langues, comportent quelques spécificités pour les langues romanes[119].
Avec l’introduction de la compréhension orale, les aptitudes linguistiques com-mencent à être mieux prises en compte. La 3e année com-prend un certificat L (com-me littérature) et au choix un certificat C1 de civilisation espa-gnole[120] et un autre de litté-rature et civilisation américaine ou de portugais. La 4e année est consacrée à un certificat C2 et à un mémoire. La part de l’Amérique latine commence à s’affirmer, même si dans les programmes de civilisation, par exemple, les questions concernant l’Espagne péninsulaire continuent à prédominer. Mais selon Michèle Leray-Lefort, « les programmes de littérature et de civilisation étaient très bien conçus car à la fin de la licence on avait une vue panoramique de toutes les époques, ce qui ne sera plus le cas dans les années 1990 ».
Sauf exception, la plupart des enseignants restent polyvalents, avec des services de trois heures hebdomadaires pour les rangs A et de cinq à six heures pour les rangs B, allant de la version et du thème ou de l’expression écrite ou orale en première année à une question de littérature médiévale à l’agrégation, sans oublier le commentaire ou l’analyse de document et l’explication de texte[121] mais aussi, en cas de besoin, le langage de base. Les questions et auteurs mis au programme sont toujours largement déterminés par le programme des concours et les choix personnels des enseignants, et on peut toujours être licencié d’espagnol sans savoir eu à lire le Quichotte. Ce qui est sûr, néanmoins, c’est que la formation à la littérature et à la civilisation latino-américaines est désormais bien garantie et assurée.
Pendant ces deux dernières années, Michèle Leray-Lefort se souvient d’un « contact facile avec les enseignants » : « je me sentais bien à la section d’espagnol — écrit-elle —, j’aimais l’ambiance bon enfant ou rebelle du club. Savoir que la plupart des enseignants étaient “de gauche” ajoutait à l’intérêt. Les cours de Claude Fell sur l’Amérique Latine (Fuentes, Arguedas, Asturias, Cortázar, Neruda, etc.) étaient passionnants ». Elle raconte aussi comment, ayant appris que, fraîchement licenciée, elle n’était jamais allée en Espagne — chose assez fréquente à l’époque —, Albert Bensoussan décrocha son téléphone et appela devant elle Isabel et Pedro Dicenta, professeur d’histoire déchu par le régime franquiste, petit-fils de Joaquín et frère de l’acteur Manuel, qui l’accueillirent pendant le mois d’août 1967 à Madrid. Elle leur dut bien sûr de découvrir Madrid et ses environs, mais surtout de parfaire son aisance dans la langue à leur contact et à celui de tertulianos qui s’appelaient Alfonso Grosso, Josefina Aldecoa, Armando López Salinas, Blas de Otero, Antonio Gades, Nicolás Sartorius, etc.
Entre 1965 et 1967, on sait aussi d’un ciné-club animé par Albert Bensoussan et Aline Schulman, avec des films de Buñuel, Bardem ou Berlanga[122], et de concerts ou récitals d’Ovidi Montllor et de Pi de la Serra donnés à la faculté mais aussi à Saint-Servan et dans un quartier de Rennes (Maurepas). À des dates qu’il faudrait préciser, la section a invité pour des conférences Albert Dérozier, Noël Salomon, Elsa Dehennin (sur Jorge Guillén), Francisco Carandell, ou Alberich (Exeter) sur Mariona Rebull, mais aussi le poète et essayiste argentin César Fernández Moreno (ILL. 3-11). Une ouverture également marquée par la première traduction d’Albert Bensoussan, en 1965 ; par des collaborations dans la presse nationale d’Albert Bensoussan et Claude Fell, en plus de celles d’Antonio Otero Seco ; mais aussi par le début de participations aux congrès de la SHF ou par l’implication dans des revues professionnelles comme Les Langues modernes (Claude Fell). En 1967, au congrès de Poitiers de la SHF, Albert Bensoussan, Claude Fell et Jean-Michel Massa sont les représentants de Rennes[123].
À la fin de l’année universitaire 1966-1967, la section d’espa-gnol comprend donc six enseignants et demi et une enseignante[124], tous récemment recru-tés, à l’exception d’Antonio Otero Seco, et la section de portugais, trois et demi[125]. En avril 1967 il y avait 95 inscrits à l’examen de 1re année d’espagnol. Comparée à l’embryon de 1947, la section d’espagnol semble beaucoup plus sûre d’elle-même, bien que son assise soit encore largement à conforter au sein d’une faculté où les disciplines traditionnelles prévalent. Comme l’écrivait Jean-Michel Massa au doyen de la faculté le 24 février 1965 (dans le cadre des études préparatoires au Ve Plan), « Rennes semble être bien placée pour devenir dans l’ouest un centre actif des études de langues espagnole et portugaise [puisque] Caen et Nantes ont un moindre encadrement (moins de professeurs et un nombre d’étudiants inférieur) et seule Rennes a une licence de portugais ».
Mais la grande affaire, en cette fin d’année universitaire, c’est le prochain transfert, prévu pour la rentrée d’octobre 1967, de l’ensemble de la Faculté des lettres de la place Hoche, au centre de Rennes, vers le quartier périphérique de Villejean, dans les nouveaux bâtiments construits par l’architecte Louis Arretche (cf. Lespagnol, 2019).
Une nouvelle année universitaire se prépare ; elle sera courte et assez agitée.
1968-1985. Le temps de l’innovation
La section d’espagnol et mai 68 – L’essor de l’espagnol – Le renforcement de l’équipe pédagogique – LLCE et/ou LEA – Une pédagogie innovante – La préparation aux concours – Premières thèses et premières équipes de recherche – Les publications du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes – La section dans et hors l’université – La vie de la section – Mémoire et solidarités – La section vue par les siens et par les autres.
La section d’espagnol et mai 68. L’emménagement dans les nouveaux locaux de Villejean (onze bureaux et une grande salle pour la bibliothèque) à l’extrémité nord du bâtiment B, au dernier étage, mobilise la plupart des enseignants de la section, qui se sont retroussé les manches, mais aussi les moniteurs* et les étudiants du club. Il se fait sans trop de mal, hors un assaut de puces « qui avaient établi domicile depuis des lustres sur les étagères en bois de la bibliothèque de section » (Michèle Leray-Lefort) et la disparition d’une caisse de livres d’art. Albert Bensoussan en réfèrera au doyen de la faculté, dans une lettre du 17 novembre 1967.
Si, en cette rentrée 1967, la vie de la section reprend sans trop de heurts, cette première année à Villejean va se trouver largement affectée par les événements de mai 68. Au-delà des souvenirs de chacun des témoins ou acteurs d’une période qui va de mars 68 à la rentrée d’octobre et au-delà (cf. Botrel, 2018), il reste de ces intenses moments quelques traces d’initiatives ou propositions en matière pédagogique élaborées par des étudiants en liaison parfois avec leurs enseignants. Jacques Combes, alors étudiant, se souvient d’avoir, avec Jean Rohel, animé maintes assemblées au sujet de la refonte des études d’espagnol et avoir participé aux réunions de section avec les enseignants. Les résultats de ces réflexions sont consignés dans un rapport de la Commission examen-pédagogie de la section d’espagnol-portugais (ILL. 4-1).
Dans l’immédiat, les événements de mai 1968, indépendamment de quelques aménagements des examens avec leur report en septembre, ont entraîné quelques innovations en matière d’enseignement et d’évaluation des connaissances. En 1968-1969, la première année est par exemple validée à l’issue d’un « contrôle permanent » avec quatre exercices sur table en version-thème et explication de texte d’une durée de quatre heures, complété par un commentaire de texte par écrit, un rapport de lecture sur une œuvre de littérature espagnole ou latino-américaine et un contrôle permanent en phonétique.
Pour la deuxième année, le contrôle permanent s’opère à partir des travaux suivants : cinq exercices de version-thème, dont trois sur table (de quatre heures) ; un contrôle philologique en fin d’année ; trois contrôles en latin ; un exercice annuel et sur table sur chacune des questions ou des œuvres au programme (la langue n’est pas précisée).
Comme incitation au travail autonome, des groupes de travail universitaires (GTU) sont constitués qui donnent lieu à des travaux écrits et à des exposés oraux à deux ou à trois avec une appréciation individuelle et collective, chaque étudiant devant participer à au moins un exposé oral (ILL. 4-2 A et B). La pratique semble avoir disparu au bout de deux années.
Dans le cadre encore maintenu du Duel relatif aux langues vivantes étrangères, les modalités d’évaluation par année sont revues, avec l’introduction d’une part importante de contrôle « permanent » en remplacement des épreuves écrites (deux en 1re année, trois en 2e année) et orales (trois en 1re et en 2e année) de l’examen final jusqu’alors existants, destiné à lutter contre les aléas de l’examen final unique, avec un équilibre entre écrit et oral (la compréhension, cependant, semble ne plus être évaluée) et une relative importance encore accordée au latin, qui n’était qu’optionnel en 1re année. Des modalités spécifiques sont prévues en juin et septembre pour ceux qui n’ont pu bénéficier du contrôle permanent.
Quant à la gestion — plus ou moins mixte ou « paritaire » — de la section, qui prévoit une représentation étudiante, elle a donné lieu à une protestation d’étudiants anonymes qui, dans une lettre non datée au doyen de la faculté, s’excusent « de ne pouvoir signer par crainte de représailles » mais dénoncent pêle-mêle la politisation, l’existence d’une salle baptisée Guevarra [sic], l’attribution aux seuls « héros » de mai-juin de postes de moniteurs*, les manœuvres du chef de section et « des quelques professeurs médiocres qui restent », un mode d’élection aux commissions paritaires qui permet de faire élire des candidats soigneusement préparés par les « castristes » alors que tant d’étudiants sont absents et qui tiennent à « répéter que la crainte la plus sourde paralyse certains étudiants qui sentent trop que la Fac est toujours entre les mains d’un Snesup et d’une Unef révolutionnaires ».
De ce moment, il ne restera pas grand-chose en termes d’organisation, mais on pourra en trouver des traces dans une pédagogie recourant davantage aux méthodes actives et à de nouveaux systèmes d’évaluation. Indéniablement, de nouveaux rapports entre étudiants et enseignants s’instaureront ainsi qu’entre les enseignants eux-mêmes (avec la fin progressive du « mandarinat »), marqués d’une volonté durable de réforme du système d’enseignement, y compris en espagnol.
Dans l’immédiat, les conséquences directes de mai 68 et de la loi Faure du 12 novembre 1968 sont pour la Faculté des lettres sa disparition en tant que telle et sa transformation, avec quelques ajustements, en Université de Haute-Bretagne-Rennes 2[126], une des 49 créées à l’époque[127]. Elle comprendra 11 unités d’enseignement et de recherche (UER) dont l’UER LLCE comme langues, littératures et civilisations étrangères, dite « autres langues[128] » car il y a une UER d’anglais à part entière.
La « section d’espagnol » — c’est toujours son appellation courante — n’est guère associée aux intenses travaux qui ont accompagné la période dite transitoire. Selon Paul Lavaud[129], les enseignants d’espagnol furent peu présents au comité paritaire, où ils ne comptaient qu’un élu suppléant : Bernard Le Gonidec. Côté étudiants, il y avait trois élus d’espagnol : Jean-Yves Mérian, qui fera ensuite partie du Comité provisoire, Jacques Combes et Jean-Michel Drougard (cf. Lespagnol, 2016).
Appartenant donc, comme le portugais, l’italien, l’allemand, etc., à l’UER « autres langues », qui a pour responsable administrative Mme Margat, la section d’espagnol est administrée par les enseignants avec l’appui d’étudiants-moniteurs : Nicole Guépin, en 1970-1971, Michèle Leray-Lefort, collaboratrice technique[130], puis Dominique Ferré, qui sera également en charge de la bibliothèque de section. Elle disposera bientôt de personnel issu de l’administration universitaire : Monique Morvan puis Jacqueline Thomas, la scolarité étant toujours gérée au niveau central.
Entre 1967 et 1984 la section d’espagnol a connu de nombreux « responsables », comme on disait alors : d’abord pendant presque dix ans Albert Bensoussan, parfois assisté d’un co-directeur comme Jean Le Bouill en 1969 ; puis Bernard Le Gonidec (1976-1978) et Claude Fell à qui, peu avant son départ pour Paris 3, succède en 1980 Danièle Bussy-Genevois, aidée « ainsi qu’il est habituel dans notre section » par un bureau où figurent Jacqueline Covo-Maurice et Jean Le Bouill. En 1983, c’est Jean Le Bouill qui est responsable de section
Jusqu’à la fin des années 1970, la section d’espagnol partage encore des moyens avec la section de portugais. Outre le Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, sous l’égide duquel se fait la publication annuelle[131], le secrétariat et la bibliothèque sont par exemple en commun et l’emploi du temps de leurs responsables donne lieu à de nombreuses discussions. Si une première tentative de création d’un enseignement centré sur l’Amérique du Sud (sorte de préfiguration d’une chaire des Amériques) ne prospèrera pas, à sa création après 1974 le DEA (Diplôme d’études approfondies) sera également en commun. Entre le portugais et l’espagnol on note des arrangements concernant, par exemple, les postes d’associés[132]. Le fait que Jean-Michel Massa soit alors le seul professeur titulaire (depuis 1970 ou 1971) a évidemment une importance, y compris pour le recrutement des enseignants d’espagnol. Même si bon nombre des enseignants recrutés en portugais après 1968 (Françoise Massa en 1970, Jean-Yves Mérian en 1973, ou Jean-Paul Caudrec) sont à l’origine des enseignants d’espagnol, la création d’un Capes de portugais en 1970 et d’une agrégation en 1974 aura bientôt pour conséquence le recrutement d’enseignants issus de ces concours, comme Marie-Françoise Bidault. La section de portugais compte toujours des lecteurs portugais et brésiliens[133]. Elle a une politique particulièrement active d’invitation d’enseignants associés (José Carlos Carbuglio par exemple en 1973-1975). La recherche en portugais s’appuie sur l’organisation de séminaires et colloques sous l’autorité de Jean-Michel Massa. En décembre 1971 (du 16 au 19), le cinquantenaire de la création en Bretagne de l’enseignement du portugais est célébré avec l’organisation d’un colloque pluridisciplinaire autour de Bretagne-Portugal-Brésil. Échanges et rapports, dont les actes seront publiés en deux volumes en 1973 et en 1977 (ILL. 4-3). En 1975, la section de portugais est constituée de Jean-Michel Massa, Marie-Françoise Bidault, Jean-Yves Mérian, Françoise Massa et de trois lecteurs (Liberto Cruz, Carlos Alberto Antunes Maciel, Silvia Torres de Castro).
En dehors des réunions de section et du couloir sur lequel donnaient des bureaux presque toujours ouverts, un autre lieu de rencontre entre les enseignants et les étudiants est la bibliothèque d’espagnol (et de portugais). Elle est installée dans une grande salle du 2e étage du bâtiment B, avec des tables et rayonnages en accès libre. À partir du fonds « historique » de la place Hoche (moins la caisse de livres égarée), elle va progressivement s’enrichir sous la supervision d’un enseignant. Un nouveau système de cotation est appliqué à l’ensemble[134] par une monitrice (Michèle Leray), puis par un bibliothécaire attitré (Dominique Ferré[135]) qui assure aussi le prêt mais doit partager son temps avec le portugais. En 1984, la bibliothèque d’espagnol comprend environ 13 000 titres. En hommage à Antonio Otero Seco, décédé en 1970, il est décidé de donner son nom à la bibliothèque : un portrait peint par son fils cadet Mariano Otero et une plaque assurent sa présence tutélaire[136].
L’essor de l’espagnol. Au plan national, sous les effets du baby boom (645 899 naissances en 1945 ; 843 904 en 1946), les effectifs de l’enseignement secondaire font plus que doubler entre 1960 et 1980 : de 1 400 000 à 3 140 000. Par ailleurs, c’est dans les années 1970 que la langue espagnole devient la seconde langue la plus enseignée dans le secondaire[137], avec pour conséquence une augmentation de la demande dans l’enseignement supérieur, dont les effectifs sont multipliés par presque quatre entre 1960 et 1980[138]. Dans l’immédiat, de 4 201 étudiants en 1962 et 3 688 en 1964, l’ancienne Faculté des lettres accueille en 1969 plus de 6 000 étudiants[139]. Elle dispose de 171 enseignants au total.
À la rentrée 1972 il y a 101 étudiants en première année d’espagnol, 125 en 2e, 152 en licence, 70 en 4e année, 60 en concours, mais on peut désormais faire des études d’espagnol à Brest, à l’Université de Bretagne occidentale (UBO), fondée en 1971[140].
L’essor relatif de l’espagnol à Rennes 2 peut se mesurer en comparant ses effectifs avec ceux de l’allemand : en 1967 il y a 95 étudiants inscrits à l’examen de première année en espagnol contre 129 en allemand, 277 en anglais et 19 en italien, mais en 1969 le nombre d’étudiants de premier cycle en espagnol[141]) dépasse celui de l’allemand (363/297). En novembre 1969 il y a plus d’étudiants en 2e cycle d’espagnol (152) qu’en lettres classiques (128). En 1968-1969, 73 licences sont délivrées entre les deux sessions ainsi que 17 maîtrises. En 1974-1975 le nombre de reçus s’élève à 80 en 1re année ; 27 en 2e, et 52 en licence[142]. En 1985-1986 il y a 560 étudiants inscrits en espagnol (37 en portugais, 93 en italien).
Le renforcement de l’équipe pédagogique. À la rentrée 1968 la section d’espagnol dispose de neuf postes (deux maîtrises de conférences, occupées par des chargés d’enseignements, trois maîtres-assistants, quatre assistants dont un à titre étranger, sollicité et obtenu pour Antonio Otero Seco), permettant d’assurer 42 h 30 de cours hebdomadaires dont 6 h 30 pour les concours. Le 9 novembre 1968 le doyen de la faculté informe Albert Bensoussan que le ministre envisage de créer un poste de maître-assistant à la section d’espagnol et lui demande s’il a un candidat pour ce poste.
Le départ d’Aline Schulman et le poste d’assistant laissé vacant à la suite de la création d’un poste de maître-assistant entraîne le recrutement en novembre 1968 de Francine Caron[143] et pour peu de temps (trois mois !) de Paul Estrade[144], remplacé par Mathilde Tubau-Bensoussan[145]. Cette équipe va se trouver renforcée avec le recrutement de Michel Launay, qui va assurer l’enseignement de la linguistique, désormais considérée comme indispensable — une découverte passionnante pour les étudiants[146] —, et en 1969 avec celui de son ancien professeur à Redon, Prosper Divay[147]. La même année, Jean Le Bouill[148] est appelé à occuper le poste de maître de conférences* laissé vacant après le départ de Jean Vilar.
En 1970 sont recrutés comme assistants Danièle Bussy-Genevois[149] et deux anciens étudiants : Jean-Pierre Sanchez[150], professeur à l’École normale de Rennes, et Yannick Kerneur (1943-2023). Ils sont rejoints en 1972 par Marie-Claude Vial[151], qui restera peu de temps.
À la suite du départ de Michel Launay pour la Casa de Velázquez, en 1974, Carmen Salaün-Sanchez[152] est recrutée comme assistante pour l’indispensable —désormais— enseignement de la linguistique.
En 1969, le projet du début des années 1950 est enfin concrétisé et un premier poste de lecteur hispano-américain est créé à compter du 1er octobre, « aboutissement de nos efforts multiples en vue de donner à Rennes un enseignement valable de la culture et des civilisations hispano-américaines », écrit Albert Bensoussan. C’est Juan José Saer[153], introduit par Claude Fell, qui y est nommé.
Après la mort d’Antonio Otero Seco, le 29 décembre 1970, dans son définitif exil, d’autres lecteurs sont recrutés : espagnols, comme Francisco Luque Paz[154], Ana Portuondo Pérez ou Alfredo López Vázquez ; chiliens, comme María Teresa Araneda Reyes[155] (à la rentrée 1971) et, à la suite du coup d’État de Pinochet, en 1974, Osvaldo Obregón[156] puis Gabriela Iturra-Obregón[157] ; ou encore argentins, comme Raúl et Marilyn Beceyro[158].
Avec l’arrivée à Rennes — et ailleurs — la plupart du temps sur des postes de lecteurs, d’universitaires, créateurs ou intellectuels contraints à l’exil par les régimes dictatoriaux de leurs pays d’origine, l’université a pu bénéficier de grandes compétences, médiocrement rémunérées, même si une préoccupation constante a été d’améliorer leur statut et partant leur condition matérielle en les accueillant sur des postes d’enseignants associés. Pour la plupart ils se sont efforcés de s’adapter au système d’enseignement en vigueur[159] et certains ont pu poursuivre une carrière universitaire dans l’enseignement supérieur français. Pour la discipline, jusqu’alors encore très centrée sur l’Espagne, cela a représenté un apport considérable en permettant une prise en compte accrue de la dimension hispano-américaine de l’espagnol, avec toutes ses modalités et ses accents.
Si après 1968 ce n’est plus le doyen de la Faculté devenu président de l’Université qui se charge du recrutement des enseignants, celui-ci se fait encore largement par cooptation (le terme « copinage » a été quelquefois employé) à partir de propositions ou recommandations de membres de la section, qui donne son avis et décide avec quelquefois certaines tensions internes.
En 1975, la section d’espagnol est composée de quatorze enseignants : trois chargés d’enseignement (Albert Bensoussan, Claude Fell, Jean Le Bouill), un maître de conférences* associé (Juan José Saer), cinq maître-assistants (Mathilde Tubau-Bensoussan, Jean-François Botrel, Francine Caron, Prosper Divay, Bernard Le Gonidec), quatre assistants (Danièle Bussy-Genevois, Yannick Kerneur, Jean-Pierre Sanchez, Carmen Salaün-Sanchez), un assistant associé, par transformation d’un poste de lecteur (María Teresa Araneda Reyes), et quatre lecteurs (Francisco Luque Paz, Osvaldo Obregón, Gabriela Iturra-Obregón et Alfredo López Vázquez). Elle est encore aux deux-tiers masculine.
Dans les recrutements opérés depuis 1966-1967 on peut observer la prédominance d’agrégés du secondaire — polyvalents par conséquent —, la présence croissante d’anciens étudiants de Rennes (Bernard Le Gonidec, Jean-François Botrel, Yannick Kerneur, Prosper Divay, Michel Launay, Jean Le Bouill) ou de collègues en poste dans l’académie de Rennes (Mathilde Tubau-Bensoussan, Jean-Pierre Sanchez) ainsi que d’hispanophones natifs. La part des enseignants non-résidents, parisiens (familièrement dits « turboprofs ») ou bretons, est encore importante[160] mais la section d’espagnol a cessé d’être une annexe de la Sorbonne. L’attraction parisienne persiste cependant et on observe une plus grande mobilité, le rapprochement du lieu de travail et du lieu de domicile restant une légitime préoccupation. Des profils plus spécifiques (linguistique, Amérique latine, Espagne classique, LEA, image[161]) commencent à être définis qui vont même, pendant un temps, concerner les orientations de recherche, notamment sur la presse.
Indépendamment des lecteurs dont le séjour à Rennes est de plus en plus réduit dans le temps (Eugenio Fuentes, María José Gómez de Segura, etc.), au fil des créations de postes, notamment pour les LEA, d’autres recrutements vont se faire : en 1977, Jean-Michel Desvois[162], alias Juan Miguel de las Voces, et en 1983 Marie-Claude Chaput[163], qui interviennent principalement dans la filière LEA, « une filière encore considérée comme « un pis-aller par certains », se souvenait Marie-Claude Chaput (Botrel, 2022). À partir de 1977 (décret du 24 août), c’est désormais une commission de spécialistes commune aux trois langues romanes (14e section) qui propose au conseil scientifique de l’université les enseignants au recrutement, un système qui, avec quelques variations, perdure jusqu’à aujourd’hui.
Chaque fois que l’occasion s’est présentée, notamment à la suite de détachements de titulaires (par exemple, à la Casa de Velázquez pour Jean-François Botrel et Michel Launay), des assistants, maître-assistants ou professeurs ont été associés à la section — souvent d’anciens lecteurs comme Eugenio Fuentes ou José Ignacio Velázquez.
Pendant toute cette période, la section d’espagnol a aussi heureusement pu compter sur le concours de nombreux chargés de cours en poste à Rennes 2, comme Daniel-Henri Pageaux[164], Albert Foulon, pour l’épreuve de latin de l’agrégation ou Guy Le Bihan pour la linguistique, ou bien dans l’enseignement secondaire[165]. Sans garantie d’exhaustivité, on citera : Geneviève Berthelot, Jacques Combes[166] ; Pierre-Marc Pagenault, Mathilde Tubau-Bensoussan et Jean-Pierre Sanchez (avant leur recrutement comme assistants), Bernard Vauléon, Alain Deguernel[167], professeur de classes préparatoires au lycée Chateaubriand de Rennes, Jocelyne Salvarrey, Louis dit Luigi Pascaud, Pierre Le Corre, Michel Divay, Carlos Navarro-Valenzuela. Avant que ne soit requis l’avis d’une commission ad hoc, le recrutement des chargés de cours se fait, comme pour les autres enseignants, par cooptation, souvent parmi d’anciens étudiants.
En 1978, la section d’espagnol s’est considérablement renforcée par rapport à 1967-1968, mais c’est seulement à partir de 1979 qu’après la soutenance de leurs thèses d’État par les intéressés elle va pouvoir disposer de professeurs des universités titulaires, avec notamment la possibilité de diriger des thèses. Le premier sera Albert Bensoussan en 1979, bientôt rejoint en 1980 par Jacqueline Covo[168], recrutée sur le poste laissé vacant par Claude Fell[169], puis par Jean Le Bouill en 1981 et Jean-François Botrel en 1983.
LLCE et LEA. Après 1968, l’organisation des enseignements a connu quelques évolutions. Dans la maquette pour 1971-1972, l’enseignement dans le cadre du Duel (diplôme universitaire d’études littéraires) est désormais organisé en unités de valeur (17 au total). Des UV de langue (compréhension et expression) en 1re et 2e année (dont une valeur de grammaire, philologie et latin) et de civilisations contemporaines en première année. Des UV qu’on retrouve en 2e année, mais plus ciblées, avec civilisation espagnole et civilisation hispano-américaine et, en plus, l’espagnol économique. Les littératures classique et contemporaine, espagnole et hispano-américaine ne sont abordées qu’en licence avec une valeur chacune. L’explication de texte fait l’objet d’une valeur spécifique et il en existe une de catalan.
En 1973, avec la mise en place du diplôme d’études universitaires générales (Deug), les équilibres sont globalement maintenus, avec néanmoins le rétablissement de la littérature en 2e année et la prise en compte du latin. Les enseignements se font toujours sous forme de valeurs. Au programme de la 1re année de Deug B (qui est un Deug de spécialité) : langue, littérature et civilisation I ; compréhension de la langue orale et écrite ; civilisations contemporaines ; langue, expression écrite et orale. En 2e année : civilisation d’Espagne et d’Amérique latine ; littérature d’Espagne et d’Amérique latine ; traduction et exercices linguistiques ; expression écrite et orale II et espagnol de l’économie, de la gestion et du commerce, initiation à la langue et littérature et civilisation I et II. Les modalités du contrôle écrit et oral s’appliquent à chacune des UV sous forme d’épreuves en nombre variable, mais qui peuvent atteindre le chiffre de quatre en civilisation de l’Espagne, avec la prise en compte de « dossiers » ou du « travail personnel ». Pour les étudiants, le nombre d’heures d’enseignement reçues est de 15 en 1re année, et de 12 en 3e année. À la rentrée 1974, sont créées une UV de « méthodes pédagogiques » et une autre de « relations latino-américaines » qui nécessite une connaissance de l’espagnol et du portugais.
L’insistance mise sur l’apprentissage de la langue telle qu’on la parle ou l’écrit (compréhension, expression mais aussi phonétique) est désormais patente ; le rôle des lecteurs s’en trouve considérablement accru. On observe également un parfait équilibre entre Espagne et Amérique latine (ILL. 4-4). En 1980-1981, une UV « techniques d’animation pédagogiques [sic] » est proposée ainsi qu’une UV dite « traduction de textes et langue de spécialité ». Depuis 1970-1972, un enseignement de catalan qui, depuis 1974, peut être choisi à l’oral de l’agrégation à côté du portugais et du latin est assuré par Mathilde Tubau-Bensoussan et l’enseignement de la « langue des autres spécialités » est toujours organisé par la section d’espagnol.
Avec la réforme du 1er cycle, la principale innovation est sans doute la mise en place d’un Deug C dit bilingue, qui est un assemblage de valeurs de deux langues, avec des enseignements d’économie et de droit français ; les étudiants choisissent deux valeurs de langue espagnole par année. L’instauration de ce Deug C à côté du Deug B ouvre la voie à la création d’une filière LEA Deug et licence qui peut être suivie de maîtrise de sciences et techniques (MST) relations internationales ou traduction spécialisée, créées également au début des années 1970.
Les enseignants de la section d’espagnol interviennent dans ces formations qui attirent de plus en plus d’étudiants et requerront bientôt le recrutement de nouveaux enseignants se spécialisant dans un domaine où certains collègues « voient encore un pis-aller » (Marie-Claude Chaput). Si les enseignants d’espagnol en LEA continuent d’appartenir à la section d’espagnol, les liens commencent à se distendre. L’organisation de la filière est désormais prise en charge de façon spécifique qui débouchera à la fin des années 1970 et formellement en 1985 sur un département LEA[170].
Les exercices pratiqués dans la filière LLCE, outre la version et le thème à côté de la compréhension et de l’expression, sont l’explication de textes, la dissertation, mais aussi l’analyse de documents dont la généralisation de la photocopie permet une plus facile mise à disposition des étudiants.
Les modalités de contrôle des connaissances, (contrôle continu et examen, écrit et oral), font l’objet de descriptions détaillées dans un annuaire.
Concernant les contenus précis des enseignements de littérature ou de civilisation, par exemple, si après 1968 quelques annuaires communs à l’Université Rennes 2 ont été publiés, à la différence des annuaires antérieurs ils n’ont pas enregistré d’informations à cet égard : c’est semble-t-il l’affaire de chaque enseignant, qui peut décrire et préciser les contenus et les objectifs à atteindre pour son propre cours mais sans permettre aux étudiants de préparer par avance. Il faut donc s’en remettre à des informations aléatoires et lacunaires sauf évidemment s’agissant des concours, où l’information est publiée à l’avance et conservée.
En 1976 un 2e cycle rénové (licence et maîtrise) est mis en place. L’obtention de la maîtrise passe en particulier par la production d’un mémoire (Dominique Ferré en a recensé 153 entre 1968 et 1977, soit une moyenne de 15 par an).
En 1974 le doctorat de 3e cycle est institué ainsi que le DEA, qui va bientôt concerner l’espagnol.
Les obligations annuelles des enseignants sont de 192 heures équivalent TD, soit 128 heures de cours magistraux et 384 heures de TP. Les enseignants du second degré, quant à eux, doivent 384 heures et les lecteurs 300 heures de TP.
