De l’imprimé au lecteur: l’ Historia de la edición y de la lectura en España (1572-1914).
( The History of the book.International Comparisons (Sydney, 10-12-VII-2005)
«De l’imprimé au lecteur: l’ Historia de la edición y de la lectura en España (1572-1914) [1] .
Cette histoire de l’édition et de la lecture en Espagne, limitée à la période 1572-1914, se présente tardivement et avec humilité par rapport à d’autres histoires nationales.
En effet, s’il existait des histoires générales ou synthétiques [2] , et si une «histoire illustrée» du livre avait été publiée entre 1993 et 1996 [3] , il a fallu attendre l’initiative de V. Infantes et F. Lopez pour qu’une véritable réflexion sur les conditions de réalisation d’une histoire de l’édition et de la lecture soit instaurée et un projet défini, auquel, sur invitation de l’éditeur, s’est joint J.-F. Botrel pour la période contemporaine.
Il s’agit d’une œuvre collective (3 directeurs et 45 collaborateurs qui se sont chargés d’organiser et de rédiger les 71 chapitres des trois parties [4] ), réalisée entre septembre1998 et août 2000 et publiée à l’automne 2003, le jour anniversaire de la mort de Miguel de Cervantes, aujourd’hui célébré comme «día del libro». De caractère compact et de dimensions modestes [5] , cette histoire est à la fois ambitieuse et conforme, puisqu’elle s’inscrit dans la longue durée mais dans des frontières – variables, selon qu’y soit compris ou non le «Nouveau Monde»- et dans un espace tardivement devenu «national» [6] . Elle présente sans doute l’originalité de s’inscrire dans une perspective de dépassement d’une histoire du livre espagnol, pourtant à compléter, et de vouloir considérer en même temps les projets ou stratégies des éditeurs et les attentes ou usages des lecteurs, dans un pays où -rappelons-le-, la masse des textes imprimés représente à peine un dixième de ce qu’elle a pu être dans des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre ou la France.
Dans ces conditions, comment peut-on caractériser le projet et les éventuels acquis d’une entreprise qui, de toute évidence, devra elle-même être complétée et dépassée?
Les présupposés et le projet. Dans un préambule à l’histoire proprement dite [7] , il est fait état, sur le mode rétrospectif mais également méthodologique, de tous les apports de la bibliographie analytique ( bibliology ), au moins pour la période classique, et de l’étude des aspects économiques de l’édition et des acteurs/agents, à une histoire du livre jusqu’alors bibliographique et descriptive qui s’est, de ce fait, progressivement transformée en histoire de l’édition. Malgré l’absence signalée d’outils bibliographiques et bibliométriques qui s’expliquent en partie par la configuration politique et géographique imposée pendant des siècles par la monarchie espagnole et non résolue par l’Etat libéral, mais aussi par l’importance des centres typographiques étrangers qui l’ont alimentée et les désastres de la Guerre d’indépendance, cette histoire essaie, pour la première fois au moins en Espagne, de prendre en compte la production éditoriale et ce que suscitent sa demande, son acquisition et sa consommation, soit le passage du champ économique au champ culturel que représente la lecture qui a toujours été intimement associées aux révolutions du livre pour différentes finalités et modes d’appropriation: «pour l’appréhender, pour l’exalter dévotement en priant ou méditant, pour s’évader avec son aide sur les ailes d’un rêve désiré» . C’est sans doute l’association intime et problématisée de cette double perspective qui fait l’originalité majeure de cette histoire de l’édition et de la lecture.
Il est également rappelé tout ce que doit l’histoire de la lecture aux meilleures études philologiques cervantines, à l’exploitation des inventaires après décès qui, malgré leurs insuffisances, témoignent en Espagne de la perméabilité du monde de la culture savante à celui de la culture populaire et réciproquement. La recherche récente s’est d’ailleurs attachée à révéler les pratiques lectrices des couches populaires, mais aussi des femmes, la collecte des témoignages sur la lecture (ou de ses représentations) étant loin d’être achevée.
Ce que pourrait être une histoire de la lecture fait enfin l’objet d’un essai de définition: «une recherche visant à éclairer les modalités, pratiques et usages, de même que les circonstances et plus particulièrement les effets […] de l’activité de lecture, dans le processus pluriséculaire d’incorporation ( ou de non incorporation) à la culture écrite et imprimée» [8] .