Une pédagogie innovante. Sur les conséquences éventuelles du mouvement de 68 sur le contenu des programmes et des auteurs il faudrait pouvoir disposer d’informations plus précises[171]. Quelque chose semble néanmoins avoir changé dans la façon de travailler proposée aux étudiants, plus active et collective. En témoignent par exemple les instructions données par Michel Launay en 1970-1972 pour l’étude de la question « Le Cid de l’épopée médiévale au théâtre », dans le cadre de l’unité de valeur de langue et littératures classiques : on y trouve les traces de la pédagogie d’après 68, mais aussi une grande précision et exigence. Un document dactylographié distribué aux étudiants en début d’année énonce « les questions que vous devez vous poser ». Le travail se fait en groupes, sur la base d’un contrat passé en toute clarté et à remplir par un travail collectif, dans le cadre de GTU. C’est ainsi que le groupe 5 aura été chargé d’étudier, à propos de la première partie des Mocedades les romances « En Burgos estaba el Rey », « Cabalga Diego Laínez », et « Por el val de las Estacas », « comparándolos con el Poema de las Mocedades del Cid y mostrando cómo se hace el trabajo de la tradicionalidad ». Les mêmes dispositions peuvent être observée dans le cours sur « Las dos Españas » assuré par Jean-François Botrel, avec la réalisation de dossiers.
Sous l’impulsion de Prosper Divay, l’image commence à faire l’objet d’une utilisation pédagogique, avec des montages diapos collectifs réalisés sous la direction de Prosper Divay sur Antonio Machado et la Castille, par exemple[172] et, par la suite, en collaboration avec Gabriela Obregón, la confection par des étudiants de licence de marionnettes et de textes en espagnol, avec une représentation finale. Mais l’ère de l’épidiascope qu’il faut aller chercher au service audiovisuel n’est pas révolue et il faut encore apporter à chaque cours le « carrousel » nécessaire à la projection de diapositives. Dans les couloirs, les enseignants de compréhension sont reconnaissables aux appareils radio portatifs qu’ils apportent pour la diffusion des cassettes enregistrées. Les écrans commencent à être installés à demeure, mais pas encore les enceintes. Des documentaires sur l’Espagne et l’Amérique latine sont projetés et à partir de 1981, pour répondre aux nouvelles exigences du Capes, un enseignement d’histoire de l’art est mis en place (sur Goya, puis Vélasquez). En 1984 l’introduction d’une option cinéma à l’oral incite la section à utiliser les compétences de Raúl Beceyro pour publier un petit livre artisanal sur Elisa, vida mía de Carlos Saura (ILL. 4-5). Quant aux enseignements de civili-sation, l’Espagne et de l’Amérique les plus contemporaines sont mises pour longtemps au programme dès la première année. L’enseignement de la littérature reste encore assez dépendant des programmes d’agrégation mais on peut observer que la littérature hispano-américaine est désormais traitée à égalité avec la littérature espagnole, plus contemporaine, (le théâtre, par exemple) et que le découpage séculaire peut être oublié et le Cid abordé du Cantar de Mio Cid au film de Anthony Mann.
Dans le domaine de la traduction les étudiants se souviennent des cours de version d’Albert Bensoussan, « décidément un très grand traducteur » (Pierre-Marc Pagenault) et de ceux de thème, assurés conjointement par Jean Le Bouill et une lectrice d’espagnol, Ana Portuondo Pérez[173], une expérience également menée par Bernard Le Gonidec avec Eugenio Fuentes.
Pour l’apprentissage de la grammaire, « sous l’œil vigilant de Jean-Pierre Sanchez », « la maîtrise du Bouzet était absolument obligatoire » et « l’examen se faisait en amphi avec un enregistrement et un timing des plus serrés scandé par une sonnerie du jeu des 1 000 francs ! » (Françoise Dubosquet-Lairys).
L’évaluation elle-même connaît quelques évolutions en devenant plus formative avec la mise en place d’autoévaluations, d’évaluations mutuelles ou collectives, de barèmes explicites et l’abandon des notes au profit d’un système de lettres (A, B, C, D, E). Comme dans les cours par correspondance, les corrections sont quelquefois fournies sous forme polycopiée.
Au sein de la section, Bernard Le Gonidec plaide avec constance pour le développement des enseignements et exercices de compréhension et d’expression écrite et orale, en liaison également avec les lecteurs, et pour la « recherche de méthodes et supports appropriés pour développer chez [ses] étudiants une culture de linguistes, connaisseurs d’un autre monde et guidés pour l’appréhender » (Bernard Le Gonidec). Sauf pour la civilisation de première année, les cours sont faits en espagnol. Les étudiants ont désormais une sérieuse formation en langue incluant la phonétique[174], la compréhension et l’expression orale, qui leur permet d’être des locuteurs bien supérieurs à leurs aînés.
Les ressources locales, comme la Maison de la culture, sont utilisées à des fins pédagogiques et des voyages d’études sont organisés, en 1977 en Galice pour les étudiants de la MST relations internationales, à Bruxelles ou Paris à l’occasion d’expositions, ou à Madrid après l’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne. Les séjours d’étudiants en Espagne deviennent plus fréquents. On a vu que la dimension professionnelle de la formation a commencé à être prise en compte avec des UV spécifiques.
Globalement, les enseignants continuent à être polyvalents et peuvent intervenir aussi bien sur une question de littérature médiévale à l’agrégation que sur la traduction spécialisée et l’espagnol économique ou l’explication de Yawar fiesta, le roman d’Arguedas.
La préparation aux concours. La préparation aux différents concours de recrutement de l’éducation nationale est toujours une préoccupation majeure de la section, qui lui consacre des enseignements spécifiques avec une coordination (ILL. 4-6) et il est rare qu’on manque de volontaires pour traiter des auteurs ou questions. Les candidats (une trentaine en novembre 1969) n’ont plus besoin d’aller dans d’autres universités chercher de meilleures conditions de préparation, même s’ils continuent à avoir recours au CNED. Il faut dire qu’entre 1966 et 1973 le nombre de postes mis au concours a augmenté spectaculairement : de 80 postes au Capes on est passé à 225 en 1970 et 1973 et presque 80 postes à l’agrégation. Si à partir de 1977 le nombre des postes mis au concours au Capes est drastiquement réduit, passant à une quarantaine et même 25 en 1979, après 1981 le nombre de postes au Capes retrouvera heureusement un niveau plus incitatif avec 190 postes en 1982 et en 1983 et 141 en 1984, celui des postes d’agrégation étant de plus en plus limité : 35 postes en 1980 pour 680 candidats, 29 en 1983, 26 en 1984. À partir de 1974 le concours de Capes est commun aux hommes et aux femmes.
Pour les étudiants rennais les résultats sont au rendez-vous : six reçus au Capes et quatre à l’agrégation en 1972, huit (quatre hommes et quatre femmes) au Capes en 1973, six en 1974, quatre en 1975, une dizaine en 1984-1985. En 1979 (16 juillet), Albert Bensoussan, membre du jury du Capes, signale non sans fierté que sur vingt-cinq postes mis au concours du Capes, quatre reviennent à des étudiants rennais (Salvador Bella, Pascale Pérez, Christine Rivalan, Loïc Fravalo), avec de meilleurs résultats qu’à Paris (trois), Toulouse (trois) et Bordeaux (deux). Il y a aussi eu un admissible à l’agrégation où, après les quatre reçus en 1972, il y a généralement au moins un reçu par an.
La section d’espagnol contribue donc significativement à servir la vocation de Rennes 2 à former des enseignants du secondaire, une vocation bientôt élargie à l’enseignement primaire et de plus en plus d’autres métiers, notamment à partir des LEA (Botrel, 2019).
D’une façon générale, on observe une préoccupation croissante pour la formation : en 1983 la section d’espagnol souhaite la création de trois postes, dont un pour la formation des maîtres, un autre pour la formation continue, le troisième — de professeur — pour les LEA.
Il faut dire qu’il y a à cette date au niveau national 284 144 élèves d’espagnol dans le secondaire (32 % des effectifs de langue). Un chiffre multiplié par plus de trois en dix ans.
Premières thèses et premières équipes de recherche. À Rennes comme ailleurs, hormis la généralisation des dossiers dans le 1er cycle et en licence, l’initiation formelle à la recherche coïncide avec la 4e année dite à présent de maîtrise. Entre 1968 et 1984, 15 mémoires (y compris, à partir de 1980, ceux de DEA) sont soutenus chaque année en moyenne. Comme souvent, on y perçoit la marque des enseignants qui orientent les choix de « sujets » et les dirigent mais aussi accompagnent les propositions des étudiants. On observe ainsi une part croissante de la thématique Amérique latine (87/258, soit un tiers des mémoires jusqu’en 1980 et 43/90 — près de la moitié — après). On remarque aussi la fréquence des sujets de type « question de civilisation » à travers la littérature (la révolution industrielle vue par…, la femme dans…, les classes sociales dans…, l’émigration dans quatre romans) ou à travers la presse (La Voz de Galicia (en 1966, 1977 et 1981), El País ou Le Monde). On trouve aussi quelques dépouillements de revues initiés dès 1965 (Romania puis La Revue des Deux Mondes, Le Moniteur, La Nouvelle Revue, L’illustration), et un début d’intérêt pour l’enseignement de l’espagnol et pour l’exil des républicains espagnols. En revanche, il y a très peu de mémoires portant sur la linguistique. Fait assez exceptionnel, un des étudiants de maîtrise qui travaillait sur « La Guerre civile vue comme souvenirs d’enfance », sous la direction d’Albert Bensoussan, eut la surprise de se voir offrir par Sánchez Ferlosio le manuscrit de El Jarama, ce qui lui permit une comparaison avec l’œuvre publiée.
Mis en place pour les disciplines littéraires en 1973-1974, le DEA commence à concerner l’espagnol dès 1975 et le portugais en 1978. Les premiers mémoires commencent à être déposés à la Bibliothèque universitaire : cinq en 1981, six en 1982, trois en 1983, quatre en 1984, trente-et-un au total entre 1980 et 1984, dont ceux de Françoise Dubosquet-Layris en 1980, de Nathalie Ludec et Denis Rodrigues en 1983, et de Francisco Luque Paz en 1984.
S’agissant de la préparation de thèses de doctorat d’État, qui prenait alors entre 15 et 20 ans, les directeurs étaient jusque-là nécessairement à rechercher en dehors de Rennes : à la Sorbonne (Albert Bensoussan, Claude Fell, Mathilde Tubau-Bensoussan, Bernard Le Gonidec), à Bordeaux (Jean Le Bouill, Jean-François Botrel), à Toulouse (Jean-Pierre Sanchez), à Grenoble (Yannick Kerneur). Sans que cette pratique disparaisse complètement, avec la présence de « rangs A » ou professeurs d’université les premières thèses rennaises peuvent commencer à être dirigées et soutenues.
La première est en 1983 celle de Christian Flores (L’Oranie française et l’Espagne : les composantes hispaniques d’un département français (1830-1962), suivie en 1985 de celle de Pedro Fernández Blanco (José María Gironella : romancier témoin de son époque), des thèses de 3e cycle dirigées par Albert Bensoussan. D’autres viendront (cf. chap. 5).
À côté de cette pratique individuelle de la recherche, qui inclut évidemment des participations à des colloques et congrès et des publications ponctuelles qui figurent aujourd’hui dans les bases de données, après 1968 on commence à observer dans l’hispanisme comme dans d’autres disciplines à Rennes et ailleurs une tendance croissante à la pratique de la recherche collective et à la constitution d’équipes de recherche (cf. Botrel, 2016).
À Rennes c’est la section de portugais qui, sous l’impulsion de Jean-Michel Massa, prend les premières initiatives en s’appuyant sur l’organisation de colloques et séminaires qui donnent lieu à des publications incluant le plus souvent une section bibliographique, avec l’ambition affichée de servir de point de repère ou référence à une discipline encore en voie d’affirmation au plan national.
Dans le domaine hispanique, on observe une première manifestation de la volonté de donner une visibilité à la recherche sur l’Amérique latine avec la publication en 1974 dans la collection du Centre d’études hispaniques, devenu Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, d’un volume intitulé Études hispano-américaines, avec des contributions de Geneviève Berthelot, à la mémoire de laquelle l’ouvrage est dédié, Prosper Divay, Claude Fell, Jean-Pierre Sanchez, Bernard Le Gonidec, Dominique Ferré. La même année, dans la collection « Publications de l’Université de Haute-Bretagne », principalement à l’intention des étudiants, Danièle Bussy-Genevois et Bernard Le Gonidec publient un travail à quatre mains en lien avec un cours de licence assuré en collaboration en 1972-1973, Aspects de la pensée hispano-américaine1898-1936, avec un choix de textes de 34 auteurs précédés d’une analyse des œuvres (p. 9-121).
La première existence d’un groupe de recherches à la section d’espagnol est à associer à la création en 1976 de Noroeste, qui connaîtra une existence éphémère[175]. En revanche, la conjonction à la section de plusieurs chercheurs ayant la presse pour centre d’intérêt principal incite certains d’entre eux à réunir des contributions monothématiques : pour la première fois avec Presse et société en 1979 (Bernard Le Gonidec, Danièle Bussy-Genevois, Jean-Michel Desvois, Carmen Salaün). C’est la préfiguration de l’équipe de recherche qui, avec l’arrivée de Jacqueline Covo, va se constituer en 1981 et bientôt se dénommera Pilar2 — comme Presse Ibérique et Latino-américaine de Rennes 2[176] — et réunira jusqu’à dix chercheurs rennais. Elle innove en organisant des séminaires réguliers associant les étudiants et en promouvant une recherche collective qui aura pour résultat en 1984 une nouvelle publication : Presse et public (Jacqueline Covo, Jean-François Botrel, Danièle Bussy-Genevois, Jean-Michel Desvois, Gabriela Obregón, Carmen Salaün-Sanchez) et l’organisation, en 1984, d’un colloque international sur « La typologie de la presse » regroupant des hispanistes, des historiens, des spécialistes de la communication, etc. publié en 1986[177]. Cette même année, le 15 mai, le Centre d’études des problèmes des minorités organise un séminaire sur « Les autonomies en Espagne ».
Dans le même temps, certains chercheurs ont commencé à collaborer à d’autres groupes de recherche de l’Université Rennes 2 ou extérieurs et continuent de publier leurs travaux scientifiques personnels.
Les publications du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes. La collection conçue par Robert Marrast et Jean-Michel Massa en 1966 et qui à la fin sera intitulée « Travaux du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines, portugaises, brésiliennes et de l’Afrique d’expression portugaise » donne lieu, bon an mal an, à une publication de miscellanées avec alternance du portugais et de l’espagnol. Avec des contributions d’auteurs du cru et de plus en plus, surtout dans le domaine luso-brésilien, d’autres universités. Une nouveauté en 1970 est l’apparition de publications monothématiques (en 1970 sur Le théâtre de Lauro Olmo et en 1977 sur Le théâtre d’Alfonso Sastre) sous la responsabilité d’un membre de la section. En 1972 le Centre d’études hispaniques, dont Antonio Otero Seco, disparu en 1970, avait accompagné la marche depuis 1952, lui dédie un Homenaje a Antonio Otero Seco (Rennes, Centre d’études hispaniques, 1972, 150 p.) puis, dans Obra periodística y crítica. Exilio 1947-1970 (1973), édite une partie de son œuvre journalistique. Une plus grande cohérence thématique commence à être observée — on l’a vu — à partir du n° X (Études hispano-américaines), puis sur la presse (Presse et société (1979), Presse et public (1984) et « Clarín » y sus editores (1981). En 1983, la collection comprend déjà 19 volumes.
En marge de la collection mais sous le label Centre d’études hispaniques et hispano-américaines, d’autres publications plus artisanales (dactylographiées, avec des couvertures au letraset) voient le jour, qui témoignent de la volonté de donner une plus large diffusion à des travaux de recherche : Le péronisme. Bibliographie par Dominique Ferré (ILL. 4-7) et La génesis del universo poético de José Ángel Valente par Isabel Sara López Abadía[178]. En 1983, pour accompagner la préparation de la question de cinéma au Capes et sous une couverture correspondant à la feuille de style de Pur balbutiantes, Raúl Beceyro publie Sobre « Elisa vida mía » de Carlos Saura, le premier ouvrage didactique publié sous l’égide de la section.
La section d’espagnol dans et hors l’université. Toutes ces initiatives et investissements ont pu contribuer à asseoir la section d’espagnol et son image au sein de l’université et sa réputation en dehors.
En dehors de leurs services au sein de la section d’espagnol, les enseignants d’espagnol ont par ailleurs été amenés à intervenir dans de nombreuses structures : en prolongement de leurs enseignements en présentiel et comme depuis au moins le début des années 1960, au télé-enseignement, qui deviendra Sued[179] ; pour la formation continue ou l’Université du 3e âge, qui ne s’appelle pas encore UTL ; à Rennes 1, pour les étudiants de droit (avant que l’Université Rennes 1 ne se dote d’enseignants permanents) ; à l’École nationale d’agriculture de jeunes filles de Rennes, etc.
Outre les différents mandats ou responsabilités assumées au sein des différentes structures de l’université par des enseignants de la section, à la direction de l’UFR (unité de formation et de recherches) « autres langues » comme Albert Bensoussan (1980-1981) et Jacqueline Covo-Maurice (1982-1986), au niveau de l’université (Jean-François Botrel en est le premier VP en 1975-1977 puis le président en 1982-1985) ou dans des organisations syndicales, on peut citer quelques initiatives à finalité culturelle prises sous l’égide de la section. Par exemple l’accueil du Grupo de teatro Tábano le 12 janvier 1971 pour sa première représentation en France de Castañuela 70[180], le Cuarteto Cedrón et Imanol en 1976, la mise en scène par Osvaldo Obregón de El hombre que se convirtió en perro, des soirées latino-américaines, la Cantata de Santa María de Iquique en 1978, une semaine franco-espagnole à la Maison de la culture, l’invitation faite à Rafael Alberti (1979), interprète avec Núria Espert de « Aire y canto de la poesía española », avec la participation d’étudiants à une répétition. À une époque où les occasions de sortir de la Bretagne n’étaient pas encore si fréquentes, l’organisation de voyages d’étudiants de licence à Paris en 1982 pour la visite d’une exposition de la collection Thyssen-Bornemicza est encore un événement. En janvier 1983, Luis Lara Lara, de l’Université de Bogotá, donne deux conférences, et les étudiants de concours ont eu de multiples occasions d’entendre des spécialistes venus d’autres universités, comme Mireille Andioc en 1975 sur les sainetes de Ramón de la Cruz. Entre 1973 et 1983 il y a toujours au moins un Rennais au jury du Capes, avec un maximum de quatre atteint en 1973, 1976 et 1977 (Briand, 1987 : 105).
Au plan national, l’organisation en 1971 (24-26 avril) du 7e congrès de la SHF, après ceux de Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Poitiers, Nanterre et Besançon, marque certainement une première reconnaissance de la section rennaise dans l’hispanisme français[181]. Par sa portée à l’interne et à l’externe comme on dit, ce moment mémorable qui réunit quelque 170 participants et intervenants mériterait d’être analysé et rappelé en détail : les communications présentées et les débats qui suivirent (transcrits dans les actes) mais aussi ses aspects festifs. Il compta sur la présence de Miguel Ángel Asturias, invité par Claude Fell qui publiera un de ses inédits. L’excursion en vedette sur la Rance et sous la pluie et le traditionnel banquet dans la salle du patronage de Saint-Suliac qui vit le président de la SHF Noël Salomon — un Breton — dansant la gavotte au son de la bombarde et du biniou sont restés dans les mémoires. On se reportera à la publication qui en découla[182]. Le lien avec la SHF continuera d’être assuré par Jean-François Botrel, membre du Comité de la SHF depuis 1968 et secrétaire général en 1975-1977, et Jacqueline Covo-Maurice comme secrétaire générale de 1981 à 1986.
Certains enseignants de la section sont des collaborateurs fréquents de la presse nationale : Claude Fell et Albert Bensoussan (dans Le Monde et Les Lettres françaises) et, jusqu’à sa mort, Antonio Otero Seco, avec des articles écrits en espagnol et traduits par Albert Bensoussan. Albert Bensoussan et Claude Fell sont aussi des traducteurs assidus et reconnus[183].
Au plan international, en lien avec l’intérêt pour le nord-ouest de la péninsule Ibérique, les premières conventions avec des universités espagnoles (Oviedo et Santiago de Compostela) sont signées en 1978 et 1979, suivies, en avril 1980, de la visite du recteur et d’une délégation de l’Université d’Oviedo. Dans le cadre des échanges avec Oviedo, il est prévu d’accueillir 35 étudiants asturiens et, en 1984, Jean Le Bouill accompagne des étudiants de l’Ureps à Oviedo pour des rencontres sportives organisées dans le cadre de l’accord. Un premier groupe d’étudiants galiciens est accueilli en 1980 et par la suite la présence de lecteurs ou d’enseignants-chercheurs de Galice est quasi constante (cf. Botrel, 2020a). La première convention avec l’Amérique latine ne viendra que plus tard.
La vie de la section. Ce qu’on appelle « la section », c’est l’ensemble des enseignants et personnels administratifs ou techniques, mais au quotidien elle est évidemment incarnée par le « responsable de section » — on ne dit plus « chef » — et la secrétaire.
Par rapport à d’autres sections de l’université elle se distingue sans doute par sa grande homogénéité générationnelle (des enseignants-chercheurs nés pour la plupart entre 1935 et 1945), une absence de relations hiérarchiques (il n’y a pas d’assistants ou maître-assistants attachés à des professeurs) et une volonté partagée de promouvoir et asseoir au sein de l’université et au-delà une discipline d’implantation encore récente dans l’enseignement supérieur.
Les réunions plus ou moins régulières et fréquentées sont des lieux de débat parfois tendus et de recherche des souhaitables consensus.
Un débat récurrent et parfois vif au sein de l’équipe d’enseignants a porté sur la part relative de l’enseignement et de la recherche dans leurs investissements réciproques : les tenants de la pédagogie avant tout ont tendance à reprocher à ceux qui « font de la recherche pour la carrière » de ne pas consacrer à leurs étudiants une attention que certains qualifient parfois de « maternage ». D’autres, qui n’investissent avec intensité ni dans l’enseignement ni dans la recherche, préfèrent privilégier la création, parfois avec succès. Seule la nécessité de se sacrifier à son tour pour l’administration du dispositif d’enseignement et de recherche rencontre l’assentiment de la plupart. Au total, au fil des ans, la section d’espagnol réussira collectivement à trouver un équilibre et à assurer de façon globalement satisfaisante l’ensemble des missions assignées aux enseignants chercheurs : la formation des étudiants, la production de connaissances, la « gestion », voire la vulgarisation ou le « rayonnement » comme on disait alors. Les reproches des résidents aux non-résidents sont fréquents mais sans conséquences réelles.
La section, c’est aussi un lieu de sociabilité : des banquets ou des sangrias[184] réunissent parfois professeurs et étudiants qui ont aussi pu participer à des matchs de football (ILL. 4-8). Par la suite, rituellement, à la fin de l’année universitaire, un repas de section (avec par exemple un asado préparé par Juan José Saer) est organisé dans les jardins des collègues qui en ont un (Bernard Le Gonidec, Prosper Divay, Jean-François Botrel). Des dîners « en ville », la célébration de la Saint-Jean ou des équipées cyclistes sont aussi l’occasion de se retrouver avec des collègues d’autres disciplines. On chante et on danse (par exemple, « Cé Cé Célimène ! », le tube du chanteur martiniquais David Martial, de 1976), y compris lors de parties. Les soutenances de thèses sont aussi l’occasion de manifestations solidaires, comme celle de Jean Le Bouill en 1980, avant celle de Danièle Bussy-Genevois en 1988. Mais, avec le temps, la capacité d’intégration de la section devenue département semble être allée en diminuant, notamment avec la séparation LEA/LLCE, s’agissant des enseignants en LEA.
Les étudiants, quant à eux, dans le prolongement de l’Ateneo* de la place Hoche ont créé à Villejean un club d’espagnol dit Manicomio*, avec l’affiche de Chumy Chumez, « La tierra para quienes la trabajan[185] » disait le paysan en creu-sant sa tombe (Françoise Dubos-quet-Lairys), vite devenu un rendez-vous incontournable de nom-breux étudiants, y compris de non hispa-nisants (ILL. 4-9).
Les membres de la section vivent la situation en Espagne et en Amérique latine de façon engagée[186], en promouvant ou accom-pagnant des pro-testations (contre l’exécution de Puig Antich, contre le procès de Burgos, par exem-ple) et des manifestations de solidarité en lien avec les républicains espagnols de Rennes ou des organisations syndicales et politiques (le Snesup, le PCE, le PCF). À la mort de Franco, un débat entre Jean Le Bouill, Danièle Bussy-Genevois, Carmen Salaün et Bernard Le Gonidec sera organisé dans un amphi de l’université (Françoise Dubosquet-Lairys) et Jacqueline Covo-Maurice se souvient de la joie de Juan José Saer et Raúl Beceyro apprenant en 1983 la chute de la Junte militaire en Argentine.
Mémoire et solidarités. Dans la microsociété que forme la section d’espagnol, la mort en 1970 d’Antonio Otero Seco sera très durement ressentie, avec une prise de conscience — tardive — de tout ce qu’il avait représenté pour l’espagnol à Rennes et en dehors. La section s’emploiera à honorer sa mémoire, d’abord en 1971 en donnant son nom à la bibliothèque de section, puis en publiant un hommage[187]. C’est dans ce petit volume que pour la première fois seront rappelées les marques profondes laissées par don Antonio sur tant d’étudiants et sur ses collègues[188]. Suggéré et largement préparé par ses fils Antonio et Mariano, un premier tome de plus de 700 pages est consacré à son œuvre journalistique, qui témoigne de la volonté de récupérer pour la communauté scientifique une œuvre dispersée et largement inconnue des hispanistes[189]. Sa mise en vente à l’université sera annoncée par une affiche de son fils Mariano (ILL. 4-10). Si les deux autres volumes prévus seront finalement publiés en dehors de l’Université Rennes 2 et si ses dons de critique littéraire, de poète et romancier ne seront donnés à lire que plus tard[190], sa mémoire continuera d’être honorée[191]. En 1981, le Centre d’études hispaniques se souviendra de la fondatrice de la section, Josette Blanquat, en lui dédiant le volume XVI de sa collection, à la préparation duquel elle avait été associée[192].
Tout au long de ces années, la section d’espagnol a aussi su se montrer solidaire de ceux qui avaient dû fuir la dictature du général Pinochet ou celle des généraux argentins, en les accueillant le mieux possible. Des postes de lecteurs parfois transformés par la suite en postes d’associés ont permis de trouver des solutions provisoires. Des années plus tard, désormais intégré à l’université française comme professeur titulaire à l’Université de Franche-Comté, Osvaldo Obregón se souviendra de ces moments difficiles[193]. À ceux ou celles retournés au Chili, leurs anciens collègues continueront longtemps d’apporter leur appui, notamment en contribuant au financement du Centro cultural Bretaña de Collipulli, en Auracanie, créé par l’ex-assistante associée María Teresa Araneda.
La section d’espagnol vue par les siens et par les autres. Pour ses membres de l’époque, la section d’espagnol est associée à un lieu de grande démocratie, représentative de la « gauche plurielle (Jean Le Bouill, Danièle Bussy-Genevois), avec quelques « empoignes » (Jean Le Bouill), mais aussi à un lieu de réflexion et de travail en commun capable de créer une ambiance d’amitié qui, à certains moments, put devenir un piège (Jacqueline Covo-Maurice). Un lieu où, « sans renoncer à leurs autres aspirations, les enseignants donnaient la priorité à leur mission de formation d’étudiants qualifiés et motivés et constituaient, en dépit de leurs différences et différends, un groupe de travail homogène », écrit Bernard Le Gonidec. Depuis une conception non élitiste de l’enseignement et avec le souci de favoriser la promotion sociale. Pour Jacqueline Covo-Maurice « [s]es années rennaises forment l’apogée des trente ans de [s]on itinéraire universitaire et vital » et pour Danièle Bussy-Genevois ce fut le « seul moment total d’adéquation entre le personnel, le professionnel et le collectif qu’il m’a été donné de vivre ».
Aux étudiants qui ont témoigné, la section d’espagnol apparaît comme ayant une « identité très forte » et « formant une véritable équipe pédagogique » avec des débats politiques virulents qui parfois s’entendaient dans les couloirs » (Françoise Dubosquet-Lairys) entre des enseignants dont on savait qu’ils étaient « de gauche » (Michèle Leray-Lefort). Paul Lavaud, quant à lui, retient son « fort militantisme », comparé à la section d’allemand à laquelle il appartenait[194].
Ce qui est sûr, c’est que cette microsociété, parfois traversée de tensions[195], a su toujours faire bloc lorsqu’il s’agit d’honorer la mémoire d’un des siens ou d’être solidaire, avec un sens du travail collectif et une capacité d’intégration qui, même si à certains moments elle a pu être ressentie comme une grande famille un peu pesante, a donné lieu à de durables amitiés[196]. Avec une forte culture syndicale et des options perçues par les autres secteurs de l’université et par les étudiants comme étant progressistes ou « de gauche », comme on dit.
5. 1985-2007. Le temps de la maturité
Un nouveau cadre pour le département – Du bâtiment B au bâtiment L : un second déménagement – La bibliothèque d’espagnol au sein des langues romanes – L’évolution des effectifs et des enseignements : du Deug rénové au LMD – Les concours de recrutement et l’Institut universitaire de formation des maîtres de Bretagne – La préoccupation pour la didactique – Les enseignants, de 21 à 31 : départs et recrutements – La formation à la recherche – Chercher et publier en équipe – Un nouvel éditeur pour le département – Rayonner dans et hors l’université.
Un nouveau cadre pour le département. Avec la loi dite Savary du 26 janvier 1984 et les réformes qui en découlent d’importants changements s’opèrent dans l’enseignement supérieur avec par exemple une nouvelle organisation du recrutement, un nouveau régime des thèses, la rénovation du Deug et, pour l’Université Rennes 2, de nouveaux statuts en date du 23 novembre 1985 qui font de l’espagnol une des 20 UFR de l’université et donnent officiellement au département LEA et à celui de portugais une autonomie accrue. Début 1994, avec une nouvelle structuration de l’université en cinq UFR, le département d’espagnol deviendra une des composantes de l’UFR des langues, au même titre que l’anglais, les LEA ou le portugais.
Entre 1984 et 2007, l’UFR puis le département d’espagnol[197] auront une dizaine de directeurs ou directrices (on parle moins de responsable de section) : Albert Bensoussan (1987), Jean-Pierre Sanchez (1988-1989), Bernard Le Gonidec (1989-1991), Henri Ayala (1990-1992), Françoise Dubosquet-Layris (1993-1995), Chantal Roullier (1996) ; Claude Le Bigot (1997-1998), Denis Rodrigues (1999-2000), Ricardo Saez[198] (2001-2004), Christine Rivalan-Guégo (élue le 20 janvier 2005) ; Gabrielle Lloret Linares (2007), quelquefois assistés d’un adjoint et de responsables d’année ou de formation (pour le premier cycle, la licence, le DEA, les concours, etc.). La commission de spécialistes, chargée de proposer les recrutements et titularisations, est commune aux langues romanes (14e section du CNU). Il existe une assemblée de discipline commune aux enseignants d’espagnol LLCE et LEA (en 1987-1988, par exemple). Par la suite, les réunions de département auxquelles la plupart des enseignants assistent avec plus ou moins de régularité sont des moments de débats y compris parfois pédagogiques et de concertation sur les mesures et décisions à prendre.
La section d’espagnol dispose désormais d’une secrétaire à plein temps : Jacqueline Thomas à partir de 1985, installée en B 346, à qui Brigitte Ferré succède en 1991. Les équipes de recherches peuvent s’appuyer sur une cellule d’aide à la recherche puis sur des moyens d’administration partagés. La bibliothèque des langues romanes continue d’être gérée par Dominique Ferré, mais est désormais rattachée au Service commun de la documentation créé en 1991, avant d’y être intégrée.
De B en L : un second déménagement. En 1985 la section d’espagnol est toujours installée à l’extrémité nord du bâtiment B au dernier étage, où elle occupe onze bureaux de plus en plus partagés (à l’origine, il avait été prévu un bureau pour chaque « rang A » et un bureau pour deux « rangs B »). Le courrier est centralisé dans une salle au premier étage du bâtiment A, près des services de la présidence, lieu de rencontre de l’ensemble des personnels de l’université qui compte alors quelque 300 enseignants et 178 Iatos.
En 1993, l’espagnol em-ménage dans le nouveau bâti-ment construit pour héberger les langues : le bâtiment L, dit « des langues », inauguré en novembre (ILL. 5-1). À cette occasion, les fonds de la bibliothèque de section sont intégrés dans le SCD mais une médiathèque commune à l’ensemble des langues maintient les usuels et diverses ressources proches des étudiants et des enseignants. Dans l’organisation administrative de l’UFR les langues romanes disposent au premier étage d’une administration commune pour la scolarité et d’un secrétariat pour chaque langue à proximité des bureaux des directeurs de département : pour le département d’espagnol, qui est la dénomination de plus en plus utilisée, c’est toujours Brigitte Ferré qui l’assure. Le département LEA et les enseignants d’espagnol qui y sont rattachés disposent d’une administration propre au 2e étage. L’administration de la recherche est commune à l’ensemble de l’UFR. Il y a une salle du courrier, une photocopieuse et une salle de réunion communes aux langues romanes[199]. Les salles de cours et amphis sont gérés au niveau de l’université.
Certains enseignants disposent de petits bureaux partagés situés autour d’un patio, mais d’autres sont logés dans le bâtiment E, relié au bâtiment L par une passerelle. Hormis les périodes d’examens ces bureaux sont en général peu occupés. L’article 5 du décret n° 84-431 du 6 juin 1984 modifié, qui stipule que « les enseignants sont astreints à résider au lieu d’exercice de leurs fonctions », n’aura apporté que peu de changement au comportement des non-résidents, dont la mise en service du métro à Rennes en 2002 améliorera néanmoins les conditions de transport.
La bibliothèque d’espagnol au sein des langues romanes. En 1982-1984, l’université avait entrepris une réflexion sur la restructuration de son système documentaire. En 1984, la bibliothèque de section devient une « antenne documentaire » dont Dominique Ferré a la charge. Rattachée au SCD, créé en 1991, elle est intégrée dans la Bibliothèque universitaire et installée partie dans une salle des langues romanes au sein de la Bibliothèque universitaire, partie dans la Médiathèque des langues dans le bâtiment L. Le fonds espagnol se trouve pour la partie langue et littérature dans une mezzanine basse de plafond sous la cote XE 860 en libre accès, sauf une partie du fonds historique stocké en sous-sol avec la cote KE. Les ouvrages d’histoire, art, sociologie, etc. concernant les mondes hispanophones sont répartis dans les sections dédiées à ces disciplines. L’Enciclopedia Espasa-Calpe, rejointe par la Gran Enciclopedia Asturiana et la Gran Enciclopedia Gallega, se trouve avec les autres encyclopédies. Les acquisitions se font désormais en liaison avec le responsable du secteur au sein du SCD, Bernard Jouanique puis Jacques Brélivet. La présence de cet ancien étudiant d’espagnol formé à Rennes et devenu conservateur des bibliothèques permet en particulier d’enrichir le fonds ancien initié par Robert Marrast (Rivalan-Guégo, 2023). La bibliothèque est gérée de façon plus professionnelle et efficace mais elle n’est plus un lieu de rencontre comme elle avait pu l’être. Certaines acquisitions des années 1970 sont déjà mises au pilon. Le fonds galicien est encore hébergé dans un bureau place Saint-Melaine puis dans celui du directeur du Centre d’études galiciennes.
L’évolution des effectifs et des enseignements : du Deug rénové au LMD. En 1985-1986, selon le rapport d’évaluation du CNE, on compte 560 étudiants inscrits en espagnol[200] et 638 au 9 janvier 1991[201]. L’espagnol connaît donc les effets de la seconde poussée observée dans l’enseignement supérieur en Bretagne (Mériot, 2016 : 28) qui n’affecte pas également les LLCE et les LEA. Le 26 octobre 1988, Jean-Pierre Sanchez analyse de façon très détaillée la situation difficile que connaît le département d’espagnol, qui compte toujours le même nombre d’enseignants qu’en 1981 et souffre conjoncturellement du départ de quatre enseignants, seulement compensé par des heures complémentaires. L’arrivée d’un nombre croissant d’enseignants avec un statut du secondaire (Prag), allocataires-moniteurs normaliens (AMN), d’Ater (attachés temporaires d’enseignement et de recherche) et aussi de lecteurs permettra de faire face. En 1996-1997, le nombre des étudiants d’espagnol est estimé à un peu plus de 1 000 (242 en 1re année, 200 en 2e, 284 en 3e et 163 en 4e, 25 en DEA, 100 en Capes, 10 en agrégation), plus « environ 800 non-spécialistes ». Comme dans l’ensemble de l’université, il y a une forte majorité d’étudiantes, de l’ordre de 70 % en 1993-1994 (Botrel, 2019). L’équipe enseignante se compose de dix-huit professeurs et maîtres de conférences, trois professeurs détachés du secondaire, quatre Ater et cinq lecteurs[202].
Par la suite, comme l’observe le CNE (2004 : 91), il se produit une diminution des étudiants spécialistes à l’UFR langues (sans distinctions) de 13,8 % entre 1997 et 2001 et de 4,5 % en une seule année, entre 2000 et 2001[203], une tendance qui affecte la filière LLCE plus que la filière LEA, des filières désormais clairement différenciées, la filière LEA disposant de ses propres enseignants d’espagnol. En 2002, 137 licences et 98 maîtrises LEA sont délivrées, à comparer aux 280 licences et 121 maîtrises toutes LLCE confondues. Au plan national, en 1992-1993 il y a 36 882 spécialistes d’espagnol et 47 885 non-spécialistes dans les universités[204].
Dans l’organisation des études d’espagnol, faute de disposer des comptes rendus des réunions de section, il est difficile de rapporter les inévitables débats auxquels donna lieu la mise en œuvre du Deug rénové en 1984. Constatons simplement qu’il est désormais d’usage de parler (en 1988) d’axe I (LLCE) et d’axe II (LEA).
En 1995-1996, la 2e année, par exemple, se compose de trois blocs (langue, littérature et civilisation, langage de base dont l’informatique) avec les exercices et modalités de contrôle habituels : version, thème, expression écrite, orale, compréhension, dissertation, analyse de texte, commentaire de document. En 1997 l’enseignement se fait sous forme de modules capitalisables, de huit à douze pour le 2e cycle ; de quatre à huit pour la licence ; de deux à quatre pour la maîtrise. Chaque module comporte un contrôle continu et un contrôle final. Il continue d’exister une session de septembre jusqu’à ce que l’organisation en semestres (modules puis crédits) la fasse disparaître, avec seulement une session de rattrapage.
En ce début des années 1980, en termes de contenus, les grands équilibres entre oral et écrit, Espagne et Amérique latine, littérature, civilisation et langue sont désormais atteints et respectés ; les seules variables sont les questions et les auteurs qui, à l’exception des programmes de concours, sont souvent choisis par les enseignants en charge du cours et ne font pas l’objet de publication préalable ni globale[205]. Les quelques enseignants ayant donné des indications sur les cours qu’ils ont assurés[206] permettent de constater chez eux un mélange de polyvalence (pour les niveaux, surtout) et de spécialisation croissante dans tel ou tel domaine — leur domaine. Les cours de licence-maîtrise et surtout de concours sont particulièrement convoités. L’expression écrite et orale est de plus en plus l’apanage des lecteurs, et la qualité et fluidité de l’expression en espagnol des étudiants d’alors s’en trouve considérablement améliorée. D’ailleurs, à la différence de ce qui était encore parfois le cas dans les années 1950-1960, les cours qui le permettent se font toujours en espagnol, et on suppose désormais que les étudiants ont pour la quasi-totalité une expérience directe au moins de l’Espagne.
En 2002, la réforme dite LMD (licence, maîtrise, doctorat) entraîne non sans réticences une réorganisation de la formation avec, dans le cadre du processus de Bologne et de l’espace européen de l’enseignement supérieur, l’instauration d’ECTS (Système européen de transfert et d’accumulation de crédits) et d’enseignements semestriels. Faisant suite aux trois années de licence, les masters en deux ans offrent des parcours diversifiés. Le département en offre deux : Métiers de l’enseignement de l’éducation et de la formation et Études ibériques et latino-américaines (Etila). L’organisation des enseignements en semestres est désormais la règle : en 2005 les enseignants se plaignent d’une surcharge de contrôles oraux en fin de 1er semestre. Cela est signalé au Cevu. Mais la semestrialisation permet aussi à certains enseignants d’envisager de bloquer leurs cours sur un semestre.
La plupart des enseignements ont une version adaptée au télé-enseignement.
Pour l’enseignement de l’espagnol aux non spécialistes, un Centre de langues a été créé.
Depuis le départ à la retraite de Mathilde Bensoussan, l’enseignement du catalan est assuré par un lecteur ou une lectrice. En 1994, avec l’affectation par la Xunta de Galicia* d’un poste de lecteur, le galicien commence à être enseigné, dans le cadre d’une UV. Il le sera jusqu’en 2010 (Botrel, 2020 : 31-32).
Faisant suite au certificat interaméricain, la chaire des Amériques permet d’accueillir des chercheurs, notamment hispano-américains, et d’ouvrir de nouvelles possibilités de formation. La création, en 2006, de l’Institut des Amériques de Rennes met en réseau les six établissements fondateurs, dont Rennes 2 avec en particulier son département d’espagnol[207].
Grâce à de nouvelles conventions passées avec des universités d’Espagne ou d’Amérique latine, des échanges réguliers se font avec les Universités de Saint-Jacques de Compostelle, Lugo, Grenade, Málaga, Guadalajara au Mexique, San Salvador de Jujuy en Argentine et Santiago du Chili. Après 1987, avec le programme Erasmus-Socrates, l’horizon des étudiants s’ouvre et leur permet ainsi qu’aux enseignants des expériences nouvelles et une plus grande mobilité. De son côté l’Université Rennes 2 accueille un nombre croissant d’étudiants étrangers (Botrel, 2019).
Les concours de recrutement et l’IUFM de Bretagne. Pour un département fortement orienté vers la préparation aux concours de recrutement de l’enseignement secondaire, la création en 1990 des IUFM a entraîné un profond changement et une nouvelle organisation de la formation des maîtres, y compris pour le premier degré. Pour assurer la liaison avec l’université l’IUFM dispose de directeurs d’études : pour l’espagnol ce sera d’abord Philippe Castellano, de 1995 à 2000, date à laquelle Christine Rivalan-Guégo lui succèdera, avant de rejoindre le département d’espagnol en 2004. D’autres enseignants du département assurent des interventions en son sein, comme Laurent Aubague en 1994-1995 et 1998, en participant également à la formation des stagiaires capésiens d’espagnol en lien avec le nouvel inspecteur pédagogique régional Lauro Capdevila, responsable de la publication Enseigner l’espagnol dans l’académie de Rennes, qui se souvient qu’Albert Bensoussan et Claude Couffon animèrent des ateliers de traduction poétique avec des élèves des lycées de Bain-de-Bretagne et de Cesson-Sévigné, parfois en présence des poètes, espagnols ou hispano-américains[208].
Pendant cette période, l’intérêt des étudiants licenciés pour la préparation aux concours a été fort, avec fréquemment des amphis de 100 étudiants : en 1999-2000 il y a 109 étudiants inscrits mais seulement 41 copies rendues pour un devoir sur
« La crise fin de siècle » et 36 présents au Capes blanc. À l’IUFM de Bretagne, sur 650 lauréats au niveau national il y aura 41 admis au Capes externe d’espagnol, dont 17 du site de Rennes. Il est vrai que jusqu’en 2004 le nombre de postes mis aux concours, qui était en moyenne de 195 au Capes entre 1985 et 1987, passe à 916 en 1991 (quatre fois plus qu’en allemand !) et 855 en 2002. Bien que dans une moindre proportion, les postes à l’agrégation augmentent aussi : 43 en 1985-1989, 77 en 2001. Au Capes, les postes sont loin d’être tous pourvus. En 2003, pour un poste mis au concours, il y a 4,5 candidats inscrits. La situation a changé à partir de 2004, avec une forte réduction du nombre de postes mis au concours[209].
Concernant les « résultats aux concours », faute de recueil systématique de l’information, il est difficile de dresser une statistique propre à l’espagnol, mais ce qui est sûr c’est que la préparation aux concours externes et internes a été, année après année, la grande affaire des enseignants, avec toutes les nécessaires adaptations en fonction des contenus des épreuves, notamment au Capes. Malgré la charge que représente la préparation de questions qui, au mieux, restent deux ans au programme, ils se proposent volontiers pour les assurer et quelquefois se les disputent. Certains d’entre eux ont participé aux différents jurys[210].
La préoccupation pour la didactique. En matière d’innovations pédagogiques, on peut faire état de cours al alimón* entre Philippe Castellano et Gérard Borras en 2007-2008, ou de l’établissement d’une liste de lectures obligatoires destinée à corriger de trop évidentes lacunes en matière de littérature[211], mais c’est sans doute, à un moment où les étudiants semblent moins intensément investis dans leur formation (Bernard Le Gonidec), l’intérêt soutenu de quelques enseignants pour la didactique de l’espagnol qui est le plus marquant. Cet intérêt trouve une traduction dans la publication aux Pur d’ouvrages spécialisés en lien ou non avec les questions de concours, dans la collection « Didact Espagnol », initiée en 1986 avec le Manuel de versification espagnole d’Albert et Mathilde Bensoussan et Claude Le Bigot (cf. annexe C), ou dans d’autres maisons d’édition comme les Éditions du Temps ou Masson-Colin, sous la direction de Jean-Pierre Sanchez et d’Henri Ayala respectivement. Albert Bensoussan et Claude Le Bigot, en 1989[212], et par la suite Denis Rodrigues, particulièrement intéressé par l’histoire des manuels d’espagnol et l’œuvre de Bouzet, participent aux travaux du Laboratoire de didactique des disciplines de l’université. Claude Le Bigot dirige des ouvrages tels que Expliquer la civilisation hispanique (2003), auquel collaborent deux autres enseignants du département (Gérard Borras et Ricardo Saez) à partir de savoir-faire existant « bien avant que les concours de recrutement aient fait à la civilisation la place qui lui revenait légitimement », ou Comprendre le texte poétique (2006).
Quelques enseignants comme Christine Rivalan-Guégo, Albert Bensoussan et Henri Ayala ont par ailleurs collaboré à la réalisation de manuels scolaires — de Tengo I et II par exemple chez Delagrave en 1998-1999.
Les enseignants, de 21 à 31 : départs et recrutements. Pendant cette période, le département d’espagnol compte entre 19 et 31 enseignants.
En 1988, selon l’annuaire de la SHF, appartiennent à la section d’espagnol : Albert Bensoussan, Jean Le Bouill, Jean-François Botrel (professeurs) ; Jean-Pierre Sanchez, Elisée Trenc, Prosper Divay, Bernard Le Gonidec, Francine Caron, Mathilde Bensoussan (maîtres de conférences) ; Yannick Kerneur (assistant) ; Juan José Saer (maître-assistant associé) et Francisco Luque Paz (assistant associé). Une liste complétée en 1989 avec Bénédicte Barbara-Pons (assistante normalienne doctorante puis Ater), Alfonso Rey (professeur associé), Jesús Lago (maître de conférences* associé), Sylvie Koller (maîtresse de conférences*), Esmeralda Guzmán, María García Rueda, Ricardo Redoli, P. Sánchez (lecteurs).
Souhaitant poursuivre leur carrière plus près de leur lieu de résidence, trouver un poste fixe ou faire de nouvelles expériences, plusieurs membres de la section ont déjà quitté Rennes 2 : Danièle Bussy-Genevois pour Paris 8 en 1985, Jacqueline Covo-Maurice pour Lille 3 en 1986, Carmen Salaün pour Paris 3 en 1987, et ont déjà entraîné de nouveaux recrutements, comme celui d’Élisée Trenc, en 1987. De nouveaux départs se produisent : Marie-Claude Chaput pour Paris 10 en 1988, Francine Caron pour se consacrer entièrement à la poésie en 1989, Elisée Trenc pour Paris 3, Yannick Kerneur pour l’Université de Bretagne-Sud à Lorient[213].
Par ailleurs, les enseignants-chercheurs recrutés avant 1984 commencent à partir à la retraite : après Mathilde Tubau-Bensoussan et Prosper Divay, Albert Bensoussan et Bernard Le Gonidec, en 1995.
Tous ces départs, auxquels s’ajoutent quelques (rares) créations de postes, entraînent de nouveaux recrutements qui concernent aussi les LEA, sur des profils spécifiques : Henri Ayala[214] (1988), Sylvie Koller[215] (1989), Claude Le Bigot[216] (1990), Denis Rodrigues[217] (1990), Françoise Dubosquet-Layris[218] (1991), Jean Muñoz, Nelson Díaz Clément, Laurent Aubague[219] (1992), Michèle Leray-Lefort[220](1992), Jane El Kolli[221] (1994), Philippe Castellano[222] (1995), Chantal Roullier (1995), Rémi Lemarc’hadour[223], Béatrice Cáceres, Moisés Ponce de León Iglesias[224] (après sa thèse soutenue en 1995), Janie Larroquette, Nicole Fourtané, Gabrielle Lloret Linares, Lucien Ghariani[225], Yves Germain[226], Lionel Souquet, Jean-Luc Puyau[227] (1996). En 1988, pour la première fois, un poste d’assistant normalien doctorant (AND) est attribué au département : c’est Bénédicte Barbara-Pons qui l’occupe[228].
En 1996-1997, le département d’espagnol, composante d’une UFR qui, depuis 1996, est dite de Langues et cultures étrangères et régionales, comprend trente enseignants (dix-neuf professeurs et maîtres de conférences, trois Prag (Lucien Ghariani, Chantal Roullier, Michèle Leray-Lefort), des Ater (Agnès Dizier, Sylvie Rouxel, Lionel Souquet) et cinq ou six lecteurs. Leurs bureaux sont répartis entre le bâtiment L (sept) et le bâtiment E (cinq).
Parmi eux, des « historiques » (Jean-François Botrel, Jean-Pierre Sanchez, Claude Le Bigot, Juan José Saer, Francisco Luque Paz, Michel Launay, Jean Le Bouill), des anciens étudiants liés à la section d’espagnol (Françoise Dubosquet-Layris, Philippe Castellano, Denis Rodrigues, Michèle Leray-Lefort, Lucien Ghariani, Chantal Roullier, Agnès Dizier, Sylvie Rouxel, Lionel Souquet), mais aussi de nombreux collègues qui sont venus à Rennes poursuivre leur carrière dans l’enseignement supérieur (Henri Ayala, Jane El Kolli) ou la débuter (Gérard Borras, Laurent Aubague, Yves Germain, Bénédicte Barbara-Pons), sans oublier, bien sûr, les lecteurs qui ne restent en général que quelques années (Inmaculada Fàbregas, Teresa Fandiño, Amalia de Mendoza, Luis Sanjurjo, Silvia Guerra, Cristina Cárdenas). Certains d’entre eux affichent leur spécialité (langues et civilisations ibéro-américaines/d’Amérique latine ou langues et civilisations espagnoles et même langue et littératures romanes, catalan, galicien, espagnol, grammaire et linguistique[229]). Ils enseignent à près de 450 étudiants en Deug, à environ 280 en licence, 160 en maîtrise, 100 en Capes, 10 en agrégation, 25 en DEA et doctorat, sans compter les quelque 800 étudiants non-spécialistes. Rien de comparable bien sûr avec les 80 étudiants des années 1960, compte non tenu, il est vrai, de l’année préparatoire.
À côté du département d’espagnol, le département LEA compte cinq enseignants d’espagnol titulaires : Janie Larroquette, Moisés Iglesias, Sylvie Koller, Nelson Díaz Clément, Jean Muñoz, ce qui n’empêche pas quelques rares enseignants « LLCE » d’y faire encore quelques cours (ILL. 5-2).
Après 1996-1997, afin notamment de pourvoir les postes vacants à la suite des départs à la retraite (Jean Le Bouill en 1998, Henri Ayala en 1999, Jean-François Botrel en 2001, Jane El Kolli, Claude Le Bigot et Jean-Pierre Sanchez en 2005 [230]), de nouveaux recrutements sont effectués : Ricardo Saez[231], Marie-Pierre Lavaud, Gérard Borras[232], Javier García Méndez[233], Virginie Dumanoir[234] (1998), Karim Benmiloud[235] (1998), Eva Roudaut, Sylvie Rouxel-Dolivet, Jimena Obregón Iturra[236], Christine Rivalan-Guégo[237] (2000), Antonia Amo Sánchez[238], Néstor Ponce, Diego Vecchio, Françoise Bouvet, Delphine Hermès, Béatrice Pérez, Catherine Sablonnière, Aura Duffé, Michel Martinez, Françoise Léziart[239].
Il s’agit de professeurs et de maître de conférences*, de plus en plus recrutés sur profil (américaniste, linguiste, Siècle d’Or, Moyen Âge, spécialiste du cinéma, de la presse, LEA, etc.), de Prag ou PRCE ou d’Ater préparant une thèse. Certains restent peu de temps en poste à Rennes. Parmi les nouveaux enseignants recrutés on trouve quelques anciens étudiants ou tésographes rennais (Philippe Castellano, Christine Rivalan-Guégo, Denis Rodrigues, Françoise Dubosquet-Lairys, Lucien Ghariani, Lionel Souquet, Chantal Roullier, Françoise Léziart, etc.), mais par rapport à la période antérieure il y a de plus en plus de recrutements « à l’extérieur » et le département se féminise.
Le détachement de quelques enseignants-chercheurs dans d’autres fonctions, ajouté à des mises à disposition de supports ad hoc ou des congés sabbatiques, permet le recrutement et la présence d’enseignants associés ou invités pour des périodes plus ou moins longues. C’est le cas tout particulièrement d’enseignants chercheurs des universités de Saint-Jacques de Compostelle et Lugo (Jesús de Juana[240], Xavier Castro[241], Xesús Lago, Aurora Artiaga, Alfonso Rey, Antonio Figueroa, Jesús Balboa, Claudio Rodríguez Fer (en 1995-1996)[242], Gérard Lelièvre Huisseau, Manuel González), mais aussi de María Teresa Araneda en 1988-1989, de José Ignacio Velázquez, de Richard Hitchcock, spécialiste du Moyen-Âge de l’Université d’Exeter, etc. Tous surent faire scrupuleusement le travail qui leur était demandé.
Année après année, pour des périodes limitées en raison de leur statut, le département a pu compter sur des lecteurs et lectrices d’espagnol, de catalan ou de galicien, certains au titre des conventions existantes avec des universités espagnoles ou hispano-américaines ou la Xunta de Galicia*. Sans garantie d’exhaustivité, au gré des informations recueillies, on peut rappeler la précieuse présence de : Nélida Beceyro, Javier de Agustín, Javier Domarco, Raúl Beceyro, en 1985 ; Esmeralda Guzmán, María García Rueda, Ricardo Redoli, P. Sánchez, en 1989 ; Javier Domarco, María Antonia Fernández, Eugenio Fuentes, María José Gómez de Segura, Rosa Linares, en 1989 ; Silvia Guerra ; Cristina Cárdenas, Moncho Failde, Armando Zacarías, Inmaculada Fàbregas, Amalia de Mendoza, Teresa Fandiño, Tomás Cortés, en 1994-1998 ; Ramón Failde, Carlos Rayón Casanova, María Helena Hernández, Armando Zacarías, María González Lopo, Consuelo García « épouse Martin » ; Montserrat Casacuberta, Consuelo Escudero, Belén Martín Franco, en 1998-2002 ; Eduardo Ortiz, Luis Sanjurjo, Roxana Villegas, María Díaz Oliver, Claudia López Pedroza, Ana Poch Gasau, Gaël Velázquez Ferraz, en 2000-2002 ; Silvia Torres de Castro, Roxana Villegas, Consuelo Escudero, Claudia López Pedroza, Ana Poch Gasau, José Ignacio Velázquez Ezquerra, Roxana Villegas, Carolina García, María Sirera, Manuel Blanco López, en 2002-2004 ; Luis Alburquerque, Laïa Arenas, Karina Atencio, Gloria García Urbina, Myrna Insúa Belfer, Jimena Lecamus, Verónica López, Olga Novo, Alba Valdez Solís, Karina Atencio, Pablo Ortemberg Arenas, Bénédicte Vicente, en 2004-2007 ; Santiago Díaz Lage, entre 2002 et 2006[243]. De certains on sait qu’ils/qu’elles sont devenu(e)s : journaliste à la Nueva España (Oviedo), contrôleur aérien, employé à l’Université de Lugo ou, après avoir soutenu une thèse, professeur de français ou de littérature espagnole à l’UNED ou à l’Université de Málaga, mais aussi enseignante titulaire à l’Université de Bretagne-Sud ou d’Avignon, etc. et qu’ils/elles ont souvent conservé des liens avec Rennes.
Le département bénéficie également de l’apport ponctuel d’allocataires de recherche, ou d’allocataires-moniteurs normaliens comme Bénédicte Barbara-Pons et Karim Benmiloud, ou de chargés de cours, comme Guy Le Bihan, enseignant du département de linguistique de Rennes 2 et hispaniste de formation, Alain Deguernel, Michel Divay, Carlos Navarro Valenzuela[244] et à nouveau, en tant que vacataire, Jacques Combes en 2004-2008.
Le département a veillé à assurer la stabilité et dans la mesure du possible la promotion des enseignants précaires par des transformations de postes de lecteurs en postes de maîtres de langue (en 1987 par exemple) ou en poste d’assistant ou maître-assistant associé. Certains ont ensuite été recrutés sur des postes de titulaires, comme Francisco Luque Paz ou Juan José Saer.
Sur la vie du département on ne dispose aujourd’hui que de quelques rares procès-verbaux de réunion (ILL. 5.3), insuffisants pour rendre compte des débats qui l’ont animée pendant ces trente années[245].
La formation à la recherche. L’initiation à la recherche est assurée dans le cadre de la maîtrise et du DEA. Grâce à l’inventaire effectué par Dominique Ferré des mémoires déposés à la bibliothèque (Ferré, 2003), on sait qu’entre 1985 et 2000 au moins 159 mémoires de maîtrise et 76 mémoires de DEA (jusqu’en 1998) ont été soutenus, soit une moyenne d’environ 16 par an. À partir de 1991, bon nombre d’entre eux sont réalisés dans le cadre d’Erilar (50 entre 1997 et 2000 !). Parmi les thématiques privilégiées, on trouve la presse comme source (22 jusqu’en 1989, moins après), des exercices de traduction (une quinzaine), le cinéma (à partir de 1993), l’Amérique latine des chroniqueurs, l’analyse littéraire, l’éducation et l’enseignement, mais aussi la matière galicienne (plus de 20). Pour la période suivante, pour laquelle il n’existe pas encore d’inventaire, il faudra observer si des évolutions se sont produites, notamment avec la « mastérisation ».
Existant depuis 1975, le DEA d’Études ibériques et ibéro-américaines s’appuie en 1995 sur une équipe d’une quarantaine de formateurs de diverses disciplines (espagnol, LEA, linguistique, portugais et anglais), de Rennes 2 mais aussi de Brest, Nantes et Angers, et sur l’équipe de recherche Cirial (Centre de recherches ibériques, américaines et lusographes) mais aussi le Craie-LE (Centre de recherche sur les applications de l’informatique à l’enseignement des langues) et le Tasc (Technicité des arts du spectacle contemporains). Il est rattaché à une des deux écoles doctorales de Rennes 2 mises en place après 1990. À partir de 1997 le DEA sera commun aux différentes langues. Le nombre de mémoires répertoriés entre 1985 et 1998, soixante-seize, soit cinq-six par an à parts presque égales sur l’Amérique et l’Espagne, fait aussi apparaître une forte représentation d’exercices de traduction, notamment d’auteurs argentins ou uruguayens (un quart des mémoires), autant que sur la littérature ou la civilisation, le quart restant portant sur la presse ou la linguistique.
S’agissant des thèses, le grand changement apporté dans ce domaine par la présence de rangs A au sein du département et l’instauration en 1984 d’un nouveau régime de thèse[246], est que désormais un nombre important d’étudiants du département ou provenant d’autres établissements peuvent mener à Rennes des recherches en vue de l’obtention du doctorat puis d’une habilitation à diriger des recherches. C’est ainsi que, rien que sous la direction d’Albert Bensoussan, vingt thèses sont soutenues entre 1985 et 1998 (dont une dernière thèse d’État, celle de Christine Rivalan-Guégo, soutenue en 1995), auxquelles s’ajoutent celles dirigées par Jacqueline Covo-Maurice (une), Jean Le Bouill (une) ou Jean-François Botrel (cinq entre 1987 et 1998). Par la suite, d’autres thèses et HDR ont été soutenues sous la direction de nouveaux professeurs comme Henri Ayala (deux), Jean-Pierre Sanchez (neuf entre 1997 et 2007), Claude Le Bigot (cinq entre 2000 et 2007) et Javier García Méndez (trois en 2003). Les premières HDR ont été soutenues en 1998 (Denis Rodrigues) et 2000 (Françoise Dubosquet-Lairys). Bon nombre de ces tésographes rennais seront appelés pendant la préparation de leur thèse ou après l’obtention du doctorat à des fonctions d’enseignement au sein du département[247] ou dans d’autres universités[248], comme Ater ou Prag, maître de conférences* ou professeur.