Il s’agit d’une entreprise volontairement pluridisciplinaire qui réunit des historiens de la culture, de l’illustration du livre de la bibliographie matérielle, de la bibliométrie, de l’éducation, des idées religieuses, de la langue, de la littérature ou de la presse, etc. qui, bien que partant de bases et formations différentes, prétendent allier leurs différents points de vue et les faire converger, la pluralité de ces regards critiques étant réputée porteuse de méthodologies d’analyse novatrices.
L’inscription dans la longue durée doit permettre de percevoir les évolutions survenues au long des trois périodes distinguées: de l’aube de l’imprimerie hispanique jusqu’à la césure d’ordre culturel –et non technique- que représente le Temps des novatores , soit la fin du XVII e siècle, moment de l’introduction en Espagne de la philosophie et de la science modernes, puis à partir de la deuxième révolution de l’imprimé, avec la généralisation de la presse et l’émergence de nouveaux lecteurs, jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.
Une attention toute particulière est prêtée aux bases documentaires, représentées, après sélection, par 85 illustrations, 136 documents et une copieuse bibliographie de 80 pages, actualisée au 20 novembre 2002 [9] .
Enfin, il faut sans doute évoquer la présence sous-jacente dans cette Historia… de certains modèles, principalement l ’Histoire de l’édition française dirigée par H.-J Martin et R. Chartier [10] , et pour la partie contemporaine des travaux menés par J.-Y Mollier ou F. Barbier.
Tels furent les présupposés et le projet. Pour quelle mise en œuvre et quels résultats?
La mise en œuvre. Sauf le découpage chronologique et la contrainte éditoriale consistant à présenter la matière en chapitres de 25 000 caractères [11] , accompagnés de documents et d’illustrations, qui s’imposait à l’entreprise, chaque partie a été conçue et l’écriture des différents chapitres confiée à des chercheurs par chacun des directeurs de façon autonome, l’architecture de chacune des parties et les intitulés des différents chapitres pouvant, en soi, faire sens et permettre d’utiles comparaisons, avec sans doute pour résultat une meilleure adéquation aux différentes périodes traitées mais aussi une éventuelle impression d’hétérogénéité [12] .
L’examen des «entrées» au total retenues fait clairement apparaître la faible part accordée –comme pour mémoire- à la production matérielle ou à la statistique [13] ; si la question de la législation ou des censures, de l’auteur et de l’imprimeur-libraire-éditeur selon les époques et la diffusion n’est évidemment pas ignorée [14] , c’est presque toujours en liaison avec l’incidence qu’ont pu avoir ces facteurs sur la lecture, les lecteurs et leur évolution, avec la progressive constitution d’un public. De la même façon, l’accent mis sur les typologies éditoriales ou les classifications [15] , renvoient à des finalités qui trouvent elles aussi leur justification dans les attentes de lecteurs qui font souvent fi des frontières qu’on prétend établir dans la culture de l’imprimé et dans ses usages, comme c’est le cas quand il s’agit du livre, de la presse ou d’autres imprimés. De ce fait l’architecture de l’histoire s’attache à rendre compte de l’effective circulation de l’imprimé –y compris de la presse [16] -, de ses réceptions et appropriations dans la variété des lectures, du point de vue d’un lecteur historique : plus de la moitié des chapitres est d’ailleurs consacrée à ces points de vue et attentes des lecteurs, ainsi qu’aux discours et pratiques qui les accompagnent.
Fruit de l’air du temps ou au contraire d’une lente maturation, l’enfant (pas simplement sous le biais du livre de classe et de ses usages pédagogiques) et la femme lectrice font l’objet d’un intérêt spécifique, y compris pour des siècles où on avait peu l’habitude de considérer ce type d’aptitudes [17] . Symptomatique à cet égard est l’illustration retenue pour la couverture: une femme peinte par Ramón Casas pour la couverture de la revue catalane Pèl & Ploma (1901), sans doute lors d’un de ses séjours à Paris, et présentée comme immergée dans les livres d’une bibliothèque et plongée dans la lecture de la revue ART dont elle semble juste émerger.