Chercher et publier en équipe. À partir de 1986 on observe des évolutions significatives dans l’organisation de la recherche avec en particulier une structuration en équipes ou laboratoires et des regroupements ou fédérations et les premières — mais rares — affectations d’allocataires de recherche.
Si Noroeste, qui en 1983 disposait d’une petite bibliothèque spécialisée, n’est pas en mesure de développer ses projets de recherche, on observe malgré tout, porté par Bernard Le Gonidec, responsable du laboratoire en 1986, un intérêt croissant des étudiants de maîtrise pour la Galice, ainsi que la présence de nombreux enseignants et chercheurs galiciens invités ou associés. Cela aura pour heureuse conséquence la création en 1994 à Rennes 2 d’un des Centres d’études galiciennes soutenus par la Xunta de Galicia* dans le monde. Ce centre sera actif jusqu’en 2010 (cf. Botrel, 2020a : 31-34).
Quant à Pilar2, elle continue à organiser des séminaires de recherche réguliers associant des étudiants et en 1987 convoque un nouveau colloque sur « Le discours de la presse »[249], qui se tient à La Richardais.Comme pour le précédent, les actes de ce colloque seront publiés dans la collection « Mondes hispanophones » (cf. annexe). Selon le CNE, en 1987 : « L’équipe Pilar2 développe avec dynamisme une recherche originale sur un terrain mal connu : la presse et son discours dans le monde ibérique et latino-américain. Elle regroupe six enseignants-chercheurs et sept étudiants de 3e cycle (allocataires de recherche) ». En 1992, alors que l’équipe fondatrice a commencé à se disperser, un troisième et dernier colloque, sur les Illustrations, est organisé par Elisée Trenc[250]. L’histoire de cette première époque de Pilar a été écrite par Danièle Bussy-Genevois (2010) (ILL 5-4 et 5-5).
Fondé en 1990 par Jean-Pierre Sanchez et dirigé par lui jusqu’en 2005, le Lira (Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les Amériques) donne pour la première fois à Rennes 2 une cohérence aux recherches sur l’Amérique latine en regroupant les chercheurs spécialistes, en organisant directement au moins trois colloques, le premier en 1995 sur « L’Espagne et les Amériques : la crise de 1898 et ses prolongements », le deuxième sur « Culture et régimes autoritaires dans les pays de langues romanes » (1997), le troisième sur « Littérature et censure dans les pays de langues romanes » (1998), et en publiant des Cahiers (cf. annexe C) (ILL. 5-6). Il assure l’interface avec le certificat interaméricain, qui débouchera sur la création d’une chaire des Amériques puis de l’Institut des Amériques. Il poursuivra son activité au sein d’Erilar.
En 1995 également est fondé le Cerpi (Centre de recherches sur la péninsule Ibérique), reconnu par le conseil scientifique de Rennes 2 comme groupe de recherche sur l’Espagne contemporaine et dirigé jusqu’en 2002 par Claude Le Bigot, puis par Ricardo Saez ; tout comme le Lurpi, il demandera son rattachement au Cellam.
Signe des temps nouveaux et de la nécessité d’atteindre une « masse critique » que le morcellement des structures ajouté au faible nombre de chercheurs et doctorants n’arrive pas toujours à garantir, tant le Lira que le Cerpi se fédèreront au sein de laboratoires ou centres de recherche dans le domaine des langues, littératures et civilisations romanes : avec Edpal (Équipe du dictionnaire des particularités du portugais de l’Afrique lusophone) et Pilar2, le Lira constitue entre 1991 et 1996, sous la direction de Jean-Pierre Sanchez, le Cirial, puis, en 1997, avec le Cerpi, l’Edpal et le Lurpi (Laboratoire universitaire de recherches sur la péninsule Italienne),[251]Erilar (Équipe de recherches inter-disciplinaire en langues romanes), équipe d’accueil 2613, qui sera dirigée jusqu’en 2003 par Jean-Pierre Sanchez. C’est dans le cadre de ce laboratoire que seront, par exemple, organisés, avec la participation de chercheurs extérieurs à Rennes 2, les colloques « Culture et régimes autoritaires dans les pays de langues romanes » (1997), « Littérature et censure dans les pays de langues romanes » (1998), « Les îles Atlantiques : réalités et imaginaire »[252], « Musique et sociétés en Amérique Latine » (1999), « Les Amériques et le Pacifique[253] » (2000), « Le Portugal, l’Espagne et l’Afrique[254] » (2001), « Les polyphonies poétiques »[255](2000) et, en 2005, « À quoi bon la poésie aujourd’hui ? »[256], à l’initiative du Cerpi, et « L’imprimé et ses pouvoirs dans les langues romanes »[257] (2006), à l’initiative de Ricardo Saez, permettant ainsi des synergies transversales plus difficiles à obtenir en période courante. En 2008, avec Erimit (Équipe de recherche inter-langues, mémoires, identités, territoires), la fédération de laboratoires et groupes de recherches sera élargie à l’ensemble des enseignants-chercheurs de l’UFR Langues qui travaillent dans le domaine de la civilisation, de la littérature et de la linguistique, dont des enseignants-chercheurs du département d’espagnol qui mènent avec les lusistes des recherches sur les espaces hispanophones et lusophones (Reehl). Le Groupe de recherches et d’études sur culture écrite et société (Greces), prenant la suite du Cerpi, choisira de maintenir ses activités au sein du Cellam.
Pour un certain nombre de chercheurs, l’appartenance à telle ou telle de ces structures de recherche n’a pas été exclusive de participations à des équipes d’autres disciplines ou universités, notamment parisiennes.
Parmi les autres colloques organisés à partir du département d’espagnol ou en liaison avec lui, on se souviendra aussi par exemple de ceux sur le 5e centenaire de la découverte de l’Amérique[258], sur le 5e centenaire de l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1992[259], ou autour de Jorge Semprún, ou encore de la journée d’hommage à Pablo Neruda en 2007.
Par ailleurs, la participation d’hispanistes rennais à bon nombre de congrès et colloques en dehors de Rennes, avec les publications qui s’ensuivirent la plupart du temps, a évidemment contribué à conforter la place de Rennes au sein de l’hispanisme national et international ou en dehors de lui. Le détail de leurs apports figure dans le CV de chacun. On remarquera aussi le rôle de passeur ou médiateur culturel joué par certains d’entre eux par la participation à des ouvrages de vulgarisation scientifique comme l’Histoire de la littérature espagnole publiée chez Fayard (1994) ou à travers la traduction : c’est le cas — toujours et de façon exemplaire — d’Albert Bensoussan, dont on peut lire les Confessions d’un traître. Essai sur la traduction (Rennes, Pur, 1995). À une moindre échelle, Michèle Leray-Lefort a, par ses traductions, contribué à la connaissance de l’œuvre d’Álvaro Mutis (2000) et Jorge Nájar (2006) et Jean-François Botrel à celle d’œuvres de Leopoldo Alas « Clarín » (1987, 1992). Dans le domaine de l’édition, Jean-Pierre Sanchez a entre 1997 et 2006 dirigé plusieurs ouvrages pour les Éditions du temps. [260]
Un nouvel éditeur pour le département. S’agissant des publications faites depuis 1966 sous l’égide du déjà historique Centre d’études hispaniques, elles continuent peu ou prou à leur rythme annuel mais à présent dans le cadre des Pur, créées en 1985, et dans des collections propres au portugais et à l’espagnol séparément[261]. Pour l’espagnol c’est à partir du n° 22, « Études des mondes hispanophones », puis en 1992 « Mondes hispanophones » : y sont publiés des actes de colloques comme Typologie de la presse, Discours de la presse, puis après une interruption de trois ans Regards sur la littérature gauchesca et Presse et médias au Mexique (1993). Interrompue après 1993, la collection est relancée en 2000 avec Musiques et société en Amérique latine (t. 25) et continuera par la suite à un rythme annuel en publiant des monographies, des actes de colloque mais aussi une compilation d’articles de Javier García Méndez (Diez calas en el hacer de la poesía de Pablo Neruda, n° 26) et dans le n° 27 la thèse de Sylvie Rouxel-Dolivet, Espagne. La transformation des relations Église-Etat, dirigée par Jean-Pierre Sanchez. À partir de 2004, elle s’ouvre à des collaborations hors Rennes 2 (cf. annexe C).
En 1986, également dans le cadre des Pur, est inaugurée la collection « Didact Espagnol », avec neuf titres publiés jusqu’en 2006 dont les auteurs, sauf une exception, sont des enseignants du département (cf. annexe C).
À partir de 1996, en marge de la collection « Mondes hispanophones » et sous son propre label — et celui de Rennes 2 — le Lira publie de façon artisanale des Cahiers du Lira[262]. En 2000 le n° 5 est consacré, en liaison avec le Centre d’éudes galiciennes et l’Université de Santiago de Compostela, à la publication d’un hommage à Bernard Le Gonidec. Le dernier numéro (n° 6) semble avoir été celui consacré à l’édition du colloque de 1997 sur « Censure et littérature » (cf. annexe C).
De son côté, le Centre d’études galiciennes a publié, à partir de 2001, quatre Cahiers galiciens = Cadernos galegos = Kaieroù galizek, le dernier en décembre 2005, sous les directions successives de Françoise Dubosquet-Lairys et Moisés Iglesias[263].
Rayonner dans et hors l’université. Outre les mandats exercés au sein de la section, à la tête d’équipes de recherche, au Conseil d’UFR ou dans les différents conseils de l’université (Jean-Pierre Sanchez au conseil scientifique entre 1990 et 2005, par exemple) et autres instances (conseil scientifique des Pur par exemple pour Claude Le Bigot et Denis Rodrigues), des membres de la section d’espagnol ont été appelés à exercer des responsabilités comme directeur de l’UFR (Jacqueline Covo, jusqu’au 15 novembre 1986 ; Albert Bensoussan, administrateur provisoire puis directeur, en 1988 ; Françoise Dubosquet-Lairys, élue en 2003), comme président du conseil scientifique (Jean-Pierre Sanchez en 1998-2002), comme vice-présidents de l’université (Bernard Le Gonidec en 1991, Jean-Pierre Sanchez en 2001-2002). Au plan régional, Jean-François Botrel a été directeur du Centre d’initiation à l’enseignement supérieur (CIES) du Grand-Ouest en 1989-1990 et président du CSP de l’IUFM (1999-2001), et Jean-Pierre Sanchez consul d’Espagne honoraire à partir de 2006. Tous ces investissements valent à certains d’être distingués dans l’ordre du Mérite et de la Légion d’Honneur (Jean-François Botrel) ou des Palmes académiques (Jacqueline Covo, Jean-Pierre Sanchez, Bernard Le Gonidec, Jean-François Botrel) ou de recevoir la médaille de la Ville de Rennes (Albert Bensoussan, Jean-François Botrel).
Si, en raison de la création de postes d’enseignants d’espagnol à l’Université Rennes 1 et dans d’autres établissements d’enseignement supérieur rennais comme l’Insa, les interventions des enseignants de la section en dehors de Rennes 2 se sont faites plus rares, au plan régional une partie d’entre eux a été à partir de 1990 fortement impliquée dans la mise en place d’une antenne universitaire délocalisée à Lorient, avant la création de l’Université de Bretagne sud en 1994 avec ses propres enseignants. C’est le cas, dès la rentrée 1990 en LEA puis pour le Deug d’espagnol en 1991, de Denis Rodrigues, Rémi Le Marc’hadour, et Bernard Le Gonidec. Les enseignants du département ont évidemment continué à intervenir dans le cadre de la formation continue ou de l’Université du temps libre.
Au plan national, la participation d’enseignants de la section aux jurys des concours de recrutement (Capes et Agrégation, ENS Cachan) s’est poursuivie — on l’a vu — et d’autres ont été appelés à exercer les fonctions de recteur d’académie puis de directeur de l’Institut national de recherche pédagogique — INRP — (Jean-François Botrel) ou à participer à la Commission nationale des programmes (Denis Rodrigues). Jean-François Botrel est président de la SHF de 1986 à 1990 et c’est à Rennes qu’ont été publiées les premières Nouvelles de l’hispanisme, le bulletin de la SHF, dactylographié par Jacqueline Thomas.
Au plan interna--tional, les conventions signées avec des universités espagnoles et hispano-américaines et à partir de 1994 le programme Erasmus (créé en 1987) permettent que les séjours et les échanges d’étudiants et d’enseignants et la coopération deviennent chose plus ordinaire : début 2005 par exemple, 89 étudiants de Rennes 2 sont en Espagne, dont 29 inscrits en espagnol, et on signale l’intérêt qu’il y a à établir des accord bilatéraux avec des universités importantes d’Amérique latine : Puebla, Tucumán, Mendoza, etc. De premières expériences de bidiplomation sont menées. En 1990, Jean-François Botrel est fait docteur honoris causa de l’Université d’Exeter, et de 1998 à 2007 il est suc-ces-sivement vice-prési-dent et président de l’Asociación Interna-cional de Hispanistas.
Début 1988, dans une lettre au président de l’université, le directeur du département (Albert Bensoussan) peut se réjouir de l’attribution, en 1987, du prestigieux prix Nadal au roman La ocasión de Juan José Saer et de ses retombées pour le département et l’université. En 1994 c’est le même Albert Bensoussan qui sera le parrain de Mario Vargas Llosa lorsque celui-ci sera fait docteur honoris causa de l’Université Rennes 2 (Bensoussan, 1995 : 65-68) (ILL. 5-7). D’autres écrivains, artistes ou universitaires du monde hispanique seront ainsi distingués par la suite : Miguel Estrella et Jorge Edwards en 2005, Jorge Semprún en 2007[264]. En 1993, Mathilde Bensoussan reçoit la Creu de Sant Jordi, et en 2005 Jean-François Botrel est fait commandeur de l’Orden de Isabel la Católica.
Pendant tout ce temps, la section d’espagnol devenue département a continué d’être un lieu de sociabilité et d’initiatives à finalité culturelle. Intiluna*, l’association des étudiants d’espagnol, avec sa chorale et ses cours de salsa[265], a continué à animer un lieu de réunion et a publié au moins un numéro d’un journal : El Guión, en décembre 1995 (ILL. 5-8), puis El Plumacayo. Revista mensual (n° 2, junio 97), éditée par Inkari, association culturelle et artistique. On sait de pots de fin d’année organisés par les étudiants auxquels étaient conviés des enseignants. Le repas organisé le 31 mars 1998 par les « Capésitifs » a même donné lieu à des refrains de circonstance (ILL. 5-9). Certains enseignants du département se souviennent aussi d’un long voyage au Mexique organisé par l’association « Sept femmes pour le Mexique » et guidé à l’été 1987 par Jacqueline Covo, auquel participèrent aussi Jacqueline Thomas et son fils. Si les repas de fin d’année en commun ont progressivement cessé d’être de mise, le département a rarement manqué d’organiser les traditionnelles cérémonies de départs à la retraite de plus en plus fréquents. Dans certains cas, ces départs ont aussi donné lieu à des hommages imprimés, comme pour Bernard Le Gonidec et Jean-François Botrel[266]. Quant à la mémoire du département, si la célébration un moment envisagée de son 40e anniversaire n’a pu avoir lieu[267], la présence heureusement persistante du souvenir d’Antonio Otero Seco a permis, au moins à deux reprises, de mettre son histoire et celle du département en perspective : avec l’attribution de son nom à la bibliothèque d’espagnol, en 1971, puis l’inauguration de l’amphithéâtre Antonio Otero Seco le 25 novembre 2004 (ILL 5-10).
Dans le domaine culturel, faute de pouvoir rappeler toutes les initiatives individuelles ou collectives prises, rappelons-en quelques-unes au gré des souvenirs et témoignages recueillis. Par exemple les habituelles conférences d’enseignants ou écrivains invités dans le cadre de la préparation au concours ou non (Pierre Kalfon et Yvon Le Bot, José Antonio Pérez Bowie, Jorge Uría, Manuel Aznar Soler, José Agustín et Paco Ignacio Taibo II, Alberto Ibáñez, Ramón Chao, etc.) ; des cycles de cinéma espagnol, comme en 1986 sur « La mémoire cinématographique de la Guerre d’Espagne » ; des cafés littéraires animés par Françoise Dubosquet-Layris, avec Antonio Gala, Claudio Rodríguez Fer (fait plus tard docteur honoris causa de Rennes 2), José Manuel Fajardo, Paco Ignacio Taibo II, Jorge Edwards, Alfons Cervera, ou en lien avec le Printemps des poètes en 2007, Manuel Rivas, Olga Novo, Kirmen Uribe, José Jiménez, Claudio Rodríguez Fer ; des tables rondes (sur l’Espagne des autonomies, sur l’écriture de la mémoire avec l’historien Francisco Espinosa à la Maison internationale de Rennes en 2004, ou sur le conte avec Juan José Saer et Jorge Edwards), ou encore autour de Vargas Llosa et de son traducteur ; une conférence sur le Chili par un représentant de l’ambassade (ILL. 5-11), ou d’autres manifestations organisées en liaison avec des institutions ou des associations culturelles comme la Bibliothèque universitaire (une exposition d’ouvrages à l’occasion du 5e centenaire de la Découverte des Amériques), le Triangle (sur le théâtre de Lorca), le Centre culturel espagnol présidé par Mariano Otero pour une exposition autour de Lorca, Travelling (Travelling Madrid), le Festival des étonnants voyageurs, la Maison de la culture (autour de Jorge Semprún), l’ambassade du Chili pour une hommage à Pablo Neruda en 2007), etc., contribuant ainsi à la découverte et à la promotion des cultures hispaniques en dehors de l’université pour un public élargi.
Soixante ans après
En 2006-2007, alors que Jean-Pierre Sanchez, Jane El Kolli et Claude Le Bigot viennent à leur tour de prendre leur retraite, l’espagnol à Rennes 2 est, selon l’annuaire de la SHF, servi par trente-et-un enseignants, toutes catégories confondues, dont vingt femmes, et Brigitte Ferré et Magali Houé pour l’administration (ILL. 6-1). Le nombre d’étudiants spécialistes (LLCE) concernés par leur enseignement dépasse les 350, et il faut y ajouter les étudiants en LEA (plus de 800) et les non spécialistes, chez qui l’espagnol est la langue la plus choisie, après l’anglais[268]. Bien loin par conséquent de la section d’espagnol de 1947 avec son unique enseignante et sa vingtaine d’étudiants parmi les 900 que la Faculté des lettres comptait alors, mais c’est toujours une petite partie — section — d’une université qui à présent compte quelque 650 enseignants, 450 administratifs et 17 000 étudiants.
Soixante ans après sa création, la section d’espagnol ainsi appelée au moins jusqu’en 1981, continue en tant qu’unité de base à avoir une indéniable utilité fonctionnelle et identitaire mais se trouve de plus en plus fondue au sein de l’UFR des Langues, tant pour l’enseignement que pour la recherche : symptomatiquement, en 2004, contrairement à 1987 — effet des évolutions générales de l’organisation de l’enseignement et de la recherche —, le CNE ne l’identifie pas expressément dans son rapport d’évaluation.
Au sein de l’hispanisme français, comme les soixante autres départements d’espagnol et leur millier d’enseignants et chercheurs, le département a bénéficié de l’essor de l’enseignement de la langue espagnole dans le secondaire (1 310 866 élèves en 1997-1998, soit près de 20 % du total des élèves en langues ; 2 149 312 en 2004[269]), mais il a activement contribué à la formation de spécialistes d’espagnol[270], à la promotion des langues et cultures hispaniques et à une recherche désormais davantage inter-langues ou en réseau national ou européen.
Si, comme antérieurement, sa vie essentielle repose sur une responsable administrative, un directeur ou directrice et ses adjoints, si les réunions de département sont toujours de mise, avec la salle du courrier et la photocopieuse comme point de rencontre, le département d’espagnol est sans doute moins le lieu à forte charge affective — mais de solidarité aussi — qu’il a pu longtemps représenter, même si comme toutes les microsociétés ou familles il n’est évidemment pas à l’abri de conflits, heureusement presque toujours résolus en interne. Partant, il est moins identifié en tant que tel au sein de l’institution universitaire et ce sont les équipes de recherche et les chercheurs qui sont davantage en charge de la représentation de Rennes au sein de l’hispanisme national et international.
Pour corriger l’effet de loupe produit par la focalisation sur un élément du système universitaire[271] avec son accumulation d’informations, il faut en conclusion évidemment rappeler que l’histoire de la section d’espagnol de Rennes s’inscrit dans l’histoire de l’université et de l’hispanisme qui pour l’essentiel la détermine, et ce n’est que par comparaison, pour le moment irréalisable faute d’éléments, qu’on pourra apprécier l’éventuelle originalité des apports de la section puis du département d’espagnol rennais à l’Université Rennes 2 et à l’hispanisme.
Puisse néanmoins cette micro-histoire permettre de mesurer le chemin parcouru en des terres qui ont longtemps été des terres de mission pour l’espagnol, grâce à une centaine d’acteurs — enseignants, chercheurs et administratifs — qui, pour des durées variables[272] et plus ou moins intensément, ont participé à la formation des successives cohortes d’étudiants qui à leur tour ont pu enseigner l’espagnol ou contribuer à la recherche sur les mondes hispaniques et plus généralement à la défense et illustration de l’espagnol et de l’hispanisme.
Rennes-Le Buisson, décembre 2023
Annexes
Annexe A. Acronymes et glossaire
AA : assistant associé.
ADIV : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.
Agrégation : en espagnol, l’agrégation existe depuis 1900 comme concours externe de recrutement de professeurs de l’enseignement secondaire.
Agrégé(e) : titulaire de l’agrégation.
AIH : Asociación internacional de hispanistas.
Al alimón : se dit d’une figure de tauromachie où deux toreros tiennent ensemble la cape.
Allocataire de recherche : depuis 1976, doctorant engagé sur un contrat de courte durée (de un à trois ans) et chargé de quelques enseignements. À partir de 1985, il y a eu des allocataires d’enseignement supérieur.
AMN : allocataire-moniteur normalien, créé en octobre 1989.
AND : assistant normalien doctorant.
Année préparatoire : voir certificat d’études littéraires.
Assistant : jusqu’en 1984, enseignant universitaire préparant généralement un doctorat de 3e cycle ou un doctorat d’État et souvent recruté parmi les titulaires d’un licence ès lettres requise pour l’enseignement secondaire et du diplôme d’études supérieures et souvent parmi les agrégés de l’enseignement secondaire qui étaient détachés dans l’enseignement supérieur. Recrutés pour une durée maximum de quatre ans, avec prolongation exceptionnelle d’un ou deux ans, Ils étaient chargés de la direction des travaux pratiques et de la correction des copies. Ils pouvaient exceptionnellement être appelés à diriger des explications de textes. Leur service maximum d’enseignement était de cinq heures par semaine. Ils étaient selon les disciplines fonctionnaires ou contractuels et étaient, avec les maîtres-assistants, des enseignants dits « de rang B ».
Ateneo : nom donné, en Espagne, à des cercles de sociabilité à finalité littéraire ou scientifique, et au premier club d’espagnol de la Faculté des lettres de Rennes.
Ater : attaché temporaire d’enseignement et de recherche. Enseignant-chercheur non titulaire employé en contrat à durée déterminée. Créée en 1988, cette catégorie peut concerner des attachés terminant une thèse de doctorat recrutés pour un an, des attachés recrutés pour un an parmi les docteurs, des attachés recrutés pour trois ans parmi les fonctionnaires de catégorie A — en très grande majorité des enseignants du second degré pour préparer une thèse de doctorat — et des attachés recrutés pour trois ans parmi les enseignants et chercheurs venant de l’étranger.
BAE : Biblioteca de Autores Españoles.
Bloc : ensemble d’UV.
BU : Bibliothèque universitaire.
Capes : Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire, créé en 1950, sous forme de concours de recrutement de professeurs pour l’enseignement secondaire, pour remplacer le Certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges existant depuis 1941.
Casa de Velázquez : grand établissement scientifique français, sis à Madrid.
CELG : certificat d’études littéraires générales ou propédeutique (propé) qui remplace en 1951 le certificat précédent.
Certificat d’études littéraires ou année préparatoire : jusqu’en 1951, il était à obtenir en première année, avant de poursuivre les études de licence.
Certificat (certif.) d’études pratiques : en langues, jusqu’en 1966, un des quatre certificats d’enseignement supérieur (CES) pour l’obtention de la licence d’enseignement.
Certificat de littérature : en langues, jusqu’en 1966, un des quatre certificats d’enseignement supérieur (CES) pour l’obtention de la licence d’enseignement.
Certificat de philologie : en langues, jusqu’en 1966, un des quatre certificats d’enseignement supérieur (CES) pour l’obtention de la licence d’enseignement.
Certifié : titulaire du Capes.
CES : certificat d’études supérieures..
Chargé de cours complémentaires : enseignants généralement recrutés parmi les agrégés ou certifiés en poste dans l’enseignement secondaire pour assurer quelques enseignements.
Chargé d’enseignement : enseignant non obligatoirement docteur, non titulaire et nommé pour une année plusieurs fois renouvelable, à qui on confie la responsabilité d’assurer des enseignements et des fonctions revenant généralement à des professeurs titulaires ou des maîtres de conférences, sans qu’il jouisse de la même autorité. La Laes a donné un cadre plus formel à cette fonction.
CCU : Comité consultatif des universités (cf. CNU).
Cellam : Centre d’études des langues et littératures anciennes et modernes.
CES : certificat d’enseignement supérieur dit certificat et, plus familièrement, certif.
Cevu : conseil des études et de la vie étudiante.
CIES : Centre d’initiation à l’enseignement supérieur.
CNE : Comité national d’évaluation.
CNED : Centre national d’enseignement à distance.
CNU : Conseil national des universités : instance chargée depuis 1987 d’organiser la carrière des enseignants chercheurs, antérieurement dénommé CCU (1972), CSCU (1979) et CSU (1983).
Commission de spécialistes de l’enseignement supérieur : commission composée d’enseignants élus ou nommés chargés du recrutement des enseignants et de la gestion de leur carrière. Pour l’espagnol, c’est un commission « langues romanes » qui assume cette fonction.
CPR : Centre pédagogique régional.
Crédit : cf. ECTS.
CSCU : Conseil supérieur des corps universitaires (cf. CNU).
CSP : conseil scientifique et pédagogique.
CSU : Conseil supérieur des universités (cf. CNU).
DEA : diplôme d’études approfondies, préparé après la maîtrise.
DES : diplôme d’enseignement supérieur, obtenu après la Licence, ou mémoire de maîtrise.
Deug : diplôme d’études universitaires générales, mis en place en 1973, qui correspond aux deux premières années d’enseignement supérieur.
Doctorat « unique », dit au départ « nouveau doctorat » : à partir de 1984, le titre de docteur est attribué après soutenance d’une thèse préparée pendant trois à cinq ans (y compris le DEA tant qu’il a existé).
Doctorat d’État : fondé sur la recherche, son obtention passe par la soutenance d’une thèse dite d’État (qui, jusqu’en 1969, comprend une thèse principale et une thèse complémentaire), dont la durée de préparation s’est allongée avec le temps (entre 10 et 20 ans). Il confère le titre de docteur ès lettres et ouvre la possibilité de devenir professeur titulaire de chaire ou à titre personnel, et, après 1979, professeur des universités.
Doctorat d’université : créé en 1897, titre d’ordre scientifique institué par chaque université et qui ne conférait aucun droit d’ordre public.
Doctorat de 3e cycle, dit aussi de spécialité : créé en 1958, le titre est attribué après soutenance d’une thèse préparée en au moins deux ans.
Doyen : autrefois, administrateur de faculté élu par ses pairs.
Duel : diplôme universitaire d’études littéraires, mis en place en 1966-1967 (avec la réforme dite Fouchet), correspondant aux deux premières années d’études supérieures et suivi du C1 (licence) et C2 (maîtrise).
Écoles doctorales : organes internes aux établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche mettant en œuvre la formation doctorale et habilités à délivrer le doctorat, dont la généralisation s’est produite à partir de 1990.
ECTS : European credit transfer and accumulation system ou Système européen de transfert et d’accumulation de crédits. Système de points développé par l’Union européenne dans le cadre du processus de Bologne et de l’espace européen de l’enseignement supérieur, qui a pour objectif de faciliter la lecture et la comparaison des programmes d’études au sein d’un pays et dans les différents pays européens. Les crédits sont répartis en unités d’enseignements (UE).
ENS : École normale supérieure.
Entremés : intermède.
Erilar : Équipe de recherches interdisciplinaire en langues romanes.
Estudiantina : ensemble d’instruments généralement à cordes pincées, également dite tuna qui, en Espagne, réunissait des étudiants.
Fac : abréviation ordinaire de faculté (la fac des lettres).
HDR : habilitation à diriger des recherches. Qualification qui, en1984, succède au doctorat d’État.
Iatos : personnels ingénieurs administratifs techniciens ouvriers et de service, aujourd’hui dits Biatss.
Intiluna : comme soleil (inti, en langue inca) et lune. Club des étudiants d’espagnol faisant suite au Manicomio.
Ipes : Institut de préparation à l’enseignement secondaire.
IUFM : Institut universitaire de formation des maîtres, remplacés par les Espe.
Laes : liste d’aptitude à l’enseignement supérieur.
Lafma : liste d’aptitude aux fonctions de maître-assistant.
LEA : langues étrangères appliquées.
Lecteur de langue étrangère : étudiant avancé ou venant de terminer ses études, recruté pour une année renouvelable une fois, mais pour les recrutements dans le cadre d’accords bilatéraux une, deux ou trois années, renouvelable une fois pour la même durée.
Licence : jusqu’en 1966, ce diplôme était généralement préparé en deux ans après l’année de propédeutique et requérait l’obtention de quatre CES. À partir de 1966, c’est la troisième année faisant suite aux deux années de Duel puis Deug. À partir de 2003, le diplôme correspond à trois années (six semestres) d’études supérieures.
LLCE : langues littératures et civilisations étrangères.
LMD : licence-maîtrise-doctorat.
LRU : loi relative aux libertés et responsabilités des universités.
MA : maître-assistant, entre 1960 et 1984, date à laquelle se produit l’intégration dans le corps des MCF (maître de conférences). Les maîtres-assistants étaient des enseignants universitaires chargés de l’enseignement en premier et deuxième cycles, appartenant au rang B, inscrits sur la Lafma et préparant généralement un doctorat d’État. Le doctorat ès sciences ou ès lettres n’est pas requis pour devenir maître-assistant, trois années comme assistant ou l’agrégation suffisent pour se présenter à ce poste. Ils exerçaient leurs fonctions sous l’autorité du chef du département ou, à défaut, du professeur responsable.
MAA : maître-assistant associé.
Maîtres de langue étrangère : recrutés pour un an, renouvelable une fois, ils doivent justifier d’une année d’études doctorales. En 1987, leur service annuel de 288 h TP ou 192 h équivalent-TD. À titre exceptionnel, ils pouvaient assurer des cours.
Maîtrise : 4e année de formation et diplôme faisant suite à la licence dans le système antérieur à 2003.