On peut évidemment enfin s’interroger sur ce qui légitime ou questionne un cadre national pour l’histoire de l’édition et de la lecture en Espagne et dont rendent compte plus particulièrement certains chapitres: c’est bien sûr la question de la multi puis bipolarité (Madrid et Barcelone) de la production du livre et de l’imprimé, celle des importations de livres –certains édités en espagnol à l’étranger- mais aussi des exportations en direction des colonies puis des républiques hispanoaméricaines [18] , ou encore celle de la langue et des langues pour des textes qui ont souvent circulé en se moquant des frontières, grâce à la traduction. Au delà des chapitres qui traitent de ces aspects, c’est la conception même d’une histoire nationale ou comparative de l’édition et de la lecture qui est en cause.
Les résultats. Si, après avoir remarqué avec Philippe Castellano (2005) que «le choix de cette période longue permet d’apprécier à quel rythme inégal l’Espagne entre dans la modernité», on examine les résultats pour la seule période contemporaine, on doit tout d’abord évoquer les acquis encore insuffisants de la recherche dont l’ouvrage témoigne évidemment [19] . C’est ainsi par exemple que les éditeurs barcelonais restent un peu dans l’ombre [20] et les bibliothèques privées ou publiques en pointillé, et que tout ce qui renvoie aux aspects formels ou esthétiques du livre, à l’espace visuel, au para ou péri-texte, à la mise en livre ou en page, ne peut être qu’évoqué que comme objectif, tout comme la dimension anthropologique du rapport au livre [21] . Quant aux pratiques d’ écriture ou manuscrites –comme celle de la copie- elles ont quasiment ignorées malgré leur lien évident avec la lecture et la culture de l’écrit ou de l’imprimé [22] .
Dans l’économie des 25 chapitres finalement alloués à la période 1808-1914 et rédigés par 17 collaborateurs experts, on remarquera que figurent pour mémoire, dans la mesure où existent des travaux plus exhaustifs, des informations synthétiques concernant le livre et les conditions matérielles de sa production. En revanche, une approche nouvelle de l’écrivain considéré dans le champ littéraire permettra sans doute quelques avancées dans ce domaine, tout comme le traitement chronologique, sociologique et générique des différents lecteurs, notamment des nouveaux lecteurs- et des différentes lectures, y compris celles de l’image, de la musique ou de la poésie, et des attentes qui les sous-tendent comme la formation, l’information ou le divertissement. Le chapitre 5.5 intitulé: «recrearse con prosa», soit «la récréation par la prose» peut-être considéré comme emblématique à cet égard.
Avec l’importance accordée à l’apparition de nouveaux lecteurs, on court évidemment le risque de minorer le poids et l’influence dans la durée des lecteurs à l’ancienne –y compris les bibliophiles- ou des non lecteurs avec leurs stratégies de substitution, dont rendent compte par ailleurs les modalités d’apprentissage et les discours sur la lecture. De ce point de vue, l’histoire culturelle de l’imprimé éprouve toujours une certaine difficulté à rendre compte des permanences au delà des «steady readers».
Au total, c’est peut-être à travers la prise en compte, à côté du livre, de la presse et, dans une moindre mesure, d’autres imprimés et d’autres formes de consommations liées aux spectacles ou à la lecture graphique que se trouve le mieux explicitée l’évolution limitée et néanmoins traumatique (par exemple pour l’Eglise catholique) d’une lecture socialement plus partagée, y compris dans ses nouvelles modalités, liées à de nouveaux rythmes (la lecture de chaque jour) ou à de nouvelles formes et contenus, comme les feuilletons traduits du français, pour prendre un exemple.