Maîtrise de conférences : jusqu’en 1979, emploi occupé par un enseignant recruté parmi les agrégés des lycées sur le point d’obtenir le doctorat dans l’année ou déjà docteurs, qui assure des conférences destinées « soit à compléter l’enseignement des professeurs », soit à élargir le cadre de l’enseignement en étant chargé de représenter au sein de l’établissement telle ou telle partie des sciences qui n’y avait pas encore trouvé place. Depuis 1946, ils étaient nommés de façon permanente.
MCF : maître de conférences. À partir de 1984, désigne un enseignant chercheur titulaire d’un doctorat, inscrit sur la liste de qualification aux fonctions de maître de conférences établie par le conseil national des universités et recruté sur un poste permanent. Le terme « conférence » désignait au xixe siècle une séance d’enseignement. Contrairement aux anciens maîtres-assistants, les actuels maîtres de conférences doivent être docteurs avant leur recrutement et ne sont pas réglementairement placés sous l’autorité des professeurs des universités. Ils peuvent en outre donner des cours dans l’ensemble des cycles et ne sont pas spécifiquement chargés des enseignements en petit groupe. Les professeurs des universités disposent cependant de la priorité sur les cours.
Manicomio (asile de fous) : nom donné au club d’espagnol, qui cesse alors de s’appeler Ateneo.
Master : formation de deux ans et diplôme faisant suite à la licence dans le système LMD.
Module : unité d’enseignement qu’un étudiant peut combiner à d’autres afin de personnaliser sa formation.
Moniteur : étudiant avancé, généralement titulaire de la licence, chargé, moyennant une modeste rétribution, de tâches documentaires ou administratives, mais aussi, après 1989, d’initiation à l’enseignement supérieur.
MST : maîtrise de sciences et techniques.
PCE : Partido Comunista de España.
PCF : Parti communiste français.
Prag : professeur agrégé détaché dans l’enseignement supérieur.
PRCE : professeur certifié détaché dans l’enseignement supérieur.
PR : professeur des universités. Depuis 1979, enseignant chercheur titulaire d’un doctorat d’Etat ou d’une HDR recruté par concours sur un poste. Il a la vocation prioritaire, mais non exclusive, à assurer son service d’enseignement sous forme de cours magistraux ainsi que la direction des unités de recherche.
Professeur titulaire de chaire : avant 1979, la chaire est un poste permanent d’enseignement et de recherche destiné à promouvoir un discipline attribué à un enseignant docteur qui obtient alors le titre de professeur.
Propédeutique ou propé : voir CELG.
Pur : Presses universitaires de Rennes, fondées en 1985.
PV : procès-verbal.
Qualification : validation de compétences par une instance nationale telle que le CNU.
QCM : questionnaire à choix multiples.
Rangs A et B : dans les universités, le rang A comprend les PR et assimilés et le rang B les MA ou MCF et assimilés et, anciennement, les assistants.
SCD : Service commun de la documentation.
SHF : Société des hispanistes français de l’enseignement supérieur.
Snes : Syndicat national de l’enseignement secondaire.
Snesup : Syndicat national de l’enseignement supérieur.
Sued : Service universitaire d’enseignement à distance.
TD : travaux dirigés.
Tertulia : réunion de personnes qui s’assemblent habituellement pour causer ou discuter.
TP : travaux pratiques.
UEC : Union des étudiants communistes.
UER : unité d’enseignement et de recherche.
UFR : unité de formation et de recherche.
UHB : Université Rennes 2-Hate-Bretagne
Uned : Universidad Nacional de Enseñanza a Distancia.
Unef : Union nationale des étudiants de France.
Ureps : Unité régionale d’éducation physique et sportive.
UTL : Université du temps libre.
UV : unité de valeur : élément de la formation universitaire, correspondant à un ou plusieurs enseignements.
Val : métro rennais.
VP : vice-président.
Xunta de Galicia : gouvernement de la communauté autonome de Galice.
Annexe B. Lettre de Jean-François Botrel et questionnaire
Rennes, 10 mars 2009
Aux membres et anciens membres
du département d’espagnol de Rennes 2
À l’origine de l’actuel département d’espagnol de Rennes 2 se trouve, en 1947, Josette Blanquat (aujourd’hui retirée à Gourdon), qui a bien voulu me communiquer quelques informations et souvenirs pour la période 1947-1952.
Reste à reconstituer ce que furent les années qui suivirent et c’est pour cette raison que, après quelques échanges informels avec certains d’entre vous, je m’adresse à tous ceux qui, au fil des ans, ont contribué à faire de la « section d’espagnol » de Rennes (de la Faculté des lettres et sciences humaines de Rennes et de l’Université Rennes 2-Haute-Bretagne) ce qu’elle est devenue et peuvent nourrir, par des informations les concernant ou par leurs souvenirs et témoignages, son histoire externe et surtout interne, jusqu’à la fin du xxe siècle, mais aussi nous aider à parler de ceux et celles qui ne sont plus.
Pour faciliter le recueil de ces informations a été conçue une liste de questions auxquelles il serait important que chacun, tout en fournissant un CV et, le cas échéant, une liste de ses publications, s’efforce d’apporter (si les questions lui semblent pertinentes) les réponses les plus précises possibles (avec mention de la date, par exemple), et qui serviront à reconstituer une chronologie des acteurs (enseignants, chercheurs, administratifs ou techniciens mais aussi étudiants) et à caractériser les grandes lignes d’un demi-siècle d’enseignement et de recherche dans le domaine hispanique à Rennes.
Une présentation des résultats de cette enquête pourrait être envisagée à l’occasion d’une rencontre organisée à l’université, éventuellement assortie d’une exposition, avant que ne soit écrite, pour les générations futures, l’histoire du département d’espagnol de Rennes 2.
J’attends donc avec impatience ta/votre contribution[273], à adresser par courrier postal ou courrier électronique à : Jean-François Botrel, 14 rue de Brest, 35000 Rennes ou botrel.j-f@orange.fr (tél. : 02 99 59 18 47).
Avec mon meilleur souvenir,
Jean-François Botrel
Recueil d’informations pour une histoire du département d’espagnol de Rennes
NB. Joindre un curriculum-vitæ, avec le cas échéant une liste de publications qui seront conservées dans les archives du département.
NOM et prénoms :
Date de naissance :
1. Période d’exercice à Rennes :
- Date(s) d’arrivée :
- Date(s) de départ :
- Situations administratives successives :
- Situation et lieu d’exercice antérieurs à l’arrivée au département :
- Situations et lieux d’exercice après le départ du département :
2. Formation :
- Lieu de formation comme hispaniste :
- Le cas échéant, lieu de préparation des concours de recrutement dans l’ensei-gnement secondaire :
- Passage par une ENS, l’Ipes, bourse d’études, etc. :
- Le cas échéant, titre et directeur(s) de thèse(s) :
- Date(s) et université de soutenance :
- Le cas échéant (sur une feuille à part) : souvenirs de ta/votre formation à Rennes (enseignants, étudiants, etc.).
- Vocation d’hispaniste : comment l’expliquer ? :
3. Activités d’enseignement :
- Principaux enseignements assurés au sein du département d’espagnol ou de la filière LEA :
- Enseignements assurés en dehors du département ou de la filière LEA, au sein de l’université (Télé-enseignement/Sued, Formation continue, autres départements ou UFR) ou en dehors (IUFM, Rennes 1, Ecoles, etc.) :
-Initiatives et innovations en matière d’enseignement :
4. Activités de recherche :
- Principales orientations :
- Participation à des équipes de recherche de Rennes :
- Participation à des équipes de recherche en dehors de Rennes :
- Initiatives prises et responsabilités exercées dans ce domaine :
- Colloques, congrès, etc. tenus à Rennes :
- Le cas échéant, thèses dirigées (joindre la liste) :
- Le cas échéant, liste de publications (la joindre).
- Traductions et collaborations dans la presse concernant le domaine hispanique :
- Autres œuvres :
5. Responsabilités administratives et autres
- au sein du département :
- de l’UER/UFR :
- de l’Université Rennes 2 :
- en dehors de l’université
- participation à des jurys de concours, etc.
6. Activités culturelles et sociales :
- Initiatives prises au sein du département (invitations de conférenciers, cycles de cinéma, compagnies théâtrales, etc.) :
- Participation à des banquets, rencontres sportives, excursions, etc. : (quels souvenirs particuliers gardes-tu/gardez-
vous ?) :
- Responsabilités au sein d’associations, syndicats, etc. :
- Convivialité (Ateneo*, club d’espagnol, réunions, vie sociale,…) :
7. Souvenirs concernant la section d’espagnol
- enseignants, administratifs, bibliothécaires, etc. en exercice pendant la période d’activité à Rennes (professeurs, lecteurs, secrétaires, maîtres de conférences, chargés de cours, ingénieurs, moniteurs, assistants, Ater, allocataires de recherche, AMN, etc.) dont tu te souviens/vous vous souvenez :
- étudiants formés dont tu gardes/vous gardez plus particulièrement le souvenir ; ce qu’ils sont devenus :
- le secrétariat :
- la bibliothèque :
8. Recrutement :
- qui a pu, directement ou indirectement, être à l’origine de ton/votre recrutement à l’Université Rennes 2 ? :
- qui astu/avezvous pu contribuer à recruter à Rennes 2 ? :
9. Disposes-tu/disposez-vous de documents datant de ta/votre formation et/ou de ton/votre activité d’enseignant à Rennes (photos personnelles (au moins une correspondant à la période d’activité à Rennes !) ou collectives, notes de cours, copies, etc ) que tu pourrais/vous pourriez communiquer pour cette histoire et pour une éventuelle exposition ?
Si oui, description sommaire des documents :
10. Participerais-tu/participeriez-vous à une rencontre entre anciens et actuels membres de la section ou département ?
Observations et suggestions :
Sur une page à part, souvenirs particuliers (y compris désagréables !) et anecdotes concernant la vie de la section, des enseignants, des étudiants, etc.
Annexe C. Publications
Collection du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes
1966 : Robert Marrast, Espronceda. Articles et discours oubliés. La biblio-thèque d’Espronceda (d’après un document inédit), Paris, Puf, 1966, 63 p.
1966 : Jean-François Botrel ; Jean-Michel Massa ; Alain Le Bars, Études luso-brésiliennes, Paris, Puf, 1966, 61 p.
1968 : III. Études ibériques. Contributions de Jean Vilar, « Intellectuels et noblesse : le Doctor Eugenio de Narbona » ; Mathilde Tubau-Bensoussan, « Sur la chronologie de Los Tratos de Árgel, Los baños de Árgel et El cautivo de Cervantes » ; Jean Subirats, « Les séquelles du sébastianisme portugais aux xixe et xxe siècle » ; Albert Bensoussan, « La Pardo Bazán, Pereda et Brunetière : deux lettres inédites » ; Aline Schulman, « Primeras poesías (Luis Cernuda) : étude de quelques variantes » ; Antonio Otero Seco, « Notas para un vocabulario argótico español de la mala vida », 63 p.
1968 : IV. Études latino-américaines. Contributions de Albert Bensoussan, « Le voyage de Parny au Brésil » ; Jean-Michel Massa, « O primo Basílio lu et vu par ses cousins du Brésil » ; Paulo Rónai, « La pierre de Carlos Drummond de Andrade » ; Bernard Pellen, « Opération Abancay 1965-1967 ».
1969 : V. Études portugaises et brésiliennes. Contributions de Liberto Cruz, Alexandre Eulálio, Vivice M. C. Azevedo ; section bibliographique, 72 p.
[1972] : VI. Études ibériques. Théâtre en Espagne. I. Lauro Olmo. Éd. de Francine Caron. 1. L’homme et l’œuvre . 2. Inédits tirés de l’ensemble Cuarto poder : Ceros a la izquierda ; El mercadillo útil. 3. Notes sur la génèse de Ceros a la izquierda. 4. Annexe : brève bibliographie pour La chemise.
1971 : VII. Nouvelles études portugaises et brésiliennes. Contributions de Françoise Massa ; Jean-Michel Massa ; Liberto Cruz ; Jean-Yves Mérian ; Ione de Andrade ; section bibliographique.
1973 : VIII. Antonio Otero Seco, Obra periodística y crítica. Exilio 1947-1970, I. Introducción d’Antonio Piñeroba. Dibujos de Mariano Otero. Recopilación, ordenación y maqueta d’Antonio Otero, 1973, 745 p.
1973 : IX. Nouvelles études luso-brésiliennes. Contributions de Onosor Fonseca, Françoise Massa, Liberto Cruz, Jean-Michel Massa, Jean-Yves Mérian. Document : Un poème inédit de Fernando Pessoa ; section bibliographique, 115 p.
1974 : X. Études hispano-américaines. Contributions de Geneviève Berthelot, « Lecture de Eloy (1960) de Carlos Droguett » ; Carta de Unamuno a los estudiantes chilenos ; Claude Fell, « Vasconcelos au Chili : documents pour une controverse » ; Prosper Divay, « Images pour un poème de Pablo Neruda » ; Jean-Pierre Sanchez, « le codex de Florence : un manuscrit négligé de l’Historia general de las cosas de la Nueva España de Fray Bernardino de Sahagún » ; Ève-Marie Fell, « Sources françaises du courant raciste en Amérique du Sud » ; Bernard Le Gonidec, « La americanidad de José Enrique Rodó » ; Dominique Ferré, « Le péronisme : un passé en quête de futur », 100 p.
1977 : XI. Études portugaises et brésiliennes (nouvelle série). Contributions de Françoise Massa, Carlos Alberto Antunes Maciel, Jean-Yves Mérian, Graciela de Oliveira ; bibliographie, 146 p.
1977 : XII. Études ibériques. Théâtre en Espagne II. Alfonso Sastre (Alfonso Sastre, Diario del hijo de Guillermo Tell (inédito) ; Osvaldo Obregón, « Introducción a la dramaturgia de Alfonso Sastre »), 83 p.
1977 : XIII. Études portugaises et brésiliennes (nouvelle série 2). Contributions de Yvonne David-Peyre, José Carlos Garbuglio, Silvia Leroy, Naïade Anido, María de Lourdes Belchior, Françoise Massa ; section bibliographique.
1979 : XIV. Presse et société. Bernard Le Gonidec, « Diffusion et réception critique de Ariel de José Enrique Rodó ; Danièle Genevois, « Presse féminine et républicanisme sous la IIe République espagnole : la revue Mujer (juin-septembre 1931) » ; Jean-Michel Desvois, « La presse pré-fasciste et fasciste en Espagne (1915-1936) » ; Carmen Salaün, « À propos du titre : analyse d’un code (les titres de Cambio 16) », 165 p.
1980 : XV. Études portugaises et brésiliennes (nouvelle série 3). Contributions de Corsino Fortes , Dramane Kamaté, séminaire « Les réalités noires au Brésil : les problèmes actuels », Pedro Calheiros, Françoise Massa, Silvia Leroy Carlos Alberto Antunes Maciel, 120 p.
1981 : XVI. Clarín y sus editores. Éd. de Josette Blanquat et Jean-François Botrel, 92 p.
1982 : XVII. Études portugaises et brésiliennes (nouvelle série 4). Contributions de Fernando A. Cristovão, José Júlio Esteves Pinheiro, Carlos Alberto Antunes Maciel ; M. A. de Lopes, Marie-Françoise Bidault, Jean-Michel Massa, 84 p.
1984 : XVIII. Presse et public. Éd. Carmen Salaün-Sánchez. Contributions de Jacqueline Covo, « La Colonie française au Mexique à travers son journal, Le Trait d’Union, 1849-1868 » ; Jean-François Botrel, « La diffusion de Madrid Cómico, 1886-1897 » ; Jean-Michel Desvois, « Notes sur la diffusion en province des quotidiens de Madrid, 1925-1927 et 1931-1936 » ; Danièle Bussy-Genevois , « Le courrier des lecteurs dans Ellas, 1932-1934 » ; Gabriela Obregón, « El Escolar de Ortigueira : un periódico infantil de principios del siglo XX (Galicia-España » ; Carmen Salaün-Sánchez, « La presse madrilène et la visite du président Mitterand », 106 p.
1983 : XIX. Études portugaises et brésiliennes (nouvelle série 5). Contributions de Françoise Massa, Jean-Michel Massa, Jean-Yves Mérian, Paulo Ronái, Amélie Poupet, 103 p.
1989 : XX. Études sur les mondes hispanophones. Typologie de la presse hispanique, actes du colloque, Rennes, 1984, 209 p.
1989 : XXI. Études portugaises et brésiliennes. La langue portugaise en Afrique. Contributions de Matthias Perl, Eberhard Gärtner, Doris Leiste, Annette Endruschat, Fernand Sylva, Silvia de Menezes-Leroy, Marie-Françoise Bidault, Christian Véziat, Sophie de Gaspar, Jean-Michel Massa, 177 p.
Collection Mondes hispanophones
1989 : Études sur les mondes hispanophones 22. Le discours de la presse. Éd. de Jean-François Botrel, 276 p.
1992 : Études sur les mondes hispanophones 23. Regards sur la littérature gauchesca, Claude Le Bigot dir., 56 p.
1993 : Mondes hispanophones 24. Presse et médias au Mexique, Claude Le Bigot dir., 115 p.
2000 : Mondes hispanophones 25. Musiques et sociétés en Amérique latine, Gérard Borras dir., 294 p.
2001 : Mondes hispanophones 26. Javier García Méndez, Diez calas en el hacer de la poesía de Pablo Neruda. Residencia en la tierra y Canto general, 198 p.
2004 : Mondes hispanophones 27. Sylvie Rouxel-Dolivet, Espagne. La transformation des relations Église-État, du concile Vatican II à l’arrivée au pouvoir du PSOE, 346 p.
2004 : Mondes hispanophones 28. L’écrivain argentin et la tradition. Actes du colloque […] organisé par l’Université de Bretagne sud en mars 2003, Rémi Le Marc’hadour, Sergio Delgado, Daniel Attala dir., 272 p.
2006 : Mondes hispanophones 29. Monique Martinez-Thomas, J.S. Sinisterra, une dramaturgie des frontières, 93 p.
2007 : Mondes hispanophones 30. Néstor Ponce, Le discours autoritaire en Amérique Latine de 1970 à nos jours, 136 p.
Hors-collection :
1972 : Homenaje a Antonio Otero Seco, Centre d’études hispaniques, Université de Haute-Bretagne-Rennes, Paris, Presses du Palais Royal, 1972, 150 p.
1974 : Danièle Genevois, Bernard Le Gonidec, Aspects de la pensée hispano-américaine 1898-1930, 252 p.
1976 : Dominique Ferré, Le péronisme. Bibliographie, Centre d’études hispaniques et Hispano-américaines.
1977 : Isabel Sara López Abadía, La génesis del universo poético de José Ángel Valente, Centre d’études hispaniques et hispano-américaines 1977, 103 f. 30 cm, autre édition en A5.
1983 : Raúl Beceyro, Sobre « Elisa vida mía » de Carlos Saura, Université de Haute-Bretagne, Centre d’études hispaniques et hispano-américaines, 60 p.
Cahiers du Lira
1996 : N° 1. Jean-Pierre Sanchez, La guerre cubano hispanoaméricaine (1898), Rennes, Imprimerie de l’Université Rennes 2, 1995, 138 p. Série Recherches biblio-graphiques
1996 : N° 2. L’Espagne et les Amériques : la crise de 1898 et ses prolongements, Rennes, Service reprographie, 1996, 167 p. Série Etudes et documents.
1998 : N° 3. Culture et régimes autoritaires dans les pays de langues romanes. Édition d’Yves Panafieu et Jean-Pierre Sanchez avec la collaboration de Nathalie Rolland, Rennes, Reprographie centrale Rennes 2, 1998, 230 p.
2000 : N° 4. Osvaldo Obregón, Le théâtre latino-américain en France (1958-1987.) Édition préparée par Jean-Pierre Sanchez, Rennes, Service reprographie Rennes 2, 2000, 109 p.
2000 : N° 5. Galice, Bretagne, Amérique Latine : mélanges offerts à Bernard Le Gonidec, Rennes, Université Rennes 2-Haute-Bretagne, Lira, Centre d’études galiciennes, 2000, 322 p
2000 : N° 6. Censure et littérature dans les pays de langues romanes. Textes réunis et présentés par Claude Le Bigot et Yves Panafieu, Rennes, Service reprographie Rennes 2, 2000, 284p.
Cahiers galiciens-Cadernos galegos-Kaieroù galizek, 2001-2005, n° 1 à 4.
Collection DidactEspagnol
1994 : Mathilde et Albert Bensoussan, Claude Le Bigot, Versification espagnole suivi de Petit traité des figures, 172 p.
1996 : Albert Bensoussan, Claude Le Bigot Poetas españoles del siglo XX, 304 p.
1998 : Brigitte Martin-Ayala, Henri Ayala L’argotnaute. Guide de l’argot espagnol (nouvelle édition augmentée en 2003).
1999 : Ricardo Saez (dir.), Lectures de Calderón. La vie est un songe. Le grand théâtre du monde, 146 p.
2000 : Claude Le Bigot (dir. ), Lectures de Neruda. Résidence sur la terre. Chant général, 136 p.
2003 : Claude Le Bigot (dir.) Expliquer la civilisation hispanique : méthodes, textes et documents, 376 p.
2005 : Antonia Amo Sánchez ; Carole Egger ; Monique Martinez-Thomas ; Agnès Surbezy, Le théâtre contemporain espagnol. Approche méthodologique et analyses de textes, 182 p.
2005 : Néstor Ponce (éd.), Crimen. Anthologie de la nouvelle noire et policière d’Amérique latine, 296p.
2006 : Claude Le Bigot, Comprendre le texte poétique : domaine hispanique, 216 p.
2006 : Virginie Dumanoir, Espagnol médiéval. Langue et littérature castillanes (xiie-xve siècle, 344 p.
Annexe D. Documents
1. Lettre de Josette Blanquat à Jean-François Botrel
2. Lettre de Jeanne Moutet-Chenu à Jean-François Botrel
Table des illustrations
1-1. La Faculté des lettres de la place Hoche............................................... 6
1-2. Cervantes, Novelas ejemplares, Garnier, 1898....................................... 8
1-3. Allocution du 11 mars 1946............................................................... 9
1-4. A et B. Message de Marcel Bataillon au nom de l’Institut d’études hispaniques de Paris........................ 10
1-5. Programme des conférences de 1946................................................ 11
1-6. Programme de la matinée littéraire et artistique du 29 mai 1946............ 13
1-7. Cours de Sizenendo Chagas Franco à l’ancienne Faculté des lettres......... 15
2-1. Josette Blanquat à Gourdon, le 23 mars 2002...................................... 18
2-2. Annuaire de l’Université de Rennes 1947-1948..................................... 21
2-3. Carton d’invitation du Centre d’études hispaniques.............................. 25
2-4. Programme du Centre d’études hispaniques pour le IVe centenaire de Cervantes .................................... 26 2-5. Programme de l’hommage à Federico García Lorca................................................................................................. 27
3-1. Antonio Otero Seco en 1954............................................................ 30
3-2. Jean Le Bouill, Antonio Otero, Francisco Xavier Martins Prata, Georges Boisvert, Mariano Otero en 1958-1959 31
3-3. Mariano Otero, Victorina San José, Isabel Otero, Antonio Otero Seco, Michel Darbord, Marie-France Le Berre en 1958-1959 32
3-4. Polycopié d’agrégation.................................................................... 41
3-5. Erasmo y España dédicacé par Marcel Bataillon................................... 42
3-6. Fiche d’emprunt de la bibliothèque d’espagnol-portugais...................... 44
3-7. Carte d’adhérent de l’Ateneo........................................................... 45
3-8. Remise des insignes de docteur honoris causa à Mário Soares................ 47
3-9. En-tête du Centre d’études hispaniques et hispano-américaines............. 49
3-10. Mathilde et Albert Bensoussan en 1967............................................ 51
3-11. Devant la statue de Chateaubriand à Combourg en 1967..................... 53
4-1. Rapport de la commission examens-pédagogie (1968).......................... 55
4-2A. Travail du GTU n° 8 en 1969-1970................................................... 56
4-2B. Sujets d’exposés de civilisation de l’Espagne contemporaine ............... 56
4-3. Lettre d’invitation au Cinquantenaire de la création de l’enseignement du portugais............................ 58
4-4. Liste d’auteurs latino-américains pour la première année...................... 69
4-5. Couverture de Sobre Elisa vida mía…................................................. 71
4-6. Calendrier d’exercices pour la préparation aux concours en 1975........... 74
4-7. Couverture de Le Péronisme............................................................ 78
4-8. Match profs-élèves en 1969 ou 1970................................................. 82
4-9. Lors d’une soirée festive au Manicomio.............................................. 83
4-10. Affiche de Mariano Otero (1972) pour la vente de Obra periodística y crítica de son père..................... 85
5-1. Le bâtiment L................................................................................ 88
5-2. Enseignants d’espagnol en 1993....................................................... 99
5-3. Procès-verbal d’une réunion de section............................................ 103
5-4. Participants au colloque de Pilar à la Richardais en 1987...................... 107
5-5. Participants au colloque de Pilar de 2004 à Rennes 2.......................... 109
5-6. Couverture du Cahier n° 4 du Lira.................................................... 111
5-7. Remise des insignes de docteur honoris causa à Mario Vargas Llosa...... 112
5-8. La une du numéro 2 de El Guión. Journal étudiant du département d’espagnol de l’Université Rennes 2. 113
5-9. Chanson des Capésitifs.................................................................. 114
5-10. Programme de l’inauguration de l’amphi Antonio Otero Seco............. 115
5-11. Dans un amphi au début des années 1990....................................... 115
6.1. Liste d’émargement (2007) d’une réunion de département.................. 117
Bibliographie
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Bensoussan, Albert, Confessions d’un traître : essai sur la traduction, Rennes, Pur, 1995.
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—— « Josette Blanquat (1915-2012) », communication interne , SHF, avril 2012
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—— « ¿Generación Tuñón ? », in : Erich Fisbach et Philippe Rabaté (eds.), Les générations dans le monde ibérique, HispanismeS n°8 (second semestre 2016), p. 316-324. (http ://www.hispanistes.fr/images/PDF/HispanismeS/Hispanismes_8/22_Botrel_Jean-François_HispanismeS_8.pdf).
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Nourry, Louis-Michel, Le lycée de jeunes filles de Rennes, Rennes, CRDP, 1987.
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—— « Colección de canciones patrióticas », in : L’Université Rennes 2 au miroir de ses collections. Christine Rivalan-Guégo et Marc Bergère (dir.), Rennes, Pur, p. 66-73.
Rodrigues, Denis, Jean Bouzet. Un professeur d’espagnol, Anglet, Atlantica, 2003.
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Rubio Jiménez, Jesús, La herencia de Antonio Machado (1939-1970), Zaragoza, Prensas Universitarias de Zaragoza, 2019.
Sanchez, Jean-Pierre (dir.), Galice-Bretagne-Amérique Latine. Mélanges offerts à Bernard Le Gonidec, Rennes, Université de Rennes 2-Haute-Bretagne, 2000.
Schousboë, Elisabeth, Albert Bensoussan, Paris , Éd. L’Harmattan, 1992.
Université Rennes 2, 1969-1994. L’Université a 25 ans. Chronologie par présidence.
— Entre fidélité et modernité. L’Université Rennes 2-Haute-Bretagne, Rennes, Presses Universitaires de Rennes 2, 1994.
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Zimmermann, Christine (dir.), Les 50 ans de l’Université Rennes 2, Rennes, Université Rennes 2, 2019.
Notes
[1]. L’objectif prosopographique initial n’a donc pu être atteint, sinon imparfaitement. Le questionnaire est reproduit en annexe B. Parmi les données qui auraient dû aussi être recueillies, la direction de mémoires et de thèses.
[2]. Ont répondu à ce questionnaire (par ordre alphabétique) : Laurent Aubague, Henri Ayala, Karim Benmiloud, Albert Bensoussan, Jean-François Botrel, Danièle Bussy-Genevois, Francine Caron, Philippe Castellano, Marie-Claude Chaput, Jacqueline Covo-Maurice, Jacques Combes, Jean-Michel Desvois, Françoise Dubosquet-Lairys, Virginie Dumanoir, Jane El Kolli, Paul Estrade, Brigitte Ferré, Gabriela Iturra-Obregón, Claude Le Bigot, Jean Le Bouill, Bernard Le Gonidec, Osvaldo Obregón, Daniel-Henri Pageaux, Pierre-Marc Pagenault, Christine Rivalan-Guégo, Denis Rodrigues, Jean-Pierre Sanchez.
[3]. Des témoignages écrits de Josette Blanquat et Jeanne Moutet-Chenu, par exemple, ou encore un long entretien enregistré (65 mn) avec Albert Bensoussan le 8 juin 2009 ; des échanges multiples avec Jean Le Bouill et Bernard Le Gonidec, puis Françoise Dubosquet-Lairys. À d’autres sollicitations les collègues concernés n’ont pas donné suite. Je remercie tous ceux et celles qui ont bien voulu remplir les questionnaires, écrire des témoignages et souvenirs, fournir des renseignements et documents, notamment iconographiques, et en particulier Cecilio Alonso, Bénédicte Barbara-Pons, Albert Bensoussan, Danièle Bussy-Genevois, Jean-Claude Chevalier, Caroline Chevallier, Jacques Combes, Jacqueline Covo-Maurice, Bernard Darbord, Alain Deguernel, Virginie Dumanoir, Jesús de Juana, Paul Lavaud, Jean Le Bouill, Bernard Le Gonidec, Françoise Dubosquet-Lairys, Albert Lefort, Michèle Leray-Lefort (†), Antonio Niño Rodríguez, Antonio et Mariano (†) Otero, Marie-France Pagenault, Serge Salaün, Robin Spittal qui, pour certains, m’ont en particulier permis d’avoir une meilleure connaissance des périodes (1971-1974 et 1990-1996) où j’ai été physiquement éloigné de l’Université Rennes 2. La documentation réunie sera versée aux archives d’Ille-et-Vilaine et pourra, le moment venu, être exploitée par d’autres chercheurs.
[4]. Aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (AD 35) ont été particulièrement utilisés les séries 1307 W (93, 94, 142, 162-2, 163-3,162-4), 1530 W (3, 67, 83, 93), 192 W (146, 159, 164, 171), 101 J (46, 67), 101 J 46, ainsi que les annuaires (2 Per 162). Les informations contenues dans les dossiers qui ont fait l’objet d’un versement complémentaire en mai 2013 au fonds 101 J (78 à 96) n’ont pas été exploitées. Il convient par ailleurs de rappeler que la consultation de dossiers personnels est soumise à des règles de confidentialité (50 ans après le décès de la personne concernée) : les informations concernant les dates de recrutement et de départ des enseignants ou personnels administratifs ayant « appartenu » à la section ne sont donc pas totalement garanties. S’agissant des archives de la section d’espagnol, si la correspondance entre ses différents responsables et les doyens de la faculté, puis les présidents de l’université a été conservée pour la période 1947-1987, il n’en va pas de même, faute d’instructions données, pour toute l’abondante production manuscrite ou imprimée qui a accompagné la vie de la section au quotidien, dans sa dimension administrative et pédagogique : annuaires ou maquettes, procès-verbaux de réunions de section ou de commission de spécialistes, programmes, emplois du temps, résultats d’examen ou de concours, etc. Leur absence quasi-totale rend difficile la restitution de l’activité centrale de la section : l’enseignement, puisque en outre on ne dispose que de rares informations sur les cours des enseignants et le travail des étudiants (hormis les mémoires de maîtrise). L’activité de recherche, quant à elle, peut plus facilement être reconstituée à travers les publications. De cette situation découlent certainement de regrettables oublis, approximations ou inexactitudes.