Conclusion. Cette histoire de l’édition et de la lecture, construite comme une fresque en mosaïque, peut donc être considérée comme un moment, entre bilan et programme [23] . Dans des conditions éditoriales autres, elle serait aujourd’hui évidemment encore mieux informée et plus complète, mais aussi moins fragmentée et moins synthétique, pour permettre une meilleure prise en compte des interactions, permanences et/ou évolutions. Cependant on peut sans doute considérer comme un acquis relativement novateur le fait qu’elle considère bien l’imprimé sous toutes ses formes ainsi que toutes les pratiques à lui liées et pas seulement le livre. Le fait aussi que soit, somme toute, privilégié le point de vue des lecteurs: des lecteurs émergents et/ou jusqu’alors souvent ignorés, comme les femmes, les enfants ou le peuple… Avec l’intérêt manifesté pour des catégories comme la prose, le roman, la poésie ou le théâtre mais aussi le champ littéraire, la réception, les traductions ou les modalités de constitution d’une littérature «nationale», cette histoire peut être considérée comme un outil de dialogue avec l’histoire littéraire, en invitant celle-ci à faire investir ses catégories habituelles par des lecteurs historiques, en prenant en compte leurs attentes et leurs pratiques, mais aussi avec l’histoire culturelle puisqu’aussi bien cette histoire de l’édition et de la lecture est une contribution à l’histoire culturelle des médiations et médiateurs mais aussi des pratiques culturelles [24] . Reste à poursuivre la tâche pour la fin du XXe siècle [25] … Il manque encore sans doute que les bases statistiques et matérielles soient enfin mieux établies, par le biais d’un traitement systématique ou de monographies [26] , afin d’être mises à distance et en perspective, mais aussi de considérer plus résolument, à l’instar des travaux menés au Mexique ou au Brésil [27] , les gens du livre et l’édition comme des acteurs d’un changement culturel perçu dans la durée et confronté aux résistances et permanences, et sans doute dans un espace dont les frontières nationales seraient moins marquées et –pourquoi pas?- oubliées.
Bref, une autre histoire –culturelle- de l’imprimé est au bout du chemin.
J.-F. BOTREL.
Etudes citées:
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Appendice.
Primera parte (1472-1680). 1. El manuscrito y el libro. 1.1. El manuscrito y su producción en la época del libro impreso 1.2 El taller de la imprenta 1.3 La tipología de las formas editoriales 1.4 La ilustración impresa 2. La producción editorial 2.1 El concepto de autoría en el contexto editorial 2.2 El impresor, el editor y el libro 2.3 El comercio, la circulación y la geografía del libro 2.4 El control legislativo y los Index inquisitoriales 2.5 La edición española fuera de España 3. Las bibliotecas 3.1 Historia de la formación y evolución de las bibliotecas 3.2 Las bibliotecas particulares en el Siglo de Oro 3.3 Los catálogos de libreros y editores 4. El lector y los grupos lectores 4.1 El concepto de lector moderno 4.2 Las formas de leer, la oralidad y la memoria 4.3 Las lecturas femeninas 4.4 Las justificaciones y críticas de la lectura 5 La lengua y las tipologías de la lectura 5.1 El castellano y las otras lenguas: la traducción 5.2 La lectura de la formación y el didactismo 5.3 La lectura literaria, del ocio y de la información 5.4 La lectura científica, técnica y humanística 5.5. La lectura espiritual y edificante 5.6 La lectura gráfica.
Segunda parte (1680-1808) 1. Edición, poder y sociedad 1.1 La edición y la lectura 1.2 La legislación: control y fomento 1.3 El libro y la Inquisición 1.4 La sociedad de los autores 1.5 Evolución global de la producción 1.6 Las materias: tradición y modernización 2. Industria y comercio 2.1 La imprenta y las artes del libro 2.2 Geografía de la edición. El comercio interior y exterior 2.3 Los oficios. Las técnicas de venta 2.4 Los editores 3. Algunas formas editoriales 3.1 Los pliegos sueltos y otros impresos menores 3. 2 Un nuevo sistema de escritura y de lectura: la prensa periódica 4. La lectura: de la lecturas compartidas a las profesionales 4.1 Fuentes para una historia 4.2 Textos escolares y didácticos 4.3 Para todos: pliegos y obras de surtido 4.4 Obras y obritas de devoción 4.5 Los lectores: oficios, profesiones y estados 4.6 Libros para el aprendizaje de lenguas extranjeras 5. La cultura de la Ilustración 5.1 Lecturas modernas y estructura de pensamiento 5.2 Sabios y eruditos 5.3 El público de la prensa 5.4 Los clásicos del pueblo 5.5 Nuevas propuestas a un público femenino 5.6 Ilustración, lectura y juventud en la España del siglo XVIII.