[5]. Paradoxalement, les unités de base de l’enseignement supérieur — les sections et départements — sont les moins connues, faute d’avoir conservé des informations sur leur activité ordinaire.
[6]. C’est le cas, par exemple, des notes de cours prises par Michèle Leray-Lefort entre 1967 et 1972 et de ses cours à Rennes 2 entre 1993 et 1997 (information d’Albert Lefort), des cours de Claude Le Bigot entre 1992 et 2002, essentiellement, ou de quelques copies d’étudiants et cours de Michel Launay, Claude Fell, Jacqueline Covo, Bénédicte Barbara-Pons ou Jean-François Botrel, certains déjà conservés aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.
[7]. L’explicitation des nombreux acronymes utilisés peut être trouvée dans le glossaire publié en annexe A, ainsi que l’explication de certaines dénominations suivies d’un astérisque.
[8]. D’où le recours à quelques soulignements en gras destinés à attirer l’attention du lecteur sur des traits ou moments jugés importants de cette histoire et qui, avec les intitulés de paragraphes, devraient en faciliter la lecture.
[9]. Dans l’attente d’une histoire comparable à celle réalisée à propos de la Faculté des lettres de Bordeaux (Clavel, 2016), on se reportera, pour la période 1970-2020, à l’ouvrage publié à l’occasion du 25e anniversaire de Rennes 2 (Denis, 1994), au livre du cinquantenaire de Rennes 2 (Zimmermann, 2019) et au livre collectif sur l’enseignement supérieur et la recherche en Bretagne dirigé par André Lespagnol et Mathieu Leprince (2016).
[10]. Je remercie tout particulièrement de la lecture attentive qu’ils ont faite du manuscrit de cette histoire Jean Le Bouill, Bernard Le Gonidec et Jean-Michel Desvois qui a, en outre, bien voulu se charger de sa mise en livre.
[11]. En 1937, confrontée au problème de la langue posé par l’accueil de réfugiées en provenance du Pays basque, l’administration préfectorale ne semblait pas connaître de compétences locales en la matière et avait demandé au préfet de Charente « l’envoi d’une réfugiée parlant couramment le français ». Finalement, elle pourra s’appuyer sur des Espagnols résidant à Rennes (Botrel, 2022).
[12]. À Quimper, en 1947 au lycée de jeunes filles, les élèves en espagnol de Paulette Demerson sont au nombre de 128 (de la 4e à la 1re), deux fois plus que ceux de son mari Georges Demerson au lycée de garçons (63 de la 4e à la philo). (ADIV 1600 W 3 et12).
[13]. Selon Nourry (1987 : 70), il y a eu un professeur d’espagnol au lycée de jeunes filles à partir de 1933, puis deux en 1947, 1953 et 1971. Le nombre d’élèves va croître rapidement : 9 en 1933, 48 en 1937, 160 en 1945 (plus que l’allemand : 158), 188 en 1952 (allemand : 157), pour un total d’élèves de 1 132 ; 248 en 1960, 257 en 1970. Pour Nourry (1987 : 74), cela serait dû à l’arrivée des réfugiés espagnols, aux familles favorables aux républicains espagnols, au fait que l’espagnol est une langue plus répandue, plus orale et « peut-être… plus facile ». Aux mêmes dates, au lycée de jeunes filles, l’enseignement de l’italien, pris en charge à partir de 1938 par un professeur du lycée de garçons, ne concerne que 3, 8, 8, 9 et 9 élèves.
[14]. À la rentrée 1955, Robert Marrast, fraîchement agrégé, y sera affecté (Botrel, 2020c).
[15]. La Faculté des lettres compte alors 10 professeurs, 8 maîtres de conférences et 3 assistants, pour un total de 929 étudiants.
[16]. Au programme : « Traduction de prosateurs contemporains. Étude particulière du verbe et pronom et de la syntaxe. Vocabulaire et phraséologie. Thèmes ». On pourrait néanmoins citer comme antécédents la participation de prisonniers espagnols à la construction du canal d’Ille-et-Rance, la présence d’exilés carlistes en Ille-et-Vilaine puis républicains à Rennes, la chaire de littérature étrangère occupée entre 1851 et 1883 à la Faculté des lettres par Alexandre Nicolas (1809-1884), traducteur et éditeur de L’Araucana. Poème épique espagnol (Paris, C. Delagrave, 1869) (Espagne, 1993 : 294), l’existence en 1911 d’une Estudiantina* rennaise ayant pour objet de « favoriser les études des instruments à corde pincée » (ADIV 4M325), et même l’organisation d’une corrida « aux arènes de Rocabey » à Saint-Malo en 1912 (ADIV 4 M 235).
[17]. Les modèles parisiens du Centre d’études franco-hispaniques, fondé en 1912, puis de l’Institut d’études hispaniques (Botrel, 2023) sont manifestement présents. Il y a eu hésitation, puisque la bibliothèque de ce qui sera le Centre d’études hispaniques est d’abord dite de l’Institut d’études hispaniques.
[18]. En 1937, d’une lettre de lui adressée au doyen depuis Saint-Malo on déduit qu’il est déjà en charge d’un certificat de langue et littérature italiennes créé par arrêté du 13 janvier 1938 (signé Jean Zay).
[19]. 1904-1975. Ingénieur en chef des Services agricoles de l’Èbre-inférieur.
[20]. Cf. ADIV 1307 W 142.
[21]. Ce règlement sans date (mais de 1947) est commun aux bibliothèques de l’Institut d’études hispaniques et de l’Institut d’études italiennes, installées au rez-de-chaussée de la faculté, salle 4, et ouvertes le lundi de 5 h à 5 h 30 et le mardi de 6 h à 6 h 30. Le prêt aux professeurs et aux porteurs de cartes de membres auditeurs est autorisé pour des durées de 2 mois et 15 jours respectivement. Une caution annuelle de 100 francs est demandée, remboursable en fin d’année, moins 15 francs pour l’entretien des bibliothèques. Les encyclopédies, dictionnaires, grammaires, ne peuvent être consultées que sur place. Dans le fonds hispanique de la BU de Rennes 2 sont conservés quelques ouvrages cartonnés publiés par Garnier comme La verdad sospechosa ou Novelas ejemplares qui portent un cachet oblong avec la mention « Faculté des Lettres de Rennes-Étudiants » (cf. ILL. 1-2).
[22]. Dans son allocution du 11 mars 1945, néanmoins, Francis Leray fait référence à « l’amitié entre les Espagnols de la Résistance et les Français de la Libération, [qui] a déjà une base solide : ensemble, pour une même cause, nous avons tout risqué, et nos biens et nos vies, nous avons souffert, nous avons eu nos martyrs, et aujourd’hui encore nous avons toujours les mêmes craintes et les mêmes espoirs.
« Ce n’est pas faire de la politique que de dire ces choses-là. L’Université de la France libérée ne pourrait coopérer avec ceux qui furent les complices des dictatures mussolinienne et hitlérienne, ennemies mortelles de la France des Droits de l’Homme.
« Mais cette exclusive, cette unique exclusive prononcée, nous communions sur le terrain strictement culturel avec les Espagnols de toutes les nuances idéologiques tout en affirmant l’absolue indépendance de notre institut en face des divers partis, des divers mouvements patriotiques qui s’apprêtent à une restauration de l’Espagne libre ».
[23]. On le trouve proposé au même titre qu’un certificat d’italien dans l’annuaire pour 1947-1948. Il est souhaité/envisagé d’attacher un lecteur d’espagnol à l’université. On ne connaît pas le nombre ni le profil des étudiants concernés, qui préfigurent sans doute les étudiants dits « libres » qui s’inscriront par la suite. Néanmoins on peut aisément imaginer la finalité culturelle de leur démarche.
[24]. Le 27 novembre 1946, Ouest-France annonce la création d’un Centre d’études slaves à la Faculté des lettres.
[25]. Document daté du 10 mars 1945 (archives Marcel Bataillon du Collège de France), communiqué par Antonio Niño Rodríguez.
[26]. Dans Ouest-France du 21 avril le titre est : « L’Espagne et les Espagnols ».
[27]. Dans son n° 5-7 d’avril-juin 1945, le Boletín de la Unión de Intelectuales Españoles, fait état, p. 8, de la contribution de Rennes « donde se estaban estableciendo los estudios hispánicos » (Rubio Jiménez, 2019 : 79).
[28]. À côté de celles de la Faculté des lettres, comme « Deux ans sous l’œil des carabiniers des Mussolini », par Maurice Le Lannou (1906-1992), donnée le 17 février 1946. Rennes compte alors (1947) 113 781 habitants.
[29]. Créée en octobre 1944 avec pour présidents d’honneur Picasso, Victoria Kent, et le général Emilio Herrera (Dreyfus-Armand, 1999 : 273-274). Cf. les cycles de conférences organisés à l’Institut d’études hispaniques de Paris (Dreyfus-Armand, 1999 : 274)
[30]. 1902-1955. L’écrivain et poète José María Quiroga Pla, gendre et secrétaire d’Unamuno et un des fondateurs de l’Union des intellectuels espagnols, est présenté par Ouest-France du 14 février comme professeur à l’Université de Salamanque et au Centre d’études historiques de Madrid et président de l’Union des intellectuels espagnols.
[31]. 1889-1979. Secrétaire des Archives historiques nationales de Madrid et professeur d’histoire de l’art, vice-président de l’Union des intellectuels espagnols, marié à une sœur de l’épouse de Marcel Bataillon, chez qui il fut accueilli en 1939.
[32]. 1887-1975. Également fondateur de l’Union des intellectuels espagnols, journaliste et écrivain installé à Paris entre 1914 et 1930.
[33]. 1906-1966. Écrivain,
[34]. Né en 1905. Professeur de droit international des Universités de Séville et de Barcelone, vice-président de Culture catalane.
[35]. Le programme de 1946 est imprimé sous l’égide de la section d’Ille-et-Vilaine de Solidarité espagnole. Solidaridad española était un service social d’entraide aux victimes de Franco et de son régime, avec un comité de patronage franco-espagnol. Il fut actif à Rennes durant l’occupation nazie, avec une permanence 7 rue Pierre-Abélard (on apprend, par exemple, que Cristino García, José Vittini et Ramón Via ont été aidés par elle pour retourner combattre en Espagne). Ses moyens économiques sont les cotisations de ses adhérents, les dons et les fêtes ou bals de bienfaisance organisés.
[36]. 1906-1969. Nommé à Rennes à la veille de la Seconde Guerre mondiale. De retour de captivité, il rejoint son poste à la Libération et soutient en 1947 ses thèses sur La poésie lyrique espagnole et portugaise à la fin du Moyen Âge (Rennes, Plihon, 1949-1953, 617+499 p). Élu à la Sorbonne en 1948.
[37]. À la fin de 1920 (cf. Ouest-Éclair du 5 mars 1921), à l’initiative du recteur de l’académie de Rennes et du doyen de la Faculté des lettres, par l’entremise de la Société de propagande du Portugal et sous l’égide du Quai d’Orsay, Sizenendo Raimundo Chagas Franco, un ancien militaire ayant combattu avec l’armée portugaise lors de la Première Guerre mondiale et établi à Rennes, fut invité à remplir une mission d’enseignement qui débuta en mars 1921 (deux ans après la Sorbonne, donc) sous forme de « cours publics qui d’ailleurs étaient des conférences ». En 1926, « considérant que le nombre des étudiants de portugais s’est beaucoup accru », le conseil d’université décida de créer un certificat (libre) de langue et littérature portugaises, qui sera délivré jusqu’au retour au Portugal de Chagas Franco, en 1940. À cette date, les cours de portugais étaient suivis par 16 étudiants à la Faculté des lettres, 80 élèves du lycée de garçons et 9 élèves du lycée de filles (Massa, 1977 : 567-568).
[38]. Le doyen Mayer était préoccupé par « la désertion des Français qui prenaient la fuite au seul nom de culture allemande ou italienne » (annexe D1).
[39]. Latiniste, spécialiste de Sidoine Apollinaire, qui sera nommé recteur de l’académie de Poitiers en 1947.
[40]. 1888-1952. Directeur de l’Institut d’études hispaniques de Paris de 1948 à sa mort.
[41]. Mort en 1955.
[42]. 1915-2012. Licenciée ès lettres en 1937 à Poitiers, maîtresse d’internat en 1937-1939, répétitrice en 1939-1940, puis professeure, et à nouveau répétitrice, en 1941-1942. En 1942, elle devient professeure de l’enseignement technique jusqu’en septembre 1944. Lors d’un congé de deux ans pour études, elle obtient un DES à l’Université de Poitiers — où elle bénéficiera des enseignements de José Fernández Montesinos (1897-1972), qui la marqueront profondément — et un certificat d’aptitude (ancien régime) en 1945, puis l’agrégation en 1946 (1re), suivie d’une affectation au lycée de jeunes filles de Nantes. Nommée chargée d’enseignement à la rentrée 1949, en 1952-1953 elle obtiendra un congé sans traitement pour études qui lui permettra de « poursuivre à la Villa Velázquez la préparation de ses thèses de doctorat ». Enseignante par la suite à l’Université de Vincennes. Le Centre d’études hispaniques de Rennes lui dédiera en 1981 la publication « Clarín » y sus editores (cf. Botrel, 2012).
[43]. Née en 1922. Agrégée en 1947 et chargée de cours à la faculté. Après son mariage elle sera, en octobre 1951, nommée à Paris et elle enseignera par la suite à l’Université de Vincennes-Paris 8.
[44]. Il s’agit probablement d’Emilio Gascó-Contell (1898-1974).
[45]. ADIV1307 W 93. Le salaire d’un lecteur est alors de 300 000 francs. par an.
[46]. Le 21 février 1948, trois heures complémentaires d’espagnol pour la préparation aux certificats d’études supérieures de la licence d’espagnol sont créées.
[47]. Sa nomination est datée du 18 octobre 1949. Sa rémunération est alors de 598 000 francs par an. En 1951-1952 on lui attribue une heure annuelle rémunérée 54 000 francs pour la préparation à la licence langue et littérature espagnoles.
[48]. Le diplôme d’études supérieures de langues et littératures vivantes comprend : une composition dans la langue étrangère choisie par le candidat d’un mémoire sur un sujet agréé par la Faculté et relatif soit à la philologie, soit à l’histoire littéraire allemande, ou anglaise, ou espagnole ; une interrogation sur le sujet du mémoire ; une explication grammaticale et littéraire d’un passage d’un auteur du Moyen-Âge ou de la Renaissance choisi par le candidat et agréé par la faculté ; une explication d’un passage étendu d’un auteur moderne choisi par le candidat et agréé par la Faculté.
[49]. Jean Cormerais, Jeanne Leborgne, Bernard Le Gonidec (« Le public des représentations théâtrales dans l’Espagne du Siècle d’Or »), Odette Noslier et Guy Vallée. Le premier mémoire de DES aujourd’hui conservé à la Bibliothèque universitaire date de 1956, et son auteur est Alfred Melon, agrégé en 1956 et par la suite enseignant à la Sorbonne.
[50]. Pour la directrice du lycée de jeunes filles de Rennes, Josette Blanquat est un « très bon professeur, aussi appréciée au lycée qu’à la Faculté des lettres, où sa délégation a donné un nouvel essor aux études d’espagnol. Se destine à l’enseignement supérieur » (ADIV 192W147/38).
[51]. La presse (en l’occurrence Ouest-Matin), qui publiait encore les résultats des examens universitaires, nous permet de connaître les noms des lauréats à la session d’octobre 1949 en études pratiques : Renée Broussard (AB), Andrée Faure, Sidonie Lepat (B) ; et en philologie : Simone Le Floch (AB), Yvette Tubillé, Danielle Vassort, Francis Vinet.
[52]. ADIV 1307 W 115/1.
[53]. Agrégé en 1931, il est l’auteur d’une thèse sur La caricature de la femme, du mariage et de l’amour dans l’œuvre de Quevedo (Paris, Ediciones hispanoamericanas [Poitiers, Impr. SFIL et M. Texier réunies], 1957). En 1961-1962, il sera chargé de cours complémentaires à Faculté des lettres de Rennes et, à compter du 1er octobre 1962, professeur titulaire à titre personnel à la Faculté des lettres et sciences humaines de Poitiers, puis sera transféré dans la maîtrise de conférences* d’espagnol créée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Rennes (Collège littéraire universitaire de Nantes) (ADIV 192W164/393). En 1964-1965, il participe au télé-enseignement. En 1969, un hommage du département d’études ibériques et ibéro-américaines de Nantes lui sera dédié, et en 1972 l’Université de Poitiers fera de même, avec la publication de mélanges en son honneur. Il est décédé en 1974.
[54]. Autrice d’une thèse sur « Le personnage du médecin et la relation médecin-malade dans la littérature ibérique des xvie et xviie
siècle » (Paris, Éd. Hispaniques, 1971). En 1978, elle participera à la publication Études portugaises et brésiliennes.
[55]. AD 35 1307 W 93.
[56]. L’italien, quant à lui, dispose d’un chargé de cours, pour un nombre d’étudiants inscrits qui a relativement tendance à se réduire : en 1951 il y a déjà trois fois moins d’inscrits en italien qu’en espagnol.
[57]. Le texte de la conférence est conservé dans les archives Bataillon au Collège de France (BTL 30.7). Information d’Antonio Niño Rodríguez.
[58]. Selon Robert Marrast (Cervantes, L’Arche, 1957, p. 150), l’intermède joué fut le Retable des merveilles.
[59]. 1915. Agrégé en 1941. Auteur d’une thèse sur Saint Jean de la Croix et l’aventure de la mystique espagnole, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, FIR, 1990.
[60]. Comme premier choix. En deuxième position se trouvait Mlle Larrieu, assistante à Bordeaux, et en troisième Michel Darbord, assistant à Bordeaux.
[61]. 1905-1970. Docteur en « filosofía y letras » de l’Universidad Central de Madrid, journaliste, réfugié en France en 1947. Pour essayer d’obtenir pour lui un poste d’assistant associé, dès 1964, le doyen Marache attira l’attention du Ministère sur « les services très importants, hors de proportions avec sa situation précaire et son très petit traitement » qu’Antonio Otero Seco rendait ; en vain. Ce n’est qu’en 1968, qu’il sera nommé sur un poste d’assistant associé. Il sera fait chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques peu avant sa mort, survenue le 29 décembre 1970. C’est alors qu’on commencera à retracer son parcours (cf. Le Bouill, 2002 ; Espinosa/Lama, 2008 ; Martín Gijón, 2007, 2008 ; Botrel, 2013, etc.).
[62]. 1911-1996. Élève de Martinenche, de Millardet et de Le Gentil pour le portugais, agrégé d’espagnol en 1942, membre de la Casa de Velázquez (1948-1949), assistant à Bordeaux (1950-1953), il exercera à Rennes comme chargé d’enseignement de 1954 à 1966. En 1963, il soutiendra une thèse de doctorat d’État sur « La poésie religieuse espagnole, des Rois catholiques à Philippe II », (dir. Robert Ricard). En 1966, il sera muté sur un poste de professeur créé à l’Université de Paris-Nanterre.
[63]. 1925-2009. Agrégé (d’espagnol) en 1950. Précédemment professeur agrégé à Brest. Il sera aussi chargé de cours à la Sorbonne (cf. Parvaux, 2002) En 1960, il sera « appelé » à la Sorbonne par le professeur Léon Bourdon » (Penjon/Quint, 2002 : 9) et soutiendra sa thèse en 1979 sur « Un pionnier de la propagande libérale au Portugal : João Bernardo da Rocha Loureiro (1778-1853) ».
[64]. Agrégée en 1959.
[65]. Agrégée en 1956.
[66]. Né en 1919 à Kosciereyna (Pologne). Agrégé en 1955 et également titulaire d’un DES de philosophie, d’une licence de lettres classiques et d’un certificat de licence de sciences, précédemment professeur agrégé d’espagnol au lycée Clémenceau de Nantes, il restera à Rennes jusqu’à la rentrée 1964, date à laquelle il sera nommé chargé d’enseignement au Collège universitaire de Nantes, où il était déjà chargé de cours et avait continué à résider. Il soutiendra une thèse, sur Louis de Grenade, disciple de Jean d’Avila (dir. Robert Ricard), Fontenay-le-Comte, Lussand, [1971]).
[67]. Ancien élève de l’ENS Saint-Cloud. Agrégé en 1960. Mort en 2018. De lui, Claude Le Bigot conserve un cours sur Rubén Darío ayant appartenu à Michel Launay.
[68]. 1928-2015. Précédemment maître-assistant à la Sorbonne (cf. Botrel, 2020c).
[69]. En 1960, juste avant l’autonomisation de Nantes, il y a 2 759 inscrits à la Faculté des lettres de Rennes, dont 564 à Nantes et 226 à Brest (dont 30 % en propédeutique). En 1963, à la session de juin, le total des inscrits aux trois CES d’espagnol est de 135 à Rennes et 76 à Nantes : c’est dire l’importance du centre nantais. À Nantes, c’est Amédée Mas, auteur de La caricature de la femme du mariage et de l’amour dans l’œuvre de Quevedo (Paris, Éd. Hispaniques, 1957), qui est en charge de l’enseignement, avec le concours d’enseignants rennais qui continuent à intervenir après la refondation de l’Université de Nantes en 1961. À Brest, où à partir de 1959 il existe un Institut des lettres et sciences humaines, on sait qu’en 1964 l’espagnol est enseigné par « le couple Cazeau » (lui, agrégé en 1957).
[70]. Il faut signaler qu’à la Faculté des lettres de Rennes à cette époque on délivre moins de 300 licences par an et qu’il y a (déjà) une majorité d’étudiantes (1 521 sur 2 660).
[71]. Autant qu’en juin 1957. Leurs auteurs : Jean-François Botrel, Françoise Noël, Claude Joncour, Michel Marc, Andrée Porte et Pierre-Marc Pagenault (« Les écrivains français. La langue française dans l’œuvre de Larra »).
[72]. Il existe déjà un télé-enseignement, auquel Amédée Mas, par exemple, en poste à Nantes, participe.
[73]. 59 809 (dont 32 721 filles) sur 488 998. Il y a 25 922 élèves en italien et 97 en portugais.
[74]. On rapporte que Michel Darbord, tenant compte de la situation et du grand âge de l’intéressée, attribua la licence d’espagnol à la directrice d’une école catholique en lui faisant promettre de ne pas enseigner l’espagnol et que celle-ci lui répondit qu’elle l’enseignait depuis bien longtemps…
[75]. En 1961, au Capes hommes il y a 35 postes mis au concours (30 admis), 45 au Capes femmes (47 admises). À l’agrégation hommes, 45 postes et 22 admis ; à l’agrégation femmes, 35 postes et 30 admises.
[76]. Comme Jean-François Botrel et Michel Launay, ou Christine Rivalan-Guégo au dernier concours en 1976.
[77]. Il sera membre du jury de l’agrégation d’espagnol de 1960 à 1969.
[78]. « Les étudiants de la section d’espagnol » en informent Bernard Le Gonidec, professeur d’espagnol au lycée de Saint-Brieuc, qui « en tant qu’ancien étudiant de la section d’espagnol » pourrait, selon eux, « être intéressé » (archives Bernard Le Gonidec).
[79]. En 1964-1965, à l’Institut d’études ibériques et ibéro-américaines de Bordeaux-Talence, par exemple, l’équipe enseignante impliquée dans la préparation de l’agrégation est composée de Gracie Larrieu, Maurice Molho, Noël Salomon, Pierre Heugas-Lacoste, François Lopez, Maxime Chevalier, François Chevalier, Jean Giraudon (pour le portugais) et un professeur de latin.
[80]. Solange Parvaux, future inspectrice générale de portugais, quitte Rennes pour Paris pour terminer sa licence d’espagnol et passer un certificat de portugais en septembre 1956 (Parvaux, 2002).
[81]. Il faut ajouter que jusqu’en 1965 il n’y a pas de CPR d’espagnol à Rennes et que les titulaires du Capes doivent faire leur stage dans une autre académie et en profitent parfois pour préparer l’agrégation, comme Jean Le Bouill.
[82]. Thèse soutenue en 1988 sur « Présences françaises en Espagne, à Bilbao et autour de cette ville, dans la seconde moitié du xviiie siècle, 1750-1805 » (dir. Jean-Michel Massa).
[83]. Thèse sur « Aluísio Azevedo : vie et œuvre (1857-1913) » (dir. Jean-Michel Massa), soutenue à Rennes 2 en 1980.
[84]. C’est à présent le Poema de Mio Cid (des extraits) qui est privilégié, avant que le programme ne s’adapte strictement à celui de l’agrégation. Par rapport à la période antérieure sont mis au programme, avec plus ou moins de constance, des questions comme : phonétique et morphologie historique ; grammaire de la langue moderne ; notions générales sur l’espagnol de l’Amérique latine ; phonétique et grammaire de la langue classique et moderne ; le problème de la langue en Argentine (en 1959), qui est remplacé, en 1960, par problèmes linguistiques en Amérique latine.
[85]. En 1954, les questions au programme sont : Espagne musulmane et Reconquête ; découverte et colonisation de l’Amérique latine ; l’Espagne de Philippe IV ; géographie de l’Espagne, de l’Argentine et du Mexique ; la musique aux xixe et xxe siècle ; Le Greco. Par la suite, outre des connaissances élémentaires de géographie et de civilisation des pays de langue espagnole, on trouve au programme l’arte mudéjar en Espagne ; les primitifs (sculpture et peinture) ; Velázquez, Goya, Zurbarán ; Tolède, ville d’art ; Saint-Jacques-de-Compostelle et Séville, villes d’art ; sculpture et architecture religieuse en Espagne de la Renaissance au Baroque ; l’Espagne de Charles Quint à Philippe II ; règne de Philippe II ; le xviiie en Espagne (politique, civilisation, lettres, art) ; la question agraire de la fin du xviiie à la fin du xixe ; le régionalisme en Espagne à partir de 1830 ou 1850 ; l’Espagne de 1898 à 1936 ; la musique au xixe siècle ; la musique de Granados, Albéniz et Falla…
[86]. La civilisation précolombienne ; le Pérou ; Amérique antillaise et caraïbe de langue espagnole ; le Vénézuela ; le Mexique et les pays caraïbes, de l’indépendance à nos jours ; les républiques hispano-américaines du Pacifique.
[87]. Entre 1954 et 1966, ont été inscrites au programme, souvent pour deux ans, des questions comme « L’honneur dans la littérature espagnole » ; « L’éducation de la noblesse au xviiie siècle » ; « Le romancero dans la poésie du xxe siècle » ; « La Castille dans l’essai contemporain » (en 1955) et : Berceo, Milagros de Nuestra Señora ; Flor nueva de romances viejos ; Garcilaso de la Vega, Églogas ; Cristóbal de Castillejo, Obras de conversación y pasatiempo (pages 183-196) ; Lope de Vega, El mejor alcalde, el Rey, El castigo de la venganza, La desdicha por la honra, La más prudente venganza, El acero de Madrid ; Calderón, El alcalde de Zalamea, El mágico prodigioso ; Cervantes, El Celoso Extremeño, Don Quijote (IIe partie, ch. 1-4 et 25-27), El coloquio de los perros, Rinconete y Cortadillo, El Licenciado Vidriera, El rufián dichoso ; Guillén de Castro, Las mocedades del Cid ; Fray Luis de León ; San Juan de la Cruz ; Quevedo, El Buscón ; Garcilaso de la Vega, Poesías ; Vélez de Guevara, El diablo cojuelo ; Góngora, Poésies choisies ; Mateo Alemán, Guzmán de Alfarache, 1ª parte, Libros 1, 2 et 3. Pour le xviiie : Jovellanos, Deuxième épitre à Arnesto. Pour le xixe, Estébanez Calderón, Escenas andaluzas ; Ángel Ganivet, Idearium español ; « Clarín », La Regenta (en 1965-1966 et 1966-1967) ; Miguel de Unamuno, Paz en la guerra. Pour le xxe : Machado, Castilla ou Poesías completas ; García Lorca, Romancero gitano ; Jorge Guillén, Cántico ; Juan Ramón Jiménez, Antología ; Azorín, Castilla ; Siete poetas españoles (antología), publiée chez Taurus.
[88]. En 1965, si l’on excepte les éditions de 1884-1885 et 1901, il n’existe d’autres éditions complètes que celles de Emecé de 1946 à Buenos Aires et de Emecé à México en 1960 et les éditions de luxe de Biblioteca Nueva (1947) et de Planeta en 1963. Celle en livre de poche d’Alianza Editorial est de 1966.
[89]. Cf. El mestizaje intelectual en la literatura peruana (El Inca Garcilaso, César Vallejo, Ciro Alegría) mai 1963, copiado (stencyl) por Cristiana Pennec, multicopiado por Renato Kéroulas 35 p., 1963 et le Curso del señor Don Antonio Otero Seco : Los espíritus ilustrados ante la crisis de 1805 a 1815 (p. 1-9 ; Jovellanos ; p. 9-20 , Quintana ; p. 21-23, Azanza y O’Farrill (n. p.) ; Bolívar (n. p.).
[90]. La figure de l’enseignant a été évoquée p. 15-16 de l’édition de son Obra periodística y crítica. Exilio 1947-1970 (Rennes, Centre d’études hispaniques, 1973, 745 p.). Un Antonio Otero Seco, « touchant et triste » dit Jean Le Bouill, « douloureusement muré dans son exil, [qui] nous communiquait parfois, malgré lui, le drame de son Espagne » se souvient Bernard Le Gonidec. Michèle Leray-Lefort, qui a suivi ses cours à la fin de sa carrière, se souvient de ce qu’il avait du mal à se déplacer, à monter sur l’estrade. Mais une fois installé on buvait ses paroles. Il nous racontait son Espagne. C’était un cours de civi et on a vu avec lui toutes les régions. Moi qui n’y avais jamais mis les pieds, je voyageais en imagination. Quand je suis allée pour la première fois à Ségovie, c’est lui que j’entendais et qui me servait de guide ». Dans la préface à ses Écrits sur García Lorca (Botrel, 2013) j’ai pour ma part rappelé tout ce que les étudiants de l’époque apprirent de lui.