Tercera parte (1808-1914) 1. El control de la libertad 1.1 La libertad de imprenta, entre la ley y las prácticas 1.2 El campo de la producción intelectual 2. La segunda revolución del libro y la prensa 2.1 La industrialización de las técnicas 2.2 El libro como objeto 2.3 El auge de la prensa periódica 2.4 La lectura de cada día 2.5 La producción por entregas y las colecciones semanales 2.6 La prensa y el libro 3. Producción y difusión del impreso 3.1 Editores y empresas editoriales 3.2 La difusión del libro 3.3 El «movimiento bibliográfico» 4. La lectura: discursos y prácticas 4.1 Los discursos sobre la lectura 4.2 La lectura, del aprendizaje a las prácticas 5 Los usos de la lectura 5.1 El libro y la edificación 5.2 La edición escolar durante la Restauración 5.3 Lecturas instructivas y útiles 5.4 Leer la poesía 5.5 Recrearse con prosa y novela 5.6 Texto e imagen 5.7 Leer y escuchar: el teatro y la música 6. El público del libro y de la prensa (1808-1868) 6.2 Las lecturas infantiles 6.3 La mujer lectora 6.4 Lectura y educación popular 6.5 Lectura privada y pública
[1] Infantes, Víctor, Lopez, François, Botrel, Jean-François, Historia de la edición y de la lectura en España (1572-1914). Madrid, Fundación Germán Sánchez Ruipérez, 2003, 862 p., 25 cm.
[2] Outre la classique Introducción a la historia del libro y de las bibliotecas d’Agustín Millares Carlo (1971), il existait deux versions d’une Historia del libro d’Hipólito Escolar (1984, 2000), largement dépassée sur le plan méthologique par la récente et excellente synthèse (en 160 pages!) d’Antonio Castillo Gómez (2004).
[3] Cf. Escolar (1993-1996), suivie d’une histoire synthétique du livre espagnol (1998). D’autres histoires sectorielles ou chronologiquement limitées du livre, de l’édition ou de la lecture ont ensuite été produites, comme celle sur «lire et écrire» (Escolano Benito, 1992), le livre scolaire (Escolano Benito, 1997-1998) ou sur l’édition contemporaine (Martínez Martín, 2001).
[4] Le sommaire en est reproduit en appendice.
[5] 862 pages 19 x 25 cm, sur deux colonnes, à comparer aux 2 434 pages de l’Histoire de l’édition française , aux 813 pages concacrées dans l ’History of Book Publishing in the United States de John Tebbel à la seule période 1865-1919, ou encore aux 9 volumes de The Cambridge History of the Book in Britain et aux 3 volumes de l’History of the Book in Australia , mais aussi au fort volume consacré à la Storia dell’editora nell’Italia contemporanea (Turi, 1997), à la seule édition romande entre 1850 et 1920 (Vallotton, 2001) ou à l’histoire de l’édition littéraire au Québec entre 1900 et 1939 (Michon, 1999) , pour prendre quelques références.
[6] A la dimension «nationale» de l’espace traité correspond, par exemple, le choix d’illustrations espagnoles et non étrangères (sauf une ou deux exceptions), mais aussi la place faite aux productions dans d’autres langues que le castillan et l’évaluation de tout ce qui, à partir des années 1830, répond aux besoins d’invention d’une nation. On pourra observer, en revanche, que l’usage du «nous» inclusif et implicite est généralement exclu et que la référence à des dépendances, davantage liées ici à la circulation des textes et des images qu’aux technologies, n’est évidemment pas éludée.
[7] «Preliminar. Una historia de la edición española», pp. 13-20.
[8] P. 18.
[9] Ces illustrations, à valeur informative plus que simplement illustrative (cf. les légendes), présentées sous forme de trois «appendices photographiques» en couleur, ont permis, le cas échéant, de palier certaines lacunes dans les textes, mais doivent aussi permettre la perception de l’importance, dans le monde de l’imprimé et de la lecture, des éléments iconiques, des interventions manuscrites de lecteurs, des changements intervenus dans l’être physique de l’imprimé (avec, par exemple, l’apparition de la couleur dans les illustrations ou l’impression), en même temps que la représentation de situations de lecture.