[91]. Garcilaso, Cervantes, Mateo Alemán, Vélez de Guevara, Calderón, Góngora, à côté de La Regenta (avant que le roman de Leopoldo Alas ne soit inscrit au programme de l’agrégation en 1968), de Paz en la guerra et des Cantos de vida y esperanza de Rubén Darío. La même tendance peut être observée dans les six questions au programme qui portent sur le romancero (avec la Flor nueva de romances viejos de Menéndez Pidal), les thèmes pastoraux et mythologiques de Garcilaso à Góngora, le thème du salut dans le théâtre de Cervantes à Calderón, la littérature satirique et morale au xviie siècle avec les auteurs et textes correspondants ; les deux questions les plus contemporaines portant sur la société régionale dans le roman à la fin du xixe siècle (La Regenta et Paz en la guerra) et la poésie espagnole du modernisme à la génération de 1936 (Cantos de vida y esperanza et Siete poetas españoles — Machado, Juan Ramón, Salinas, Guillén, Aleixandre, Lorca, Alberti —, une anthologie publiée chez Taurus en 1959).
[92]. L’expansion portugaise au xve siècle ; le Brésil aux xixe et xxe siècle ; le Cap-Vert passé et présent et Os Bandeirantes. En 1962-1963 le programme de littérature portugaise comprend trois auteurs dits alors contemporains : Machado de Assis, Eça de Queirós, et Fernando Pessoa.
[93]. En 1958, par exemple, deux heures rémunérées sur la base de 67 707 francs l’heure annuelle.
[94]. Jean Le Bouill, par exemple, se souvient que les étudiants de l’époque (René Gouëdic, Jean-Claude Cade, Joseph Daouphars, Claude Farias, Geneviève Bronquart, André Stéphan, Guy Le Bihan, Guy Vallée) se concertaient pour « préparer quelque chose pour chaque cours ».
[95]. C’est aussi le cas d’Antonio Otero Seco, qui intervient également à l’École supérieure de commerce.
[96]. De Michel Darbord, qui assurait aussi les cours de philologie, ses étudiants conservent le souvenir d’un homme « d’une intelligence, d’une sensibilité littéraire, d’une culture et d’une érudition rares » (Pierre-Marc Pagenault), inspiré dans ses doctes propos mais souvent en retard et un peu détaché du suivi des étudiants. Bruno Jereczeck, quant à lui, assurait des cours de grammaire, de version et de thème mais aussi de littérature espagnole classique, rigoureux et assez directifs.
[97]. Parmi ses étudiants, fugacement, son fils Mariano trop jeune encore pour entrer aux Beaux-Arts, qui se rappelle avoir suivi ses cours de littérature et civilisation espagnoles à la Faculté des lettres et y avoir découvert au milieu d’étudiants français les œuvres de Machado, d’Alberti, de García Lorca… « et bien d’autres poètes espagnols bannis par le régime, dont j’avais entendu parler par ma famille puisque mon père les avait rencontrés avant la guerre [civile] » (García, Matas, 2005, 327-328).
[98]. Cf. Rodrigues, 2003 : 48-50 et 221-243.
[99]. Cf. Castellano, 2010.
[100]. Des anciennes cellules de séminaristes de 12 m2 avec chacune une fenêtre et une cheminée (condamnée).
[101]. Voir par exemple l’exemplaire de El mundo es ancho y ajeno de Ciro Alegría (México, Diana, 1964) qui porte le n° 453 puis la cote KE2724.
[102]. Il a existé à Paris un Ateneo* hispaniste, continuation d’un club hispaniste créé en 1934, qui fonctionne pendant quelques années après la Guerre mondiale au sein de la Société pour la propagation des langues étrangères (Dreyfus-Armand, 1999 : 276).
[103]. Fondés par Jean Bouzet et Aurelio Viñas en 1948 et continués après 1954 par Georges Drapier jusqu’en 1972 (Rodrigues, 2003 : 51-58).
[104]. Ce sera le cas pendant longtemps, puisque à l’exception de Jean-Michel Massa la plupart des enseignants de la section de portugais, sauf évidemment les lecteurs, seront des professeurs d’espagnol à l’origine mais titulaires d’une licence de portugais : Jean-François Botrel de 1967 à 1971, Jean-Yves Mérian, Françoise Massa, Jean-Paul Caudrec ou Marie-Françoise Bidault jusqu’à leur retraite.
[105]. Sa thèse complémentaire (manuscrite) fut consacrée à « João Alvares. Traité de la vie et des faits de l’infant D. Fernando (Introduction, traduction et notes) ».
[106]. 1930-2012. Agrégé d’italien en 1957. Auteur d’une thèse sur « La jeunesse de Machado de Assis : essai de biographie intellectuelle », soutenue à l’Université de Poitiers en 1969 et publiée en version portugaise en 1971 (cf. Botrel, 1973).
[107]. Il y a à cette époque huit lecteurs à la Faculté des lettres. Il y en aura 14 en 1967.
[108]. Cf. la lettre de Robert Marrast du 23 février 1966. Les questions au programme sont : « Civilisation et barbarie en Argentine et au Brésil dans la première moitié du xixe siècle », « L’Amérique latine au xxe siècle », « Sécheresse et misère en Amérique du Sud », « La ville en Amérique latine », avec comme auteurs : Sarmiento (Facundo), Alencar (O Guarani), Graciliano Ramos (Vidas secas), Ciro Alegría (texte ronéotypé), Jorge Amado (Capitães de areia), Carlos Fuentes (La región más trasparente).
[109]. Le déroulé archétypique de la carrière à cette époque peut être celui-ci : certifié, agrégé et professeur dans l’enseignement secondaire, chargé de cours, assistant (enseignant préparant un doctorat, au départ rattaché à un professeur titulaire de chaire), maître-assistant — corps créé en 1960 auquel on accède après inscription sur une liste d’aptitude aux fonctions de maître-assistant (Lafma) remplacé en 1984 par maître de conférences*) —, puis, après inscription sur la liste d’aptitude à l’enseignement supérieur (Laes), une éventuelle accession à un poste de maître de conférences* ou aux fonctions de chargé d’enseignement et enfin la soutenance d’un thèse de doctorat d’État qui permet de prétendre à une chaire ou à un poste de professeur à titre personnel et aujourd’hui à un poste de professeur des universités.
[110]. Pour se limiter à ceux dont les auteurs seront plus tard recrutés comme enseignants à Rennes, sauf erreur ou omission sont conservés les mémoires de Jean Le Bouill (« Leyendas y tradición en Segovia y su provincia », soutenu en 1960) ; Jean-François Botrel (« Los años de aprendizaje de Leopoldo Alas “ Clarín” » : 1875-1880 », dir. Michel Darbord, soutenu en 1963) ; Michel Launay (« Lope de Vega : comedia de El Acero de Madrid. Édition critique », dir. Robert Marrast, soutenu en 1966) ; Chantal Roullier (« La emigración económica a Europa en cuatro novelas : Hemos perdido el sol, Tierra para morir, Equipaje de amor para la tierra, El rapto », soutenu en 1966) ; Jean-Yves Mérian (« Vicente Blasco Ibáñez : hombre y escritor valenciano », soutenu en 1966) ; Jacques Combes (« El Jarama de Rafael Sánchez Ferlosio. Étude comparée du manuscrit et du livre » dir. Albert Bensoussan, soutenu en 1967 ; Jean-Pierre Sanchez (« El léxico americano en El Papa verde de Miguel Angel Asturias : estudio del vocabulario final de la novela », soutenu en 1967).
[111]. En 1965, au congrès de Toulouse de la SHF, Rennes est représentée par Jean-Michel Massa et Robert Marrast.
[112]. Né en 1935. Agrégé en 1960. Précédemment assistant à la Sorbonne (1963-1966), recruté à Rennes comme maître-assistant (1966-1968), il y sera chargé d’enseignement entre 1968 et 1979. Après la soutenance de sa thèse de doctorat d’État en 1978 à Paris 4 sur José Yxart. 1852-1895 : théâtre et critique à Barcelone, il sera en 1979 élu professeur à Rennes 2, où il exercera jusqu’à sa retraite en 1995. Traducteur de renom, Albert Bensoussan est également l’auteur d’une importante œuvre de création (cf. Schousboë, 1992). Cf. https ://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Bensoussan.
[113]. 1935-2015. Agrégé en 1957. Ancien membre de la Casa de Velázquez, il est « chargé du service d’une maîtrise de conférences* à la faculté », mais suivra bientôt son épouse, Sylvia, à Madrid. En 1973 il publiera Literatura y economía : la figura satírica del arbitrista en el Siglo de Oro (Madrid, Revista de Occidente). Après la soutenance de sa thèse en 1996, élu professeur à Rennes 2 et à l’Université de Marne-la-Vallée, il choisira finalement celle-ci.
[114]. Née en 1938. Ses étudiants se souviennent de son accent argentin, de ses explications de poésie et de ses talents d’initiatrice à la rumba. En 1969, elle publiera une anthologie de Luis Cernuda. Elle sera en congé pour un an à partir de novembre 1968 et tout en se consacrant à la traduction elle enseignera par la suite à Paris 4, où elle prendra sa retraite en 1999 (cf. https ://lentre-deux.com/index.php ?b=itw2).
[115]. Agrégé en 1952. Arrivé en 5e année comme assistant à la Sorbonne sans être inscrit sur la Lafma, Étienne Cabillon peut ainsi prolonger à Rennes son activité en tant qu’enseignant. Il quittera l’enseignement pour la banque, dit-on.
[116]. Ancien élève de l’ENS Saint-Cloud. Recruté comme chargé d’enseignement, il soutiendra en 1978, à Paris 3, une thèse intitulée « José Vasconcelos : les années de l’aigle (1920-1925) : éducation, culture et ibéro-américanisme dans le Mexique postrévolutionnaire ». En 1980, il sera recruté comme professeur à Paris 3.
[117]. Né en 1932. Précédemment professeur agrégé au lycée Bréquigny, recruté comme assistant en 1968 (8 novembre), il est nommé délégué sur un poste de maître-assistant puis titularisé en 1969. Il prendra sa retraite à Rennes 2 en 1995.
[118]. Né en 1942. Précédemment professeur agrégé au lycée Chateaubriand (Rennes) et chargé de cours à la Faculté des lettres (1965-1967), recruté comme assistant d’espagnol et de portugais, promu maître-assistant en 1970, il sera détaché à la Casa de Velázquez entre 1971 et 1974. Après avoir soutenu en 1981 à Besançon une thèse de doctorat d’État intitulée « Recherches sur la communication littéraire en Espagne (1868-1914) », dir. Noël Salomon puis Albert Dérozier, il sera nommé professeur en 1982 et prendra sa retraite à Rennes 2 en 2001 (cf. Botrel, 2004, Rivalan-Guégo, 2005 et http ://www.botrel-jean-francois.com/Bio-biblio/Itinerario.html).
[119]. S’agissant des épreuves du Duel valables en 1re année pour toutes les langues, elles consistent à l’écrit d’un commentaire composé (en français) d’un texte littéraire et d’un thème et d’une version. À l’oral, d’une interrogation sur le programme « de civilisation, histoire et géographie », d’une épreuve de contrôle grammatical et phonétique, plus la lecture et traduction d’un texte dans une autre langue vivante ou en latin. En 2e année, pour la première fois, l’objectif et l’exercice de compréhension est expressément défini comme « une rédaction en langue étrangère de l’analyse raisonnée d’un texte dont la lecture sera donnée à vitesse normale. Le texte sera emprunté à une œuvre ayant un rapport avec une question du programme ». Les langues romanes se distinguent des autres langues par le nombre d’épreuves (6 au total, au lieu de 5), par l’importance accordée au thème (coef. 4) et le caractère obligatoire du latin (à l’écrit ou à l’oral), avec une épreuve de compréhension (coef. 3) et une version latine ou dans une 2e langue (coef. 2), et à l’oral un compte-rendu en langue étrangère d’un texte du programme de civilisation (coef. 3), une explication de texte de langue principale (coef. 3) et la lecture, traduction et commentaire d’un texte de deuxième langue ou une interrogation sur un texte latin selon l’option choisie à l’écrit (coef. 3).
[120]. Les épreuves d’examen comportent une composition en langue étrangère en 4 heures (coef. 2) et une version en 3 heures (coef. 1). À la rentrée 1967, il y a au menu du C1 de Civilisation espagnole, « La crise de conscience espagnole du xviie siècle », « La presse espagnole sous la seconde République », « L’Espagne de l’après-guerre dans le roman » et « L’Amérique latine au xxe siècle ».
[121]. Bernard Le Gonidec se souvient par exemple avoir fait la même année un cours sur Espronceda en licence et sur Elvio Romero (Paraguay) à l’agrégation ainsi que des cours de langue, même si par la suite « le champ s’est un peu restreint ». De son côté, Danièle Bussy-Genevois a assuré des cours sur les essayistes hispano-américains, l’histoire de la conquête, l’histoire de l’art (la peinture du Siècle d’Or, Vélasquez), l’Espagne contemporaine, l’histoire de la presse, l’histoire des femmes, mais aussi des cours d’expression écrite et orale.
[122]. Il y a par exemple en 1966 une « séance de cinéma de la section d’espagnol » les 21 avril et 20 mai à 20 h (le lieu n’est pas précisé).
[123]. En 1963, à Bordeaux, Jean-Michel Massa avait été le seul Rennais à participer à l’hommage à Marcel Bataillon.
[124]. Deux chargés d’enseignement et cinq assistants, dont un affecté pour moitié au portugais, et un lecteur ou assistant associé.
[125]. Un chargé d’enseignement, et deux lecteurs et un « demi-assistant ».
[126]. Ses statuts sont publiés au Journal officiel du 21 novembre 1970.
[127]. Dont l’Université de Bretagne occidentale (UBO), créée en 1971 (après la Faculté des lettres, créée en 1968), où l’espagnol est également enseigné.
[128]. Une dénomination envisagée était « Institut de langues, littératures et civilisations étrangères » (y compris le breton !).
[129]. Lettre à Jean-François Botrel du 16 mars 2019.
[130]. Un poste attribué à Albert Bensoussan comme support pour la réalisation de sa thèse mais qui sera détourné en poste de secrétaire pour l’espagnol et le portugais, auquel les heures du lundi étaient consacrées. Le salaire mensuel de la collaboratrice était alors de 1 340, 31 francs nets.
[131]. Dès avant 1969 il existe cependant un Centre d’études luso-brésiliennes. En 1970, une maîtrise de portugais est créée, le cursus de portugais se trouvant ainsi complété.
[132]. Par exemple le poste d’assistant étranger d’Antonio Otero Seco est attribué au lecteur de portugais Liberto Cruz (1935-), dont le poste de lecteur permet en 1970 le recrutement de Francisco Luque Paz (1946-).
[133]. Portugais comme Liberto Cruz, Maria Madalena Cruz, Pedro Calheiros, José Júlio Esteves Pinheiro ou, entre 1970 et 1972, Mário Soares (1924-2017), futur président de la République portugaise, à qui sera décerné en 1977 le premier doctorat honoris causa de l’UHB (cf. Zimmermann, 2019 : 01-09-2011) ; et brésiliens comme Vivice Moreira Coutinho Azevedo, Carlos Alberto Antunes Maciel — qui deviendra assistant associé —, Sylvia Leroy.
[134]. En KE pour l’espagnol et KP pour le portugais, avec bientôt un nouveau cachet rectangulaire pour l’estampillage (pas toujours effectué) : Centre d’études hispaniques et hispano-américaines.
[135]. 1949-2021. Devenu ingénieur d’études, parallèlement à ses fonctions de bibliothécaire et à sa production poétique, il mènera des recherches sur le péronisme. Cf. « Le péronisme : un passé en quête de futur » (1974) ; Le péronisme. Bibliographie, Centre d’études hispaniques et hispano-américaines, (1976). Il traduira les essais de Raúl Beceyro sur Henri Cartier-Bresson (Paris, Chréatis, 1988) et sur la photographie. De 1982 à 1984, il sera chargé de mission « restructuration documentaire » au sein de l’université, en vue de la création d’un service commun de la documentation. En 1993, il sera intégré dans les personnels de la Bibliothèque universitaire.
[136]. Sur la plaque sont gravés ces mots : « Antonio Otero Seco español, liberal, republicano, nacido en 1905, fue poeta, periodista y crítico literario ; exiliado en 1947, enseñó el español desde 1952 en esta universidad y murió en 1970 de nostalgia y lejanía ». Après la suppression de la bibliothèque de section, le portrait et la plaque seront transférés, en 2004, au 1er étage de la BU.
[137]. Par exemple, en 1979-1980 il y a dans l’académie de Rennes, dans l’enseignement privé, 15 109 élèves d’espagnol dans le 1er cycle et 5 189 dans le second cycle long, pour 9 767 et 4 085 en allemand.
[138]. En Bretagne, on dénombre 29 497 étudiants en 1974 et 55 730 en 1987.
[139]. 7 898 étudiants en 1969-1970 sur un total de 22 474 à Rennes.
[140]. En espagnol, en juin 1968 il y a 115 inscrits à l’examen de 1re année et 76 en 2e année. En juin 1969, sur 89 inscrits en Duel 2 à la session de juin, 46 sont reçus. En 1969 il y a 152 inscrits en 1er cycle et 150 en 2e cycle ; 34 à la préparation au Capes. À la rentrée 1972 on compte au total un peu plus de 500 étudiants en espagnol : 101 en 1re année, 125 en 2e année, 152 en licence, 70 en 4e année, 60 en concours.
[141]. Il faut signaler que, disposant d’un service de télé-enseignement, la Faculté des lettres de Rennes puis Rennes 2 enregistre des inscriptions d’étudiants empêchés ou salariés, indépendamment de leur académie. En 1968 par exemple, il y a au télé-enseignement 61 étudiants inscrits en espagnol en première année, dont 13 de l’académie de Nantes.
[142]. À titre de comparaison, en allemand, 31 licences sont délivrées.
[143]. Née en 1945. Précédemment professeure agrégée d’espagnol au lycée Joachim du Bellay d’Angers, le 17 décembre 1968 elle est mise à disposition de la Faculté des lettres de Rennes en tant qu’assistante. Elle démissionnera en 1989. Cf. Francine Caron, Éternel(s) Retour(s), Rochefort-du-Gard, AB, 2022.
[144]. Du 1er septembre au 31 décembre 1968. Spécialiste de la Cuba révolutionnaire. Bénéficiaire, selon ses termes, d’une « cooptation révolutionnaire » alors que le système mandarinal lui bloquait l’accès à l’enseignement supérieur, il sera appelé début 1969 au Centre expérimental de Vincennes, devenu par la suite Université Paris 8.
[145]. 1929-2012. Précédemment professeure au lycée Bréquigny (Rennes) et chargée de cours complémentaires à la Faculté des lettres. Recrutée comme assistante, elle soutiendra en 1986 à Paris 4 une thèse sur « Narcís Oller et son temps », dir. Maurice Molho (cf. Rivalan-Guégo, 2012).
[146]. 1944-2023. Précédemment professeur agrégé au lycée de Guingamp, il est recruté comme assistant. Détaché à la Casa de Velázquez (1974-1977), il sera recruté comme maître-assistant à Paris 4 en 1977 et soutiendra en 1980 une thèse sur « Recherches sur l’auxiliarité (le verbe, l’auxiliaire et la phrase en espagnol actuel) », dir. Maurice Molho. Professeur à Paris 3, il reviendra pour peu de temps à Rennes 2, en 1992-1993 (cf. Botrel, 2010).
[147]. Précédemment professeur dans le secondaire à Redon. Recruté sur les conseils d’un de ses anciens élèves, Michel Launay. « Figure paternelle au sein de la section dont on lançait le prénom avec tant de plaisir que certains étudiants, croyant que c’était son nom, l’appelaient « monsieur Prosper » (Jacqueline Covo-Maurice).
[148]. Né en 1938. Ancien étudiant de la section d’espagnol de Rennes, agrégé, ancien membre de la Casa de Velázquez. Précédemment maître-assistant à l’Université Bordeaux 3, recruté comme chargé d’enseignement, il sera nommé professeur en 1981 après la soutenance à Bordeaux en 1980 de sa thèse d’État sur « Les tableaux de mœurs et les romans ruraux de José María de Pereda (recherches sur les relations entre le littéraire et le social dans l’Espagne de la seconde moitié du xixe siècle) », dir. Noël Salomon.
[149]. Née en1940. Précédemment professeure agrégée au lycée Molière (Paris). Recrutée comme maîtresse-assistante elle partira, en 1985, à l’Université Paris 8 et soutiendra en 1988 à Bordeaux 3 une thèse de doctorat d’État sur « Presse féminine et républicanisme en Espagne (1931-1936) ».
[150]. Né en 1944. Précédemment professeur à l’École normale d’instituteurs de Rennes, agrégé en 1970, il est recruté comme assistant. En 1978 il soutient à l’Université Toulouse-Le-Mirail une thèse de doctorat de 3e cycle (études américaines), puis en 1988 une thèse de doctorat d’État publiée aux Pur en 1996 sous le titre Mythes et légendes de la conquête de l’Amérique. Il sera successivement maître de conférences*, professeur de 2e classe, de 1re classe et de classe exceptionnelle et enfin émérite (en octobre 2005).
[151]. Née en 1943.
[152]. 1942-1996. Elle soutiendra à Paris 4 en 1976 une thèse de 3e cycle dirigée par Bernard Pottier intitulée « Recherches sur l’opposition modale en espagnol contemporain ». En 1987 elle sera recrutée comme maîtresse de conférences à Paris 3.
[153]. 1937-2005. Précédemment professeur titulaire de critique, d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’Institut de cinématographie de l’Universidad Nacional del Litoral (République Argentine), déjà auteur de nombreux romans, œuvres dramatiques, traductions, scénarios cinématographiques, essais et conférences, anthologies, etc.), il occupera à Rennes 2 un poste de maître de conférences* puis de professeur associé jusqu’à sa retraite en 2002 (Cf. https ://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_José_Saer).
[154]. Auteur d’une thèse soutenue en 1988 à Paris 3 sur « Grammaire et grammaticalité (pages critiques de la syntaxe espagnole) », dir. Michel Launay.
[155]. 1938-2020. Précédemment professeure d’histoire-géographie à Concepción (Chili), en 1971 elle est recrutée comme lectrice alors que son époux est chargé de cours au département de géographie (AD 35 1397 W 94). Retournée au Chili avant septembre 1980, elle reviendra plus tard à Rennes 2 en tant qu’associée.
[156]. Précédemment professeur au département des langues de l’Universidad de Temuco (Chili), arrivé en France en octobre 1974, il est recruté comme lecteur en 1977, puis comme assistant associé en 1979-1982. En 1981 il part pour l’Université de Besançon et soutiendra en 1987 à Paris 3 une thèse d’abord inscrite à Rennes 2 sous la direction de Claude Fell, sur « La diffusion du théâtre latino-américain en France depuis 1958 » (4 vols. 1 142 p.). Il sera promu professeur des universités dans cette même université.
[157]. Lectrice à Rennes 2 de 1974 à 1983, elle rejoindra Osvaldo Obregón à Besançon.
[158]. Introduits par Juan José Saer. Sur Raúl Beceyro, né en 1944, cf. https ://en.wikipedia.org/wiki/Raúl_Beceyro.
[159]. « Les cours de Juan José Saer […] étaient tout sauf des cours. Complètement allergique à tout programme à respecter… mais comme nous le savions, nous le “branchions” sur ses passions, entre autres le cinéma, et là… il devenait passionnant » (Michèle Leray-Lefort) ; « la cigarette dans une main, le verre de thé ou de maté dans l’autre » (Françoise Dubosquet-Lairys).
[160]. La question de la non résidence sera fréquemment évoquée. Le 22 février 1972 Jean-Michel Massa, par exemple, pointera ceux qui « s’engagent à résider, même par écrit, mais […] omettent […] de tenir leur promesse une fois le poste obtenu ». Dans les souvenirs qu’elle a transmis, Danièle Bussy-Genevois se rappelle des « voyages de quatre heures en train Corail, longtemps avec Carmen [Salaün] et Jacqueline [Covo], puis le bus 8 (pas après 20 heures), depuis la place du Colombier avec l’arrivée dans le chantier de l’École de la santé ». Jean-Michel Desvois, quant à lui, a fait en train le trajet Mende-Rennes-Mende (2 064 km) pendant deux longues années. Les services annuels sont alors de 192 heures équivalent TD et les emplois du temps tiennent compte des contraintes de chacun. Jacqueline Covo-Maurice se souvient de Carmen Salaün, à la conscience professionnelle sans défaut, mais inquiète de savoir sa fille encore enfant seule avec une jeune baby-sitter. Pour être plus disponibles et présentes chaque fois que c’était nécessaire, mais aussi pour se sentir mieux intégrées, des non-résidentes comme Jacqueline Covo-Maurice ou Danièle Bussy-Genevois ont loué un studio à Rennes ; après s’être logée pendant onze ans à l’hôtel, pour cette dernière.
[161]. Il existait au Capes une épreuve d’histoire de l’art. Une épreuve de cinéma est inscrite au programme pour la première fois en 1984.
[162]. Né en 1948. Précédemment professeur agrégé au lycée technique de Mende, ville où il continuera à résider, recruté comme assistant sur un profil LEA, il soutiendra en 1981 à Pau une thèse dirigée par Manuel Tuñón de Lara sur « La guerre du Maroc et l’opinion publique espagnole (1921-1923) » et sera recruté comme maître-assistant à l’Université de Pau en 1981. Il poursuivra sa carrière à partir de 1991 comme professeur à l’université Bordeaux 3-Michel de Montaigne, après avoir soutenu en 1989 une thèse de doctorat d’État sur
« Presse et politique en Espagne 1898-1936 » (dir. Joseph Pérez et Manuel Tuñón de Lara).
[163]. 1944-2022. Professeure agrégée au lycée Adolphe Chéroux de Vitry-sur-Seine. Recrutée comme assistante, elle soutiendra, à Paris 10 en 1988 une thèse dirigée par Paul Guinard puis Jean Coste sur « L’Espagne agraire à travers la presse de janvier 1930 à avril 1933 ». En 1989 elle sera recrutée comme maîtresse de conférences* à Paris 10 mais assurera ses cours à Rennes jusqu’en juin 1990 (cf. Botrel, 2022).
[164]. Né en 1939. En poste à la section de littérature comparée ; agrégé d’espagnol en 1961 et lusiste ; auteur d’une thèse sur « L’Espagne devant la conscience française au xviiie siècle » (1975), il assurera en particulier un cours de licence sur La España de la Ilustración et participera au DEA. Bientôt titulaire d’une chaire à Paris 3, il restera très attentif au devenir de la production scientifique rennaise, accueillie dans les collections « Classiques pour demain » ou « Récifs » dirigées par lui.
[165]. À titre d’exemple, en 1984-1985, sur 716 h 30 complémentaires, 89 sont assurées par des enseignants extérieurs à Rennes 2.
[166]. Né en 1943. Étudiant à la section d’espagnol entre 1962 et 1969, moniteur* à la bibliothèque avec Mathilde Tubau-Bensoussan en 1966-1968, co-président du club d’espagnol dit Manicomio* (avec Jean Rohel). Certifié d’espagnol en 1969, en poste aux lycées Beaumont de Redon puis Jean Macé de Rennes, il sera chargé de cours à Rennes 2 (1975-1985), à Rennes 1 (1985-1990 juristes) et à nouveau à Rennes 2 (2004-2008).
[167]. Entre 1969 et les débuts des années 2000, il assurera des enseignements de version classique en licence et Capes-agrégation et la préparation à l’épreuve d’explication de textes du Capes.
[168]. 1933. Précédemment maîtresse-assistante à l’Université de Tours, spécialiste du Mexique, après la soutenance de sa thèse de doctorat d’État en 1979 à Lille 3 sur « Les idées de la Reforma au Mexique, 1855-1861 », dir. Claude Dumas, elle est recrutée comme professeure. Son rôle dans la création de Pilar2 est souligné par ailleurs. En 1986, elle sera recrutée à Lille 3 mais terminera l’année universitaire à Rennes. Elle restera affectivement très liée à Rennes.
[169]. Claude Fell, depuis Paris 3, dirigera plusieurs thèses d’étudiants ou anciens étudiants rennais : c’est le cas, par exemple, de celles d’Osvaldo Obregón, « La diffusion du théâtre latino-américain en France depuis 1958 », soutenue en 1987 ; de Françoise Léziart, « La chronique au Mexique », soutenue en 1992 ; d’Alfredo López Vázquez (1979) et de Karim Benmiloud (2000) ; mais aussi de futurs Rennais comme Sylvie Koller (1988) et Néstor Ponce (1985).
[170]. Cf. la lettre de Robin Spittal à Jean-François Botrel.
[171]. L’exploitation des notes prises entre 1967 et 1972 par Michèle Leray-Lefort aux cours de Albert Bensoussan, Étienne Cabillon, Francine Caron, Claude Fell, Jean Le Bouill, Antonio Otero Seco, Daniel-Henri Pageaux, entre autres (information d’Albert Lefort), permettront peut-être de s’en faire une idée.
[172]. Dans le Bulletin de liaison de l’UHB (n° 3 1973) Prosper Divay signale les obstacles rencontrés par un tel enseignement : l’absence de riches diapothèques, le manque de bandes magnétophoniques et d’équipement des salles en écrans larges ou en « cabines avec appareils de projection et de reproduction sonore qui resteraient en place ». Parmi les mémoires de maîtrise répertoriés figure au moins une « maîtrise audiovisuelle », un montage audiovisuel sur le roman de Goytisolo Campos de Níjar, « assorti d’une étude sociologique sur l’évolution de la région d’Almería pendant les dix dernières années ».
[173]. Voici comment Pierre-Marc Pagenault décrit ce cours « superbe, de tous les points de vue. D’abord, la méthode. Jean [Le Bouill] choisissait les textes, et dans un premier temps, en préparait seul la traduction, ce que faisait aussi la lectrice, une fille remarquable qui s’appelait Ana, peut-être Portuondo. Dans la seconde phase, ils se réunissaient pour comparer leurs traductions, et discutaient longuement avant de se mettre d’accord (dans certains cas, très rares, chacun restait sur ses positions). Ensuite venait le cours, qu’ils faisaient ensemble. Jean faisait participer les étudiants en demandant si quelqu’un proposait une traduction. Il l’acceptait, éventuellement proposait des variantes, ou la rejetait, mais toujours en expliquant pourquoi, tant pour la grammaire que pour le vocabulaire. Il sollicitait constamment Ana, qui donnait — toujours en espagnol — des explications complémentaires. Il était à la fois instrumentiste et chef d’orchestre, et c’était un enseignement très formateur en même temps qu’un spectacle d’une extraordinaire virtuosité » (lettre à Jean-François Botrel du 1er mai 2009).
[174]. L’université dispose à présent de laboratoires ou cabines de phonétique jusqu’alors réservés aux anglicistes et la formation en espagnol inclut désormais des travaux pratiques dans ce domaine dont Jean-Pierre Sanchez a été le grand ordonnateur.
[175]. Dans le projet initial de centre de recherches présenté en 1976 par Jean-Michel Massa et Jean-François Botrel il était mis en avant « les liens particuliers (géographiques, culturels, maritimes, économiques) qui rapprochent la Bretagne et l’extrême-ouest de la péninsule Ibérique (Galice et nord du Portugal) et un passé de recherches réalisées dans ce domaine depuis une dizaine d’années ». Le premier programme de recherches devait porter sur « Traditions et mentalités des paysans et des gens de mer : problème d’identité culturelle » et « Le développement économique des régions périphériques » (Botrel, 2020a). Il sera bientôt abandonné au profit de recherches sur la presse locale en Galice qui ne prospéreront pas (cf. Botrel, 2020b).
[176]. Le 22 juin 1981, lors d’une réunion où Danièle Bussy-Genevois n’a pu être présente, Carmen Salaün, Jean-François Botrel, Bernard Le Gonidec, Jean Le Bouill, Jean Michel Desvois et Jacqueline Covo-Maurice décident de « confronter leurs méthodes de travail concernant la presse hispanique et hispano-américaine, ce qu’ils feront sous forme d’exposés chacun à son tour » et « d’envisager une publication, puis la formation d’un centre de recherches » (cf. ADIV 101J17). En 1984, dans Presse et public, il est présenté comme PHR2 (Groupe de recherches sur la presse hispanique de l’Université Rennes 2).
[177]. Cf. ADIV 101J17 et Bussy-Genevois, 2010.
[178]. Une version légèrement différente de son mémoire de maîtrise réalisé sous la direction d’Albert Bensoussan : La génesis del universo poético de José Ángel Valente, Rennes, Centre d’études hispaniques et hispano-américaines, 1977, 103 f., 30 cm. Il existe une autre édition en A5.
[179]. Cet enseignement par correspondance, devenu télé-enseignement en 1959, n’était pas offert par toutes les universités. Jacqueline Covo-Maurice se souvient de ce que « quand on y participait consciencieusement comme beaucoup d’entre nous, cela représentait une charge de travail considérable, en rédaction et frappe des cours (avant l’ordinateur), mais aussi en cours extra “en présentiel“ » du samedi, une fois par trimestre, me semble-t-il, qui étaient une corvée, mais aussi, une fois en présence des étudiants, salariés donc motivés, et si peu nombreux que la richesse des échanges étaient une compensation : j’ai le souvenir assez vif de Denis Rodrigues en cette occasion” — un futur enseignant-chercheur au département.
[180]. Cf. https ://es.wikipedia.org/wiki/Castañuela_70.
[181]. L’organisation à Rennes du congrès de 1968 avait été décidée, mais en 1967, au congrès de Poitiers, Rennes s’était désistée en faveur de Nanterre. Dans sa demande de subvention au président de l’université, le « chef de section » Albert Bensoussan insiste sur la nécessité d’accorder « une somme qui nous permette d’organiser dignement et honorablement cette manifestation hautement prestigieuse pour l’Université de Haute-Bretagne. C’est en effet la reconnaissance de l’importance de l’implantation de l’hispanisme et du rayonnement des études hispaniques en Bretagne qui sont en jeu », écrit-il.
[182]. Annales du VIIe Congrès de la SHF (Rennes, 24-25-26 avril 1971), Rennes, Centre d’études hispaniques et hispano-américaines, 1973, 145 p.
[183]. 70 traductions entre 1971 (Las hermanas coloradas de García Pavón) et 1995, dont 21 de Vargas Llosa et celle de Cicatrices de Juan José Saer, en 1976 (Bensoussan, 1995).
[184]. Le 14 ou le 15 décembre 1983, par exemple, une sangría est organisée par les étudiants de 3e année d’espagnol, salle B 350.
[185]. « La terre à ceux qui la travaillent ».
[186]. À titre d’exemple une traduction (non signée, mais de Jean Le Bouill et Jean-François Botrel) du programme de l’Unidad Popular publiée aux Éditions sociales (2e trim. 1971).
[187]. Homenaje a Antonio Otero Seco, Rennes, Centre d’études hispaniques, 1972, 150 p.
[188]. René Marache, président de l’UHB, p. 7-8, fait l’éloge de celui qui « avait vécu parmi nous plus de dix-huit ans avec la plus extrême discrétion », celui qu’on avait rencontré « sans lui avoir vraiment parlé » « avait la classe et la distinction d’un grand maître ». « Le sentiment qui dominait à son égard était le respect. Son désintéressement et sa sagesse l’eussent à eux seuls mérité, mais nous voyions en lui le réfugié politique, l’homme qui avait sacrifié sa situation à ses convictions, qui avait accepté l’exil si dur pour lui qui était attaché à sa patrie de toute son âme et si fièrement qu’il ne voulait pas entendre parler d’abandonner sa nationalité ».
[189]. Obra periodística y crítica. Exilio. 1947-1970. Introducción de Antonio Piñeroba. Dibujos de Mariano Otero. Recopilación, ordenación y maqueta de Antonio Otero. Rennes, Centre d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, Université de Haute-Bretagne, 1973, 745 p.
[190]. Deux autres étaient prévus (Obra periodística y crítica. España et Obra literaria y poética), qui donneront lieu à des publications en dehors de l’université (cf., par exemple, Obra periodística y literaria, 2008), certains traduits ou préfacés par d’anciens étudiants et/ou collègues : Écrits sur García Lorca. Préface de Jean-François Botrel (2013) ; Écrits sur Dali et Picasso. Traduction de Michèle Leray-Lefort (2016) ; Poésie I et II. Traduction d’Albert Bensoussan (2016-2017) ; Vie entre parenthèses. Récit. Traduction d’Albert Bensoussan (2018) ; Quatorze intellectuels espagnols (illustrations de Mariano Otero) (2019) et Poemas de ausencia y lejanía. Poesía completa, Sevilla, Libros de la Herida, 2021.
[191]. En 2004 (novembre), son nom sera donné à un amphithéâtre du bâtiment L (à côté de l’amphi Basch).
[192]. « Clarín » y sus editores (65 cartas inéditas de Leopoldo Alas a Fernando Fe y Manuel Fernández Lasanta, 1884-1893). Edición y notas por Josette Blanquat y Jean-François Botrel. Rennes, Université de Haute-Bretagne, 1981, 89 p.
[193]. En 1999 (Cahiers du Lira, n° 4, p. 9), Osvaldo Obregón exprime publiquement « toute [sa] reconnaissance à l’Université Rennes 2-UHB qui lors des premières années de l’exil nous accueillit comme lecteurs, Gabriela et moi, ce qui permit à notre famille de trouver une indispensable stabilité … et de rencontrer de vrais amis ».
[194]. Lettre à Jean-François Botrel du 16 mars 2019.
[195]. Jacqueline Covo-Maurice se souvient par exemple de la « mémorable et violente colère de [s]on prédécesseur contre le génial écrivain argentin plus préoccupé de son œuvre — qu’il fit belle, avant de mourir prématurément —, que de pédagogie ».
[196]. Un amusant exemple de la capacité à intégrer qui caractérisait aussi les étudiants est donné par Jacqueline Covo-Maurice : « je me sentis adoptée lorsque, à deux ou trois reprises, je vis sur des copies mon nom transformé en « madame Le Covo », écrit-elle.
[197]. En 1988, dans une lettre signée conjointement, Albert Bensoussan et Jean Le Bouill parlent du « département d’espagnol » qui, jusqu’en 1994, recouvre l’UFR d’espagnol. On parle aussi de « filière d’espagnol ».
[198]. Fin 2004, Jean-Pierre Sanchez est administrateur provisoire du département « jusqu’au 1er février 2005 ».
[199]. Un détail remarqué par Karim Benmiloud, car, dans beaucoup d’universités, les enseignants n’en disposent pas.
[200]. 379 en allemand, 93 en italien, 37 en portugais et 1 038 en LEA. Le calcul du nombre d’étudiants varie, selon qu’on inclut les seuls spécialistes ou l’ensemble des étudiants d’espagnol, non spécialistes compris. En 1989, Jean-Pierre Sanchez avance le chiffre de 1 051 inscrits en espagnol.
[201]. 180 en 1re année, 132 en 2e, 145 en licence, 118 en maîtrise, 21 en Capes, 2 en agrégation, 3 en thèse d’État, 21 en DEA et 16 doctorants. Il y a 1 160 étudiants en LEA, 173 en italien et 37 en portugais.
[202]. Source : plaquette du département d’espagnol (ADIV 101 J 46).
[203]. En 2000 il y a en France 1 397 000 étudiants dans l’enseignement supérieur (215 000 en 1960 ; 661 000 en 1970, 858 000 en 1980 ; 1 160 000 en 1990). En 1996 l’UFR Langues compte 4 903 étudiants et 4 085 en 2001-2002 (2 141 en premier cycle, 805 en licence, 925 en maîtrise, 214 en 3e cycle). En 1993, on compte en France 36 682 spécialistes d’espagnol dans les universités sur un total de 125 453 dans l’enseignement supérieur ; en 1999-2000, 36 134 sur 175 453, et en 2001 il y a plus d’étudiants d’espagnol en LEA (19 001) qu’en LLCE (16 929).
[204]. Soit 84 567 sur un total de 124 423 dans l’enseignement supérieur. En 1994, il y a 1 594 554 élèves d’espagnol dans le secondaire public et privé, soit 28 % des effectifs de langues contre 24 % en allemand. Dans l’académie de Rennes ils représentent 31 % de effectifs (88 669 sur 283 493). En 2001-2002, dans le secondaire, au plan national, 199 030 heures d’enseignement sont consacrées à l’enseignement de l’espagnol, 158 436 à l’allemand, 31 040 à l’italien.
[205]. Les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine conservent des cours de Claude Fell et Jacqueline Covo-Maurice (ADIV 101 J 46).
[206]. À titre d’exemple, les enseignements assurés par Bernard Le Gonidec en 1987-1990 sont les suivants : en 1re année, civilisation, l’Amérique latine contemporaine/Histoire et société en Amérique latine (CM) ; grammaire LEA 1 ; un cours optionnel hors département ; tutorat (TD deux groupes) ; soutien langue (TD). En licence, structures et comportements économiques en Amérique latine. En LEA 3, tutorat de stages (entre 6 et 8) ; en C2 (CM), les idées politiques en Amérique latine au xixe siècle : José Martí, Justo Sierra, José Enrique Rodó (en 1987-1988), Simón Bolívar, Esteban Echevarría, Juan Bautista Alberdi (en 1988-1989). Directions de maîtrises (22 mémoires soutenus). Concours : explications de textes (CM). DEA Études ibériques et ibéro-américaines : les intellectuels-écrivains en Amérique latine, leur rapport au passé (CM)+4 mémoires soutenus). Au total, sur trois ans : 662 h 30+35 h au Service d’enseignement à distance (SED). En 1990-1993 : 1re année, grammaire et thème espagnol ; cours à l’antenne délocalisée de Lorient : thème espagnol, civilisation : l’Amérique espagnole contemporaine. 2e année : cours de langue assurés intégralement en TP. 4e année (C2) : les idées politiques en Amérique latine à l’époque de l’Indépendance ; 4 mémoires soutenus . Capes : écrits politiques de Bolívar. Agrégation : préparation à la question américaine. NB : en 1992-1993, en tant que vice-président de l’université, il bénéficie d’une décharge de service.
[207]. En 2006, par exemple, trois chercheurs mexicains ont été invités avec le Lira comme équipe d’accueil.
[208]. Sur proposition de Lauro Capdevila, un hommage leur sera rendu à l’IUFM de Bretagne, présidé par le recteur d’académie William Marois (cf. Enseigner l’espagnol…)
[209]. En 2004, 425 pour le Capes et 55 pour l’agrégation. En 2007, 435 pour le Capes et 55 pour l’agrégation.
[210]. Jacqueline Covo-Maurice en 1981 (agrégation), Bernard Le Gonidec, en 1989 (Capes), Jean-François Botrel, en 1990 (comme président du jury du Capes), Marie-Claude Chaput (Capes), Virginie Dumanoir, en 2001-2005 (agrégation de lettres modernes), Claude Le Bigot en 1996-2001 (Capes externe) et 2002-2005 (agrégation interne), Christine Rivalan-Guégo en 1989-1993 (Capes externe de lettres modernes) et 1998-2002 (Capes interne), Bénédicte Barbara-Pons de 1994 à 2001 (agrégation externe), Jean-Pierre Sanchez en 1998 et 2003 (agrégation).
[211]. À la fin des années 1990, l’établissement d’une liste de trente œuvres de lecture obligatoire sur trois ans avec des contrôles annuels par QCM fait débat et cessera rapidement d’être prise en compte dans la formation des futurs professeurs d’espagnol.
[212]. C’est sous l’égide de ce laboratoire qu’est publié, coordonné par Albert Bensoussan et Claude Le Bigot, Jouer pour apprendre l’espagnol - Jugar para aprender español (Rennes, Pur, 1989), avec un « tableau des objectifs », fruit des travaux du groupe de recherche sur le jeu en situation éducative qui associait six collègues du secondaire et un IPR (Georges Le Gac).
[213]. Par rapport à avant 1967, où la section d’espagnol accueillait des enseignants essentiellement parisiens, la section d’espagnol est donc devenue un vivier pour les universités essentiellement parisiennes.
[214]. Né en 1934. Ancien de l’Université d’Alger, comme Albert Bensoussan. Auteur d’une thèse de 3e cycle soutenue en 1973 (« Crónica de Francés De Zúñiga ») et d’une thèse d’État soutenue en 1983 (« Les dialogues didactiques du xviie siècle », dir. André Nougué). Précédemment maître de conférences* puis professeur à l’Université Toulouse-le-Mirail.
[215]. Précédemment professeure agrégée d’espagnol au lycée Marguerite de Valois d’Angoulême. Recrutée comme maîtresse de conférences* après avoir, en 1988, soutenu une thèse sur « Exil et création dans la nouvelle et le roman latino-américains contemporains », dir. Claude Fell.
[216]. Né en 1944. Précédemment professeur agrégé d’espagnol au lycée de Beaumont de Redon et chargé de cours à Rennes 2 de 1971 à 1989. Recruté comme Prag en 1990 puis, après avoir soutenu en 1990 une thèse sur « La poésie politique dans l’Espagne républicaine (1931-1939) », comme maître de conférences* en 1991 et professeur en 1994.
[217]. Né en 1952. Après avoir soutenu en 1989 une thèse sur « L’enseignement de la civilisation espagnole en France : discours et idéologie des manuels à l’usage du second cycle », dir. Jean-François Botrel, il est recruté comme maître de conférences* en 1990 en LEA et fait partie de l’équipe qui monte l’antenne universitaire de Lorient. À la création de l’Université Bretagne-Sud en 1993 il rejoint le département d’espagnol. Après avoir soutenu une HDR en 1998 il sera nommé professeur.
[218]. Née en 1955. Chargée de cours en 1989-1991, après avoir soutenu en 1989 une thèse sur « Antonio Gala : un regard sur l’Espagne des années 80 », dir. Albert Bensoussan, elle est recrutée comme maîtresse de conférences* à cheval sur Lorient et Rennes et à la création de l’Université Bretagne-Sud elle intègre pleinement Rennes 2. Après la soutenance d’une HDR en 2000 elle est nommée professeure en 2001.
[219]. Né en 1951. Auteur d’une thèse soutenue en 1980 (« La revue mexicaine Alarma ! :une étude pluridisciplinaire (1974-1987) », dir. Edmond Cros. Précédemment professeur agrégé dans l’enseignement secondaire à Montpellier.
[220]. 1947-2021. Précédemment professeure agrégée au lycée Île-de-France à Rennes. Recrutée comme Prag en 1992, après avoir soutenu une thèse sur « Maqroll el Gaviero dans l’œuvre d´Álvaro Mutis. De l’alter ego à l’autre », dir. Albert Bensoussan elle rejoindra l’Insa en 1997 jusqu’à sa retraite en 2007. Cf. Lefort, 2023.
[221]. Née en 1944. Maîtresse-assistante à l’Université d’Alger, autrice d’une thèse de 3e cycle sur « La polémique islamo-chrétienne en Espagne 1492-1640 », dir. Louis Cardaillac, elle est recrutée en 1994 comme Ater, puis comme maîtresse de conférences*.
[222]. Né en 1948. Précédemment professeur agrégé à Dinan, il est recruté comme maître de conférences* après la soutenance en 1994 de sa thèse sur « L’Enciclopedia Espasa (1907-1933) », dir. Jean-François Botrel.
[223]. 1948-2013. Recruté comme Prag à Rennes 2, il exerce d’abord à l’antenne délocalisée de Lorient. Après avoir soutenu en 1996 une thèse sur «Identité et individuation dans l’œuvre de Jorge Luis Borges », dir. Albert Bensoussan, et un passage à Poitiers, il reviendra à Lorient en octobre 1998 (cf. Fourtané, Delhom, 2013).
[224]. Auteur d’une thèse soutenue à Rennes 2 en 1996 sur « L’ardoise en Espagne : histoire et économie : un témoin de changements socio-culturels », dir. Jean Le Bouill.
[225]. Auteur d’une thèse sur « Les jeux de Cortázar », dir. Albert Bensoussan, soutenue en 1996.
[226]. Recruté à Rennes comme maître de conférences* après avoir soutenu en 1993 une thèse sur « L’invention de l’espace dans la littérature argentine (1921-1963) : Borges, Bioy Casares, Cortázar », dir. Albert Bensoussan. Il sera, par la suite, recruté à Paris 4.
[227]. 1967. Ancien membre de la Casa de Velázquez, il soutiendra en 2004 à Paris 4 une thèse sur « Génétique textuelle : recherches sur la production du discours poétique chez Jorge Guillén : étude des brouillons de Cántico », dir. Marie-France Delport.
[228]. Jusqu’en 1991. Ater en 1992-1993, de 1994 à 2001 elle occupera un poste de maîtresse de conférences* détachée à Rennes 2 en tant qu’ancienne élève de l’ENS.
[229]. L’absence prolongée de Michel Launay (Botrel, 2010) donnera lieu pour l’enseignement de la linguistique après le départ de Carmen Salaün à des solutions provisoires jusqu’au recrutement de Gabrielle Lloret Linares.
[230]. Pour cette dernière période, les souvenirs et témoignages d’anciens étudiants, la perception qu’ils ont eue de leur formation restent à recueillir, ainsi que des informations sur leurs itinéraires. Une des rares traces conservées est le compte rendu du séminaire de Jean Le Bouill « Société, idéologie et culture dans l’Espagne du xixe » par Véronique Mouton. On peut aussi trouver quelques copies d’étudiants non rendues.
[231]. Né en 1948. Précédemment maître de conférences* à l’Université de Pau & des Pays de l’Adour. Auteur d’une thèse soutenue en 1997 à Paris 3, « Recherches sur le clergé castillan et les mentalités religieuses en Espagne à l’époque moderne (1550-1621) : le cas de l’archevêché de Tolède », dir. Augustin Redondo.
[232]. Précédemment Ater à l’Université Toulouse-Le Mirail. Recruté comme maître de conférences* en 1995. Auteur d’une thèse soutenue en 1995 à Toulouse-Le Mirail sur « Les aérophones traditionnels aymaras dans le département de La Paz (Bolivie) », dir. Georges Baudot. Habilité à diriger des recherches en 2006 à Paris 1.
[233]. 1945-2006. Précédemment professeur à l’Université de Bretagne occidentale.
[234]. Née en 1969. Ancienne élève de l’ENS et de la Casa de Velázquez. Recrutée comme maîtresse de conférences* après avoir soutenu une thèse à l’Université Aix-Marseille 1 sur « De l’écriture à l’édition : les vieux romances espagnols et la question du genre (1421-1551) », dir. Jeanne Battesti-Pelegrin.
[235]. Né en 1971. Ancien élève du lycée Chateaubriand de Rennes et de l’ENS. Recruté à Rennes 2 comme AMN, puis à Bordeaux 3 en 2001 comme maître de conférences* après avoir soutenu en 2000 une thèse sur « Vertiges du roman mexicain contemporain : Salvador Elizondo, Juan García Ponce, Sergio Pitol », dir. Claude Fell.
[236]. Ater en 2001-2002 puis à l’IEP, en 2003 elle soutiendra une thèse sur « Rituels et conflits : Hispano-Créoles et Araucanos-Mapuches dans le Chili colonial (fin du xviie siècle) : avec l’édition critique d’actes judiciaires, Concepción, 1693-1695 », dir. Jean-Pierre Sanchez.
[237]. Née en 1957. Précédemment professeure agrégée dans le secondaire. En 1995, elle soutient une thèse sur « La littérature (romans et nouvelles) populaire et légère en Espagne : 1894-1936 », dir. Albert Bensoussan. Recrutée comme maîtresse de conférences* en 2000, elle sera élue professeure en 2006.
[238]. Née en 1972. Autrice d’une thèse soutenue à Grenoble 3 en 2001 sur « Transtextualité et écriture théâtrale chez José Luis Alonso de Santos », dir. Georges Tyras. Recrutée à Rennes 2 comme maîtresse de conférences*, puis comme professeure à l’Université d’Avignon.
[239]. En 2003-2004, les enseignants en espagnol à Rennes 2 sont au nombre de 29, LEA compris.
[240]. Jesús de Juana qui, dans le cadre de la convention Rennes2/Santiago, avait bénéficié d’une bourse de recherche de son université à l’automne 1984, est invité pour trois mois en octobre-décembre 1985.
[241]. Invité pour 3 mois en octobre-décembre 1985. En septembre 1987, professeur à la Escuela universitaria de Educación General Básica de Ourense, il sera à nouveau invité à assurer des enseignements d’histoire et de civilisation.
[242]. On trouvera dans son texte « Paseo polo amor e Bretaña » (Rodríguez Fer, 2008), l’évocation précise et sensible de ses relations étroites et durables avec Rennes 2 et la Bretagne.
[243]. Dans une lettre à Jean-François Botrel du 24 septembre 2022 il se souvient de ce que « hace veinte años llegaba a Rennes un licenciadito santiagués para firmar su primer contrato de trabajo, dar sus primeras clases, aprender un volumen notable de cosas, fundar su primera casa y hacer unos cuantos amigos de larga duración. Siempre he sabido que mis años renneses (?) dejaron huellas en los aspectos más importantes de mi vida », écrit-il.
[244]. Né en 1951. En 2002 il soutient à l’Université de Reims une thèse sur « El Justicia d’Aragon. Un personnage unique dans l’Aragon du Moyen-Âge et sa restauration après le franquisme », dir. Elisée Trenc.
[245]. La conservation et la gestion des archives à l’Université Rennes 2, notamment de celles ayant trait à ses différentes composantes, est, on le sait, un problème récurrent.
[246]. Un doctorat unique, préparé en trois ans après le DEA, suivi d’une habilitation à diriger des recherches, qui se substitue à la thèse de 3e cycle et à la thèse d’État.
[247]. Françoise Dubosquet-Lairys, Claude Le Bigot, Yves Germain, Michèle Leray-Lefort, Béatrice Cáceres, Christine Rivalan-Guégo, Lucien Ghariani, Lionel Souquet, Rémi Le Marc’hadour, Denis Rodrigues, Philippe Castellano, Jimena Obregón Iturra, par exemple.
[248]. Par exemple : Bénédicte de Buron-Brun à Pau, Marie-Madeleine Gladieu à Reims, Meledj Niagne et Yao N’Guetta, en Côte d’Ivoire, Nathalie Ludec à Paris 8, après avoir soutenu à Lille en 1992 une thèse sur « La presse contemporaine pour femmes au Mexique », dir. Jacqueline Covo.
[249]. La publication comporte, outre les différentes communications, une bibliographie commune, un index analytique, des résumés des débats traduits par des étudiants de maîtrise LEA et une préface d’Armand Mattelart.
[250]. Elisée Trenc (éd.), La prensa ilustrada en España. Las Ilustraciones (1850-1920), Montpellier, Université Paul Valéry-Iris, 1996. Dissout de fait puis officiellement, le groupe de recherche renaîtra en 1996-1997 à l’initiative de quatre de ses membres historiques sous un autre libellé (Presse, imprimés, lecture dans l’aire romane) et sous forme d’une association. À partir de 1999 il tiendra des séminaires annuels qui, entre 2000 et 2007, ont donné lieu à sept publications, certaines en hommage à quelques-uns de ses membres historiques et avec une forte implication de chercheurs rennais ou ex-rennais (cf. Desvois, 2007).
[251]. 1. Sylvie Martin 2. Carlos Serrano 3. Charles Lesenbaum 4. Jean-Marie Ginesta 5. Laurent-Meledj Niagne 6. Marie-Claude Chaput 7. Antonio Rodríguez de las Heras 8. Jean-François Botrel 9. Elisée Trenc 10. Jean-Claude Villegas 11. James Durnerin 12. Brigitte Magnien 13. Pablo Berchenko 14. Paul Aubert 15. Claude Le Bigot 16. Jean Alsina 17. Carmen Salaün-Sánchez 18. Bernard Le Gonidec 19. Jesús Timoteo Álvarez 20. Gérard Brey.
[252]. Actes du colloque organisé par l’équipe Erilar, Université de Rennes 2, 21, 22 et 23 octobre 1999, 469 p.
[253]. Cf. Dvořák, Marta et Borras, Gérard (éd.), Les Amériques et le Pacifique, Rennes, France : Cec-Lira Équipe Erilar, Université Rennes 2 Haute-Bretagne, 2003.
[254]. Cf. Françoise Massa (éd.), Le Portugal et l’Espagne dans leurs rapports avec les Afriques continentale et insulaire, Rennes, Université Rennes 2-Haute-Bretagne, 2005.
[255]. Cf. Le Bigot, Claude (dir.), Les polyphonies poétiques : formes et territoires de la poésie contemporaine en langues romanes. Actes du colloque tenu à l’Université de Rennes 2 le 1er et le 2 décembre 2000, Rennes, Pur, 2003.
[256]. Le Bigot, Claude (dir.), Rennes, Pur, 2007, coll. Interférences, 141 p.
[257]. Ricardo Saez (éd.), L’imprimé et ses pouvoirs dans les langues romanes, Rennes, Presses Universitaires de Rennes 2, 2009.
[258]. Cf. Dans le sillage de Colomb : l’Europe du Ponant et la découverte du Nouveau Monde, 1450-1650. Actes du colloque international, Université Rennes-2, 5-7 mai 1992, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1995.
[259]. Cf. Mémoire et fidélité séfarades : 1492-1992. Actes du colloque « 1492-1992 : cinquième centenaire de l’expulsion des Juifs d’Espagne », 23-24 novembre 1992, organisé par l’Université de Rennes 2 Haute-Bretagne et par le Groupe Jules Isaac, Rennes, Pur, 1993 (cf. Zimmermann, 2019 : 01-09-1997).
[260] 1. Bodosahondra Randriragaona 2. Paul Aubert 3. Nadia Aït Bachir 4. Jean-Michel Desvois 5. José Miguel Delgado 6. Juan Antonio García Galindo 7. Jacqueline Covo-Maurice 8. José Carlos Mainer Baqué 9. Pura Fernández 10. Didier Corderot 11. Marie Franco 12. Christine Rivalan-Guégo 13. Irène Da Silva 14. Ana Martínez Rus 15. Danièle Bussy-Genevois 16. Jean-François Botrel 17. Simone Saillard 18. Marie Linda Ortega 19. Antonio Castillo Gómez 20. Verónica Sierra Blas 21. Jacques Maurice 22. Florence Belmonte 23. Richard Hitchcock 24. Philippe Castellano 25. Gérard Chastagnaret 26. Jacques Soubeyroux 27. Roselyne Mogin-Martin 28. Jean-Louis Guereña 29. Brigitte Magnien 30. Marie-Claude Chaput 31. Aránzazu Sarría Buil 32. François Malveille 33. Pierre-Paul Grégorio.
[261]. Le dernier numéro (XXI) des travaux du Centre d’études hispaniques, hispano-américaines, portugaises, brésiliennes et de l’Afrique d’expression portugaise, Études portugaises et brésiliennes. 6, est consacré en 1989 à La langue portugaise en Afrique.
[262]. La mise en page, la maquette et l’édition en PAO sont assurées par un des participants, Yves Panafieu par exemple pour les n° 3 et n° 6. L’impression est faite au laser. Leur prix : 50 francs pour le n° 1, 70 francs pour le n° 2, 100 francs ou 15,24 euros pour les n° 4 et 6. Les titres annoncés dans le n° 1 « (Le péronisme » par Dominique Ferré et « La doctrine Monroe » par Jean-Pierre Sanchez) ne semblent pas avoir été publiés.
[263]. À partir de 2001, sans lien avec ce centre, une recherche sur la Gran Enciclopedia Gallega sera menée qui débouchera sur plusieurs articles publiés en 2003 et 2005 par Françoise Dubosquet-Layris et en 2006 par Jean-François Botrel, Philippe Castellano, Moisés Iglesias, Roselyne Mogin-Martin et Christine Rivalan-Guégo, qui dirigera l’ouvrage finalement publié en 2016 sous le titre Gran Enciclopedia Gallega (1974-1991) : la forja de una identidad (Gijón, Trea).
[264]. L’éloge de Jorge Edwards sera prononcé par Françoise Dubosquet-Lairys et celui de Jorge Semprún par Ricardo Saez (cf. https ://intranet.univ-rennes2.fr/service-communication/album/photos-hommage-jorge-semprun-emaura).
[265]. Cf. https ://Intiluna*.skyrock.com/92032003-Mais-pourquoi-Ben-parce-que.html (consulté le 27 septembre 2022).
[266]. Sanchez, Jean-Pierre (éd.), Galice, Bretagne, Amérique Latine : mélanges offerts à Bernard Le Gonidec, Rennes, Université Rennes 2-Haute-Bretagne, Lira, Centre d’études galiciennes, 2000, 322 p. ; Desvois, Jean-Michel (éd.). Prensa, impresos, lectura en el mundo hispánico contemporáneo. Homenaje a Jean-François Botrel, Pessac, Pilar-Institut d’Études ibériques et ibéro-américaines, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, 2005, IV-584 p.
[267]. En 1987, dans le cadre d’un projet de célébration du 40e anniversaire de la section d’espagnol, il est envisagé d’inviter différents conférenciers en collaboration avec l’ambassade d’Argentine. Un projet resté sans suite faute de subventions.
[268]. Malgré de multiples sollicitations et recherches, le chiffre exact n’a pu être établi.
[269]. 986 479 en allemand, 175 093 en italien. Et la croissance a continué : 2 149 312 en 2004 (866 816 en allemand, 10 732 en portugais, 238 004 en italien).
[270]. Sans doute plus de 2 500 licenciés et de 300 professeurs d’espagnol de l’enseignement secondaire.
[271]. Les étudiants formés au département d’espagnol entre 1947 et 2007 ne sont évidemment qu’une toute petite partie des quelque 200 000 accueillis à la Faculté des lettres puis à l’Université Rennes 2 pendant la même période.
[272]. De trois mois (Paul Estrade) à trente-six ans (Jean-Pierre Sanchez).
[273]. Le plus simple et efficace est sans doute de répondre rapidement à ce questionnaire sans faire, pour le moment, trop de recherches particulières dans les archives ou les albums de photos ! Sans oublier de parler de cette initiative autour de toi/de vous afin de que d’éventuels oublis puissent être corrigés !