[10] Roger Chartier est d’ailleurs un des collaborateurs de la Première partie (cf. «El concepto de lector moderno», pp. 142-150).
[11] Après discussion, la période 1808-1833 a, par exemple, été rattachée à la Troisième partie. Quant à la commande passée aux collaborateurs pour chaque chapitre, elle portait sur «10 pages DIN-A4 de 35 lignes accompagnées de deux illustrations et deux documents et de 20 à 30 notes».
[12] On pourra ainsi remarquer, par exemple, que l’intérêt manifesté dans la première partie pour la question des langues ou les formes éditoriales n’est plus aussi soutenu par la suite, que l’importance accordée aux marchés extérieurs (dont les colonies) ou aux différentes façons de lire n’est pas égale, ou encore que la vision des XVII e et XVIII e siècles accorde davantage de place aux idées. En revanche, sans que cela se traduite par une insistance explicite, on pourra percevoir, au fil des pages, toute la place qu’a tenu en Espagne l’Eglise catholique dans le domaine de l’imprimé et de la lecture.
[13] S’il n’y a pas de statistiques dans la première partie, la deuxième leur accorde une certaine importance, qu’on retrouve sous forme de quelques tableaux dans la troisième.
[14] Au total, moins d’un tiers des chapitres est consacré à l’ensemble de ces questions et de l’extérieur on pourra ainsi être surpris de la faible place accordée à des thèmes traditionnels comme l’Inquisition ou les inventaires de bibliothèques, ainsi qu’à la lecture publique.
[15] Traduits en français les titres de différents chapitre en témoignent: «La lecture pour la formation et le didactisme», «La lecture littéraire, de loisir et d’information», «La lecture scientifique, technique et humaniste», «La littérature spirituelle et d’édification», «La lecture graphique», «Textes scolaires et didactiques», «Pour tous: livrets de colportage et livres d’assortiment», «Œuvres petites et grandes de dévotion», «Livres pour l’apprentissage des langues étrangères», «Le livre et l’édification», «L’édition scolaire sous la Restauration», «Lectures instructives et utiles», «Les lectures pour enfants», etc.
[16] Après des références aux imprimés d’information dans la Première partie, deux chapitres lui sont consacrés dans la Deuxième et trois dans la Troisième.
[17] Cf. «Las lecturas femininas» (pp. 159-170), «Nuevas propuestas a un público femenino» (pp. 481-491) et «La mujer lectora» (pp. 745-753).
[18] Une histoire de l’imprimé en Espagne ne peut évidemment pas restreindre son champ à l’Espagne péninsulaire, mais doit résolument prendre en compte, y compris après les années 1820, l’existence d’un important marché de lecteurs hispanophones en Amérique latine.
[19] Cf. Botrel 1993, 1998.
[20] Le tout récent ouvrage de Manuel Llanas (2004) permettra de corriger ce défaut.
[21] Cf. la note 4, p. 766.
[22] Cf. Castillo Gómez, 2001.
[23] C’est ce que remarque Craig Kallendorf (2005) dans le review essay qu’il consacre au livre.
[24] Cf. Rioux, Sirinelli, 1997, 16.
[25] Cf. Cordón García, 2005.
[26] La création en 2000, à Salamanque, de l’Instituto de Historia del Libro y de la Lectura devrait permettre de favoriser ces entreprises.
[27] Dans ces pays, la recherche –plus récente- n’a pas privilégié le traitement quantitatif ni la période coloniale et a inscrit son approche de l’histoire du livre, de l’édition et de la lecture dans une perspective beaucoup plus culturelle, en faisant une meilleure part aux gens du livre ( cf. Seminario (1988), Suárez de la Torre (2001, 2003), Abreu (1999), Bragança (1999, 2002, 2004). Au Brésil, se publie également une collection consacrée à la mémoire éditoriale, la «Coleção Memória Editorial» (apud Bragança, 2002, 57) et, au Mexique, a été réédité, en facsimilé, le beau catalogue publié en 1871 par l’imprimeur-éditeur Ignacio Cumplido (Pérez Salas, 2001).